Israël interdit les exportations des produits agricoles de l’AP
Le ministre de l'Agriculture palestinien Riad Attari a affirmé qu'il s'agit d'une décision "très dangereuse" des Israéliens qui "affectera" les agriculteurs palestiniens

Israël a annoncé dimanche interdire aux agriculteurs palestiniens l’exportation de leurs produits, dans le cadre d’une guerre commerciale entre les deux parties qui s’est intensifiée dans la foulée de l’annonce du plan américain de règlement du conflit israélo-palestinien.
« A partir d’aujourd’hui … l’exportation à l’étranger de produits agricoles palestiniens via le passage d’Allenby ne sera pas autorisée », a indiqué dans un communiqué le COGAT, l’unité du ministère israélien de la Défense assurant la liaison avec les Palestiniens.
Contrôlé par Israël, le point de passage d’Allenby relie la Cisjordanie à la Jordanie voisine, d’où les produits pouvaient ensuite être acheminés vers le reste du monde.
Israël avait déjà bloqué, jeudi et vendredi, des camions palestiniens transportant des produits agricoles destinés à l’export aux portes de la Jordanie, a fait savoir le ministère de l’Economie nationale de l’Autorité palestinienne.
« Les autorités de l’occupation ont renvoyé des check-points militaires des camions palestiniens chargés de produits agricoles destinés à l’exportation dans plusieurs pays », avait expliqué le ministère, selon des informations parues dans de multiples médias palestiniens.
Il avait ajouté que les camions avaient été bloqués ces derniers jours, ajoutant que l’Autorité palestinienne (AP) avait informé du problème les exportateurs.
Un officiel du COGAT au sein du ministère de la Défense avait confirmé à Haaretz que l’Etat juif avait décidé d’empêcher la sortie des exportations agricoles palestiniennes vers la Jordanie.
Au début du mois, le ministre de la Défense Naftali Bennett avait ordonné aux autorités israéliennes d’interdire l’entrée des produits palestiniens dans un contexte de bataille en cours sur les importations agricoles.

Les Palestiniens, pour leur part, avaient annoncé jeudi qu’ils avaient commencé à interdire l’entrée de certains produits israéliens sur leur marché.
Jeudi également, le ministre de l’Agriculture palestinien Riyad Al-Atari avait fait savoir que l’AP cherchait à remplacer les produits israéliens manquant sur les étals par des produits jordaniens.
Le bureau de Bennett avait expliqué, la semaine dernière, avoir donné comme instruction au COGAT d’interdire l’entrée des fruits et légumes palestiniens en Israël en réponse au boycott, par l’AP, de la viande issue du bétail élevé au sein de l’Etat juif.
A l’origine du conflit, une initiative prise par les Palestiniens au mois d’octobre de boycotter les viandes issues des bovins et du mouton en provenance d’Israël, l’Autorité palestinienne déplorant de se trouver contrainte par Israël à faire ses achats auprès des éleveurs de bétail israéliens et limitant l’accès à des produits moins chers venus de l’étranger.
Ce boycott avait entraîné de lourdes pertes chez les agriculteurs israéliens et les éleveurs locaux avaient demandé au gouvernement de mettre un terme à cette crise.

Au mois de décembre, l’AP avait stoppé son embargo sur le bétail israélien après la permission octroyée par l’Etat juif aux Palestiniens d’importer des viandes de l’étranger en établissant un établissement spécial de quarantaine et d’exporter des oeufs sur le marché israélien. Mais, un mois plus tard, l’AP avait changé d’avis, interdisant à nouveau les importations de bétail en clamant que Jérusalem ne respectait pas les termes de l’accord.
Les Palestiniens importent approximativement entre 700 et 800 millions de shekels en fruits et légumes chaque année, selon l’ancien ministre de l’Agriculture de l’AP, Walid Assaf.
Pour leur part, les exportateurs palestiniens envoient chaque année des produits à hauteur de 200 millions de shekels en Israël, a dit Abbas Melhem, directeur du syndicat palestinien des agriculteurs.
Il a précisé que les principaux produits palestiniens entrant sur le marché de l’Etat juif sont les tomates, les pommes de terre, les haricots, les concombres, les poivrons, les oignons et les courgettes.
Le COGAT a souligné dimanche que sa décision de bloquer les exportations de Cisjordanie prendrait fin « dès que l’Autorité palestinienne aura cessé de nuire au commerce du bétail et au libre marché ».
Le ministre de l’Agriculture palestinien Riad Attari a affirmé à l’AFP qu’il s’agit d’une décision « très dangereuse » des Israéliens qui « affectera » les agriculteurs palestiniens.
Lors d’une querelle similaire survenue à la fin de l’année 2018, les autorités palestiniennes et israéliennes avaient temporairement banni certains produits cultivés par l’autre partie sur leurs marchés respectifs.