Israël veut retirer citoyenneté et droit de résidence aux aspirants combattants de l’EI
Pour Deri, cette décision sans précédent est “un message de dissuasion à quiconque pense rejoindre une organisation terroriste”
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri a entrepris dimanche des actions pour retirer le citoyenneté israélienne ou le statut de résident à deux habitants de Jérusalem Est en raison de leur implication avec le groupe terroriste Etat islamique (EI).
Deri a demandé au procureur général Avichai Mandelblit de révoquer la citoyenneté de Luqman Atun, 24 ans, qui habite dans le quartier Tsur Baher de Jérusalem Est. Atun était allé en Turquie en octobre 2014, mais n’avait pas eu assez d’argent pour être emmené jusqu’à la frontière syrienne.
Le ministre de l’Intérieur a également demandé que le statut de résident permanent à Jérusalem Est de Khalil Adel Khalil, 26 ans, soit révoqué. Khalil a été condamné en décembre 2015 pour avoir tenté de rejoindre l’EI et avoir cherché à combattre pour le groupe en Syrie.
La résidence permanente est le statut de la plupart des environ 300 000 arabes de Jérusalem Est, qui ne sont pas citoyens israéliens, mais peuvent demander la nationalité s’ils le souhaitent.

Le site d’informations israélien Ynet a annoncé que la demande de Deri était l’action la plus avancée jusqu’à présent pour retirer leur nationalité ou leur droit de résidence à des Arabes en Israël pour une connexion avec l’EI.
De précédents ministres de l’Intérieur avaient appelé à des mesures similaires contre des recrues israéliennes de l’EI, mais aucune action n’avait jamais été entreprise.
Dans sa lettre au procureur général, Deri a écrit qu’ « il n’y a pas besoin d’élaborer sur l’importance de la nationalité israélienne, qui comprend un devoir entre le citoyen et son pays, et entre l’Etat et ses citoyens. »
« Contre le contexte de hausse du terrorisme mondial, nous devons combattre avec toute notre puissance le phénomène de ceux qui choisissent de rejoindre des organisations terroristes, continuait la lettre. La révocation de nationalité de ceux-ci porte un vrai message de dissuasion à quiconque considère rejoindre une organisation terroriste. »
Dans l’une des premières actions de son second passage au ministère de l’Intérieur, Deri avait publié un mémorandum en janvier soulignant un amendement de la loi non encore votée sur la nationalité, qui lui aurait donné l’autorité de révoquer la nationalité des citoyens israéliens qui rejoignent l’Etat islamique.

En novembre 2015, après l’inculpation d’un groupe de sept habitants de la vielle arabe israélienne de Jaljulia, dans le nord du pays, pour complot pour se rendre en Syrie et combattre pour l’EI, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait appelé à la révocation de leur nationalité.
« Quiconque rejoint l’Etat islamique ne sera plus un citoyen israélien, et s’il quitte les frontières du pays, il ne reviendra pas », avait déclaré Netanyahu, qui avait noté que le concept de révocation de nationalité pour ceux qui rejoignent l’EI était de plus en plus accepté dans la communauté internationale.
Selon des estimations de janvier, entre 100 et 150 citoyens israéliens se seraient rendus à l’étranger pour combattre pour l’EI.