Israël repousse temporairement le projet de l’Iran depuis Gaza
Les missiles exposés dans le port d’Eilat auraient permis à l’Iran d’atteindre Haïfa. Les prochaines cargaisons pourraient être encore plus dévastatrices
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
La cargaison d’armes iraniennes, interceptée en haute mer par la marine israélienne près du Soudan, mercredi dernier, et soigneusement exposée au port d’Eilat lundi, n’aurait pas changé radicalement l’équilibre des forces entre Israël et Gaza, si elle était parvenue à destination.
Mais elle aurait quand même changé la donne.
Les destinataires des 40 missiles M-302 et du reste de l’armement découvert à bord du Klos-C n’étaient pas les dirigeants islamistes de Gaza, dont les relations avec l’Iran n’ont eu de cesse de se détériorer, mais leurs rivaux du Jihad islamique, une organisation entièrement dévouée à l’Iran, qui finance et entraîne ses membres.
Si la cargaison était arrivée à bon port, le Jihad islamique aurait pris possession d’armes plus sophistiquées que les dizaines de roquettes déjà capables d’atteindre Tel Aviv et Jérusalem, dont la plupart sont fabriquées à Gaza et que le Hamas stocke pour un inévitable futur conflit.
Les armes auraient renforcé le prestige du Jihad islamique à Gaza et l’auraient, sans aucun doute, enhardi dans sa rivalité avec le Hamas. De manière bien plus significative, elles auraient donné aux Iraniens une commande automatique pour faire des ravages dans tout Israël au moment de leur choix.
Avec leurs ogives d’une charge hautement destructrice de 150 kilogrammes, les missiles M-302 trouvés à bord du Klos-C auraient pu aller au-delà de Tel Aviv et même atteindre Haïfa, estiment les spécialistes.
Tandis que le Hamas, qui a pris le pouvoir par la force en 2007 à Gaza, doit peser minutieusement tout risque d’escalade avec Israël, le Jihad n’a pas de telles préoccupations. Si l’Iran donnait l’ordre de faire tirer sur Israël les missiles qu’elle lui fournit, le Jihad n’hésiterait pas une seconde.
Près de la frontière nord d’Israël, le Hezbollah – de loin l’organisation terroriste la mieux armée au monde – possède des dizaines de milliers de roquettes capables d’atteindre Israël en tout point.
Le groupe a ses considérations propres quant au fait d’entraîner le Liban dans un nouveau conflit, mais il reste loyal au régime de Téhéran qui l’a créé.
La cargaison du Klos-C aurait ainsi donné à l’Iran la capacité de frapper Israël avec des roquettes tirées simultanément du nord et du sud, au moment jugé opportun.
La semaine dernière à Washington, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a plaidé contre la volonté de Barack Obama d’autoriser Téhéran à poursuivre son programme d’enrichissement d’uranium.
Il a exigé le démantèlement complet des installations nucléaires sauvages de l’Iran. Autrement, a prévenu Netanyahu, l’Iran deviendra inexorablement un État en capacité nucléaire, rapidement en mesure de faire exploser la bombe, profitant du moindre moment d’inattention de la communauté internationale.
L’utilisation de groupes terroristes locaux – le Hezbollah au nord et/ou le Jihad islamique au sud – est seulement un des moyens qu’a l’Iran pour distraire cette attention et causer des dommages massifs à Israël.
L’identification, le traçage et, au final, l’interception de la cargaison du Klos-C est un exemple impressionnant des capacités d’Israël à collecter des renseignements et à intervenir rapidement.
Si Netanyahu et ses collègues ont détaillé la mission, précisé le potentiel des armes saisies et pointé du doigt l’Iran, lundi après-midi, de nombreuses questions restent en suspens.
D’abord, certains membres de la communauté internationale pourraient rester obstinément réticents à croire que ces Iraniens, désormais si charmants, puissent être responsable d’une telle expédition.
Ces mêmes pays pourraient continuer à fermer les yeux sur les dangers plus larges que pose le régime de Téhéran.
Sur un plan pratique, demeure la crainte qu’il ne s’agisse pas de la première cargaison à emprunter le chemin tortueux vers Gaza. Il est fort probable que ce ne soit pas non plus la dernière.