James Cleverly: Les manifestations en Iran montrent qu’un « autre chemin » est possible
Sur le nucléaire iranien, le chef de la diplomatie britannique a déclaré qu'une offre "pragmatique" visant à redonner vie à l'accord de 2015 était sur la table
Les manifestations déclenchées par la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs montrent qu' »un autre chemin » est possible pour l’Iran, a souligné mercredi le ministre britannique des Affaires étrangères dans un entretien avec l’AFP.
« Les dirigeants iraniens devraient remarquer que la population est mécontente avec la direction qu’ils ont prise. Ils peuvent prendre un autre chemin », a déclaré James Cleverly en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.
« Ils pourraient abandonner leur aspiration à obtenir des armes nucléaires. Ils pourraient arrêter de réprimer les voix au sein de leur propre pays. Ils pourraient arrêter leurs activités déstabilisatrices ».
« En fin de compte, les dirigeants iraniens doivent se regarder en face. Ils doivent se demander pourquoi autant d’Iraniens sont si mécontents, et si un autre chemin est possible. Un chemin avec une économie plus forte, et une participation plus active avec la communauté internationale », a-t-il ajouté.
Mahsa Amini, originaire de la région iranienne du Kurdistan (nord-ouest), a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » par la police des moeurs, une unité chargée de faire respecter l’obligation de se couvrir les cheveux et le corps jusqu’aux genoux.
Elle est décédée trois jours plus tard après être tombée dans le coma.
Depuis, les manifestations qui se succèdent à travers l’Iran ont fait plusieurs morts.
Concernant le dossier nucléaire iranien, le ministre britannique a regretté que les négociations pour redonner vie à l’accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique « ne progressent pas aussi vite que nous l’avions espéré ».
« C’est entre les mains des Iraniens. Une offre très raisonnable, pragmatique, est sur la table », a-t-il insisté.
Emmanuel Macron s’est entretenu mardi, en marge de l’assemblée générale des Nations unies à New York, avec le président iranien Ebrahim Raïssi sur le dossier du nucléaire et sur les droits des femmes après des manifestations en Iran.
« La balle est maintenant dans le camp de l’Iran », a réitéré le président français devant la presse après avoir fait le point avec son homologue des difficiles négociations sur une éventuelle relance de l’accord sur le nucléaire iranien.
Il a indiqué lui avoir présenté « le cadre clair » pour un accord « vérifiable par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui préserve la sécurité de la région, c’est-à-dire de tous les pays voisins », en particulier « les pays du Golfe et Israël ».
Les Européens attendent une réponse formelle de Téhéran aux dernières conditions proposées par les Européens pour redonner vie à l’accord nucléaire de 2015, dénoncé trois ans plus tard par le président américain Donald Trump.
M. Macron a indiqué que M. Raïssi lui avait « fait part de sa préoccupation » sur le dossier des « garanties », notamment pour que l’accord soit préservé quelle que soit l’administration au pouvoir aux Etats-Unis. Téhéran souhaite par ailleurs la clôture d’une enquête de l’AIEA concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés, qui pourraient être le signe que l’Iran a eu un programme visant à obtenir la bombe atomique.
Pour le président français, « l’AIEA doit faire son travail en toute indépendance » et « on ne peut pas jouer avec la confiance et la sécurité ».
Il a en outre indiqué avoir « insisté sur le respect des droits des femmes » alors que des manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes iraniennes après la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs.
C’est la première fois que M. Macron rencontrait M. Raïssi depuis l’élection du président iranien en août 2021.
Dans la matinée, il s’est également entretenu avec les Premiers ministres du Pakistan Shehbaz Sharif et du Royaume-Uni Liz Truss.
Après avoir dîné lundi soir en tête-à-tête avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, il doit aussi avoir une rencontre bilatérale avec son homologue américain Joe Biden mercredi.