Israël nie l’existence d’un formulaire intrusif destiné aux touristes
D'après les autorités aéroportuaires, le document qui interroge les voyageurs sur leurs déplacements prévus en Israël n'est pas obligatoire et vise à faciliter leur retour
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Les autorités israéliennes ont réfuté, mercredi, des accusations d’invasion de la vie privée des touristes par le remplissage d’un formulaire comprenant des questions sur leurs centres d’intérêt et leurs connaissances dans le pays.
Un article du quotidien Yedioth Ahronoth paru mercredi décrivait le questionnaire comme relevant d’une extension des procédures de contrôle aéroportuaire qui ont soulevé des inquiétudes ces derniers mois.
D’après l’article, certains craignaient que le questionnaire, destiné aux touristes quittant le territoire, ne serve à constituer une base de données d’informations personnelles de touristes et d’autres.
Mais les autorités aéroportuaires israéliennes (IAA) ont souligné que le formulaire était utilisé depuis 10 ans, qu’il n’était pas obligatoire et qu’il était destiné à rationaliser les mesures de sécurité de l’aéroport pour ceux arrivant en Israël dans le cadre d’un voyage organisé par certaines associations.
« Nous ne voulons pas savoir quelle est leur pointure ou avec qui ils ont couché, » a expliqué le porte-parole de l’Autorité aéroportuaire israélienne, Ofer Lefler, au Times of Israel.
En réalité, les associations disposant d’un agent de sécurité titulaire peuvent transmettre les informations de leurs voyageurs à l’IAA en amont de leur vol retour. L’autorité leur transmet ensuite un formulaire à remplir par l’agent de sécurité et le voyageur. Au moment de l’enregistrement pour le vol retour, ce dernier peut remettre le formulaire au personnel de sécurité et éviter les questions parfois très intrusives des équipes de sécurité.
L’objectif est de faciliter les procédures de sécurité au moment du retour, précise Lefler, ajoutant qu’il s’agit d’une démarche volontaire et non obligatoire.
Plutôt que de répondre à la liste de questions classique couvrant les déplacements et activités du passager lors de sa visite dans le pays — qui visent à détecter toute interaction qui pourrait volontairement ou involontairement ouvrir la brèche à des attentats terroristes — ceux qui remplissent ce questionnaire à l’avance n’ont à répondre qu’aux questions : « Qui a préparé vos bagages ? » et « Vous a-t-on remis quelque chose à transporter dans l’avion ? »
Parmi les questions présentes dans le formulaire, on trouve : « dates/activités/programme/réunions prévus pendant votre temps libre, y compris les week-ends » qui ne « font pas partie de la conférence. »
D’après une copie du document publié par Yedioth, on y trouve également des demandes de renseignements sur « un ou deux membres de la famille, des amis ou des contacts professionnels/universitaires/ministériels/ consulaires que vous pourriez avoir en Israël », ainsi que leurs numéros de téléphone.
À la suite de l’article, la député Michal Rozin (Meretz) a dénoncé le document, le qualifiant d’atteinte à la vie privée et annoncé qu’elle allait en demander le retrait aux autorités aéroportuaires.
« On atteint un nouveau sommet dans l’invasion anti-démocratique », aurait-elle déclaré d’après Hadashot. « Cette nouvelle procédure demandant aux touristes de préciser ce qu’ils comptent faire en Israël pendant leur séjour et qui ils prévoient de rencontrer est une mesure digne de la Corée du Nord, pas d’Israël »
Différents services sont chargés de protéger l’entrée et la sortie du territoire. Ainsi, la Direction de la population, de l’immigration et des frontières est responsable du contrôle des arrivées, alors que les départs sont supervisés par l’IAA.
Lefler a également réfuté l’affirmation selon laquelle le Shin Bet n’a pas connaissance de l’existence de ce formulaire.
« Il est réalisé en totale coordination avec les services de sécurité [du Shin Bet], » a-t-il affirmé. « Et bien sûr, nous ne transmettons pas les informations récoltées »
Les mesures de sécurité en vigueur à l’aéroport Ben Gurion ont déjà été remises en question par le passé, notamment accusées de servir à l’intimidation de visiteurs en raison de leurs opinions politiques.
Plusieurs cas connus de critiques d’Israël juifs et non-juifs et d’autres ayant été détenus et interrogés à l’aéroport pour leurs opinions ont été condamnés. Le pays a notamment été accusé de blacklister les Juifs américains libéraux.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.