Italie : le pape a défroqué « Don Mercedes », un prêtre pédophile
Mauro Inzoli a expliqué à une victime, en se fondant sur l'Ancien Testament, que le viol était un signe d'affection entre père et fils
Le pape François a définitivement réduit à l’état laïc Don Mauro Inzoli, un prêtre italien condamné pour pédophilie et surnommé « don Mercedes » par la presse italienne pour son goût du luxe, a annoncé mercredi son diocèse.
Mauro Inzoli, 67 ans, a été défroqué en 2012 après une première mise en accusation pour pédophilie, mais cette décision avait été renversée en 2014, lorsque le pape François lui a ordonné de rester loin des mineurs et de se retirer dans « une vie de prière et d’humble discrétion ».
Le précédent pape, Benoît XVI, avait déjà réduit Mauro Inzoli à l’état laïc. Mais à la suite d’une plainte que ce dernier avait déposée, l’actuel pape François avait réduit sa peine, le condamnant pour toujours à mener « une vie de prière et d’humble discrétion comme signes de reconversion et de pénitence » sans le défroquer.
Le pape François, qui a été élu en 2013 et s’est engagé à adopter la « tolérance zéro » face aux abus sexuels des clercs, a été critiqué pour avoir renversé la décision de son prédécesseur, le pape Benoît XVI, de défroquer Inzoli.

Les procureurs avaient également critiqué le Vatican en 2015 pour avoir refusé de remettre les résultats d’une enquête interne sur le prêtre.
Mercredi, le diocèse de Crema dans le nord de l’Italie a déclaré que le pape François avait « définitivement décidé » le 20 mai qu’Inzoli – condamné à près de cinq ans de prison l’an dernier pour abus sexuel – serait dépouillé de son statut de clerc.
« J’ai reçu ces derniers jours de la part de la Congrégation pour la doctrine de la foi une information concernant la décision prise par le pape François de manière définitive de démettre don Mauro Inzoli de l’état clérical », a indiqué l’évêque Daniel sur le site du diocèse de Crema, dans le nord de l’Italie, non loin de Milan.
Le prêtre, baptisé « Don Mercedes » par la presse pour son penchant pour les voitures de luxe, a été reconnu coupable par un tribunal de Crémone de huit chefs d’abus sexuels sur des enfants âgés de 12 à 16 ans entre 2004 et 2008.
Don Inzoli a été pendant 30 ans le chef du mouvement catholique Communion et Libération (CL) dans la ville de Crémone, dans le nord du pays.
La décision du tribunal de Cremona a révélé qu’Inzoli avait sexuellement agressé des adolescents pendant les confessions, pendant qu’ils étaient partis ensemble à des camps d’été et d’hiver, et même à l’hôpital, a précisé le journal La Repubblica.
Une victime a déclaré à la cour que le prêtre « faisait référence à une sorte de ‘baptême des testicules’ qu’il a décrit comme un rituel juif que l’on trouve dans l’Ancien Testament comme étant un signe d’affection entre père et fils », a-t-il déclaré.
Il n’y a pas de tel rituel dans l’Ancien Testament ou dans le judaïsme.
Inzoli, l’ex-confesseur de sénateurs, qui avaient également un goût prononcé pour les cigares et les restaurants haut de gamme, a accepté de payer 125 000 euros de compensation aux familles des victimes en mai de l’année dernière.
La juge Letizia Plate a déclaré que le traumatisme psychologique subi par les enfants a été aggravé par le fait que certaines familles ont refusé de croire les histoires d’abus commis par Inzoli, connu pour ses capacités à charmer les personnes.
Il a été condamné par la justice italienne en juin 2016 à 4 ans et 9 mois pour abus sexuels sur cinq jeunes de 12 à 16 ans.
Le parquet avait demandé six ans de prison mais comme le prêtre avait dédommagé de 125 000 euros chacune de ses victimes et avait choisi une procédure judiciaire abrégée qui prévoit une réduction de la peine, il a écopé au bout du compte de moins de cinq ans de prison.
La décision du pape François est désormais définitive, Mauro Inzoli n’est plus prêtre, mais il n’a pas été excommunié, a tenu à rappeler l’évêque Daniel.
Le pape François a comparé les abus sexuels commis par des prêtres à une participation à une « Messe satanique » mais il a également été accusé d’être trop accommodant avec les pédophiles, en leur accordant une politique générale de miséricorde qu’il promeut au sein de l’Église catholique romaine.
Il a également été accusé de promouvoir les évêques qui ont été accusés de dissimuler des cas d’abus sexuel commis par des membres du clergé.
Un survivant d’un abus sexuel qui a démissionné de la commission consultative sur les abus sexuels en mars a déclaré que des éléments au sein du Vatican chargés de protéger les enfants résistaient au changement – au point même qu’ils semblaient défier les ordres du pape François.
Le défroquage est considéré comme la peine la plus sévère pour les prêtres au sein de l’Église et signifie que le délinquant n’est plus autorisé à exercer des tâches cléricales, même en privé.