Iran : accusation d’espionnage levée contre la chercheuse Fariba Adelkhah
La chercheuse, spécialise du chiisme au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris, reste néanmoins poursuivie pour deux autres chefs d'accusation
Les autorités judiciaires iraniennes ont levé l’accusation d’espionnage visant Fariba Adelkhah, a annoncé mardi à l’AFP l’avocat de cette anthropologue franco-iranienne détenue en Iran depuis juin.
« L’accusation d’espionnage a été levée », a déclaré Saïd Dehghan à l’AFP, se réjouissant de l’abandon de ce chef d’accusation pouvant être passible, dans certains cas, de la peine de mort.
Selon Me Dehghan, le ministère public a abandonné ses poursuites contre Mme Adelkhah pour « atteinte à l’ordre public ».
La chercheuse, spécialise du chiisme au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris, reste néanmoins poursuivie pour deux autres chefs d’accusation, a indiqué Me Dehghan : « propagande contre le système » politique de la République islamique, et « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale ».
La première accusation est passible de trois mois à un an d’emprisonnement, la seconde, de deux à cinq ans.
Fariba Adelkhah et son collègue Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l’Afrique, lui aussi au CERI, ont été arrêtés en juin. Paris ne cesse de réclamer leur libération.
Face à ces demandes répétées, Téhéran dénonce régulièrement ce qu’il présente comme une ingérence dans ses affaires intérieures.
L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité. Les arrestations d’étrangers en Iran, notamment binationaux, accusés souvent d’espionnage, se sont multipliées depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de dures sanctions américaines contre Téhéran.
M. Marchal est poursuivi lui aussi pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale ».
Me Dehghan s’attend à ce que les actes d’accusations définitifs des deux chercheurs soient transmis dans les jours qui viennent par le parquet au tribunal révolutionnaire de Téhéran.
Sur Twitter, le Comité de soutien à Fariba Adelkhah et Roland Marchal a salué l’abandon du chef d’accusation d’espionnage contre la chercheuse.
« Excellente nouvelle. Néanmoins, Fariba Adelkhah et Roland Marchal sont toujours détenus. L’Iran doit abandonner tous les chefs d’accusation » contre eux, écrit le Comité.
Selon le CERI, Mme Adelkhah et une universitaire australienne, Kylie Moore-Gilbert, détenue avec elle à la prison d’Evin à Téhéran, ont entamé une grève de la faim illimitée le 24 décembre.
Me Dehghan a indiqué mardi à l’AFP que Mme Adelkhah poursuivait cette grève de la faim.