Israël salue le renouvellement du mandat des Casques bleus au Liban
Le Conseil de sécurité a approuvé à l'unanimité le plan de la mission ; Pour l'Italie, il ne s'agit pas d'un changement de prérogatives de la FINUL
Israël a salué vendredi les changements apportés au mandat des forces de maintien de la paix des Nations unies (Casques bleus) qui interviennent au Liban, affirmant que ces modifications aideront à endiguer le pouvoir et l’influence du Hezbollah dans la région sud.
Depuis 2006 et la fin d’une guerre entre Israël et le Hezbollah, les Casques bleus sont garants d’un cessez-le-feu et d’un retrait israélien d’une zone-tampon à la frontière israélo-libanaise. Ils doivent assurer la sécurité et aider le gouvernement libanais à asseoir son autorité dans la région.
L’opération de longue haleine menée par les forces de maintien de la paix de l’ONU au Liban – connues sous le nom de FINUL – a été prolongée mercredi et dotée de nouvelles directives, notamment la multiplication de patrouilles avec les forces libanaises.
Les soldats de l’organisation internationale devront également signaler lorsqu’ils se heurtent à des barrages routiers dans les bastions du Hezbollah, situés dans le sud du pays.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé à l’unanimité le plan de la mission, en la prolongeant d’une année supplémentaire après d’intenses négociations sur la demande – provenant de la part des Etats-Unis et d’Israël – d’en faire davantage afin d’empêcher l’acquisition d’armes illégales par le Hezbollah.
Les Etats-Unis et Israël ont souhaité un mandat plus solide pour la FINUL. Le but ? Qu’elle puisse s’attaquer à ce que les deux pays considèrent comme une accumulation flagrante et non-autorisée d’armements par le groupe terroriste qui est soutenu par l’Iran dans le sud du Liban.
Les deux pays ont classé le Hezbollah dans la catégorie des groupes terroristes.
D’autres nations, notamment le Liban, ne souhaitaient pas de changements majeurs dans les prérogatives de cette force de maintien de la paix, qui, selon beaucoup, aurait joué un rôle important dans la décennie de calme relatif connu dans la région.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a remercié l’administration du président américain Donald Trump pour son « leadership » dans l’adoption de ses changements et a exprimé sa gratitude à l’envoyée américaine aux Nations unies, Nikki Haley, pour sa « détermination et son engagement dans la lutte contre le terrorisme et pour améliorer la situation au Liban, ainsi que pour son amitié envers Israël ».
Haley avait expliqué mercredi après le vote que « le statu-quo pour la FINUL était inacceptable, et nous ne l’avons pas accepté ». Haley, qui s’est fait une priorité de contrôler l’efficacité et les frais entraînés par les missions de maintien de la paix, a déclaré que les changements survenus « aideront à s’assurer que la FINUL bénéficie du pouvoir et de la volonté de faire son travail. »
Par exemple, a-t-elle dit, le Hezbollah empêche parfois les forces de l’ONU d’entrer dans certaines zones. Dorénavant, la FINUL devra émettre des rapports « rapides et détaillés » sur les endroits où ses troupes ont été stoppées et les raisons ayant motivé cette interdiction.
Avec une force de 10 500 membres actuellement et un budget de 489 millions de dollars, la FINUL a été créée à l’origine pour superviser le retrait des troupes israéliennes après une invasion en 1978. La mission s’est ensuite étendue après la guerre survenue en 2006 entre Israël et le Hezbollah de manière à ce que les Casques bleus puissent se déployer le long de la frontière entre l’Etat juif et le Liban pour aider les soldats libanais à étendre leur autorité dans le sud du pays pour la première fois depuis des décennies.
Mais cette année, l’exercice annuel de renouvellement de la FINUL s’est avéré particulièrement stressant.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait part de ses critiques personnelles – et en public – de la mission aux côtés du secrétaire-général des Nations unies Antonio Guterres lors d’une conférence de presse conjointe qui a eu lieu lundi, et Haley et le commandant de la FINUL se sont ouvertement affrontés la semaine dernière.
Le commandant, le général de division Michael Beary, a déclaré à l’Associated Press qu’il n’y avait pas de preuve de trafic d’armes et d’accumulation tels que les Etats-Unis et Israël le prétendent dans les bastions du Hezbollah dans le sud du pays.
Haley a indiqué que les propos de Beary illustraient son aveuglement devant « un afflux massif d’armes illégales ».
Le Liban, qui dément que le Hezbollah puisse dissimuler des armes dans le sud, a appelé mardi à ce que le mandat de la FINUL ne soit pas changé. Sa mission à l’ONU n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires soumise après le vote. Ni le Liban ni Israël ne font partie du Conseil de Sécurité qui compte 15 membres.
Le texte de cette résolution avait fait l’objet d’intenses tractations au mois d’août entre, d’une part, les Etats-Unis, favorables à un renforcement du mandat des soldats des Nations Unies au Liban (Finul), et d’autre part, la France et l’Italie qui y étaient opposées.
Les membres du Conseil voulaient largement conserver telle quelle la FINUL, a déclaré la vice-ambassadrice française Anne Gueguen, dont le pays avait la charge de rédiger la proposition de renouvellement. La France ne voulait pas remettre en question « l’équilibre délicat » au sud du Liban, a expliqué Gueguen.
« La FINUL, bien sûr, peut faire mieux et peut faire plus mais personne au sein de ce conseil ne peut imaginer, pendant une seconde, que l’environnement stable qui prédomine dorénavant là-bas aurait existé sans la FINUL », a-t-elle dit.
L’ambassadeur italien Sebastiano Cardi, dont le pays figure parmi les plus importants contributeurs en termes de troupes de la FINUL, a déclaré qu’il était important de ne pas brouiller les lignes entre les devoirs des Casques bleus et ceux des forces libanaises.
« Promouvoir la confusion à cet égard sape la mission de la FINUL et dépouille les autorités libanaises de leurs propres prérogatives en termes de souveraineté », a estimé Cardi. Il a ajouté que sa nation s’inquiétait des changements mais qu’elle les acceptait au nom de l’unité du Conseil de sécurité.
Un paragraphe dans le texte adopté prévoit de demander au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « d’étudier les moyens de renforcer les efforts de la Finul (…) dans son mandat et ses capacités actuels ».
Ce passage « ne modifie pas le mandat de la Finul », a fait valoir l’ambassadeur italien à l’ONU, Sebastiano Cardi.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a lui estimé dans un communiqué vendredi que « l’importance de la résolution résidait dans son appel à ce que la Finul agisse de manière significative et ciblée afin d’empêcher le Hezbollah de renforcer son arsenal militaire dans le sud du Liban ».
« La résolution reflète la reconnaissance par le Conseil de sécurité qu’un changement est nécessaire et que la Finul doit recevoir les outils et le soutien nécessaires pour mettre complètement en vigueur son mandat », ajoute le ministère.
Un responsable israélien, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, a expliqué à l’AFP qu’Israël s’était contenté du renouvellement du mandat de la Finul, sans renforcement de ce dernier « suite à des contacts diplomatiques au Conseil de sécurité et avec le secrétaire général des Nations Unies ». « Nous estimons que le mandat sera appliqué de manière plus active et plus vigoureuse », a-t-il ajouté.
Le secrétaire-général a souligné que sous le mandat de la FINUL, il relève en premier lieu de la responsabilité des militaires libanais de garantir que des armes non-autorisées ne se trouvent pas dans les régions du sud du pays.
L’AFP a contribué à cet article.