J Street retire son soutien à Jamaal Bowman en raison de ses propos anti-israéliens
Le groupe de pression de gauche estime que le démocrate de New York, qui se représente aux élections, a "franchi les limites" avec "sa rhétorique et son approche" - notamment son accusation de génocide
WASHINGTON — J Street a retiré son soutien au représentant démocrate de New York Jamaal Bowman en évoquant « sa rhétorique et son approche » – un signal du changement des alliances conclues au sein de la gauche juive au lendemain du massacre du 7 octobre.
Bowman avait été l’un des premiers membres du Congrès à appeler avec force au cessez-le-feu suite à l’attaque meurtrière commise par le groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sol israélien et au début de la guerre qui avait suivi dans la bande de Gaza. Il a aussi déclaré que la campagne militaire israélienne en cours s’apparentait à « un génocide ».
J Street, qui critique la conduite de la guerre de la part d’Israël, n’a pas demandé de cessez-le-feu dans le cadre du conflit. Le groupe de pression libéral rejette également avec véhémence l’usage du mot « génocide » pour décrire la contre-attaque lancée par l’État juif dans le sillage du 7 octobre, et le groupe s’est opposé à la requête déposée par l’Afrique du sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice.
« Nous avons eu le plaisir de travailler avec Bowman, représentant au Congrès américain, pendant plus de quatre ans pour faire la promotion de valeurs et de principes partagés en vue de plus de justice, de plus d’égalité et de plus de paix », a indiqué un communiqué qui a été émis vendredi par J Street. « Les derniers mois ont toutefois mis en exergue des différences significatives entre nous, que ce soit dans la rhétorique ou dans l’approche ».
Une annonce qui survient alors que Bowman est en course pour les primaires de son district, qui comprend une partie du comté de Westchester et une partie du Bronx. Son adversaire George Latimer, président du comté de Westchester County executive, bénéficie du soutien du PAC dirigé par l’American Israel Public Affairs Committee, ou AIPAC.
Bowman est considéré comme la personnalité la plus vulnérable au sein de la « Squad », le groupe de démocrates progressistes très critique d’Israël et de sa conduite dans la guerre.
Le 7 octobre, environ 3 000 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière avec Gaza et ils avaient semé la désolation dans le sud d’Israël, tuant environ 1200 personnes, des civils en majorité. Les terroristes avaient aussi enlevé 253 personnes de tous les âges qui avaient été prises en otage à Gaza. La majorité d’entre elles se trouve encore en captivité.
Israël avait riposté en lançant une campagne militaire dont l’objectif est de détruire le Hamas, de l’écarter du pouvoir à Gaza et d’obtenir la remise en liberté des otages.
Latimer a pris la parole, samedi soir, au gala du Westchester Jewish Council où il a été reçu avec enthousiasme.
« Vous n’êtes pas seuls », a-t-il déclaré, un message qui a résonné chez les Juifs libéraux de New York qui, pour certains, se sont sentis écartés par les critiques d’Israël qui ont pu être émises par les progressistes.
L’équipe de campagne de Bowman n’a pas répondu à nos demandes de commentaires.
Cette annonce est également significative dans la mesure où J Street tente de s’imposer comme étant le porte-voix des démocrates mainstream sur la question d’Israël, en opposition avec les rivaux qui se trouvent à sa droite, notamment l’AIPAC et un autre PAC pro-israélien plus centriste, Democratic Majority for Israel.
Le groupe J Street, ainsi que d’autres démocrates juifs, s’est accommodé depuis des années des critiques dures d’Israël – des critiques qu’il a parfois soutenues – notamment de la part de Bowman. Dans son annonce faite vendredi, J Street a souligné que Bowman soutenait la solution à deux États, une question déterminante pour l’organisation. Mais depuis le 7 octobre, certains progressistes juifs ont ressenti un fort malaise face à la rhétorique employée par la gauche, notamment de la part de ceux qui ont minimisé le massacre du Hamas ou qui ont accusé Israël de génocide.
Dans un entretien accordé au Forward, qui a été le premier média à faire état de l’information, Jeremy Ben-Ami, le président du groupe de pression, a dit que la rhétorique employée par Bowman avait été trop loin.
« Quand la rhétorique, le cadre et l’approche vont trop loin, c’est là que nous allons imposer nos limites », a indiqué Ben-Ami. « Et nous avons le sentiment que Bowman a franchi les limites ici ».
Ben-Ami a cité l’usage du terme « génocide », que Bowman a employé à de multiples reprises depuis le début de la guerre, en affirmant qu’il avait été un point de rupture. « La rhétorique qui évolue autour du génocide, la singularisation d’Israël et parfois du peuple juif, cela arrive dans certains événements – et cela doit être dénoncé en temps réel », a-t-il ajouté.
La politique était, dans le passé, la seule ligne rouge de J Street. Avant cela, le groupe n’avait retiré son soutien qu’à une seule occasion, en 2019, quand la représentante démocrate du Michigan, Rashida Tlaib, avait établi clairement qu’elle accordait sa préférence à un seul État binational en lieu et place d’Israël.
Un autre groupe juif, le Jewish Vote, dont le siège est à New York et qui est affilié à l’organisation Jews for Racial and Economic Justice (JFREJ), a accordé son soutien à Bowman. JFREJ a appelé au cessez-le-feu et accusé Israël de génocide.
« Encore une mauvaise décision dans toute une série d’autres de la part de J-Street, ces derniers mois », a écrit le groupe sur X, anciennement Twitter.
Le ministère de la Santé placé sous l’autorité du Hamas, dans la bande de Gaza, a annoncé qu’au moins 26 637 personnes avaient été tuées dans la guerre en cours dans la bande de Gaza. 65 387 personnes auraient été blessées.
Un bilan qui ne peut pas être vérifié de manière indépendante et qui comprendrait les civils et les terroristes du Hamas tués dans la bande, notamment suite aux tirs de roquette manqués qui sont retombés dans l’enclave côtière. L’armée déclare avoir tué plus de 10 000 hommes armés à Gaza, en plus d’un millier, le 7 octobre, sur le sol israélien.