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« Je me suis mise en mode survie » : Liri Albag revient sur son enlèvement le 7 octobre

Dans une interview, l'ex-otage décrit "la méchanceté et la haine dans les yeux" de ses geôliers du Hamas, qui, se souvient-elle, "voulaient nous massacrer, nous tuer une par une"

L'ancienne otage Liri Albag  interviewée sur la chaîne N12, le 5 mars 2025. (Crédit : Capture d'écran/La chaîne N12)
L'ancienne otage Liri Albag interviewée sur la chaîne N12, le 5 mars 2025. (Crédit : Capture d'écran/La chaîne N12)

L’ancienne otage Liri Albag a accordé sa première interview depuis sa libération en janvier.

Elle y raconte sa capture par des terroristes palestiniens du Hamas aux côtés d’autres soldates de surveillance, « l’enfer » de Gaza et le mal que lui ont fait ceux qui, en Israël, étaient prêts à la « sacrifier » en s’opposant à un accord.

« La vérité, c’est que le 7 octobre ressemble à un long cauchemar, et j’attendais que quelqu’un me réveille, que quelqu’un me dise que je rêvais. Mais cela ne s’est pas produit. Malheureusement, tout cela était bien réel », a-t-elle déclaré au micro de la chaîne N12, au cours d’une interview d’une heure, diffusée vendredi.

Albag, ainsi que Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Agam Berger, ont été enlevées à la base militaire Nahal Oz le 7 octobre 2023, et relâchées par le groupe terroriste le mois dernier dans le cadre de la première phase d’un accord de cessez-le-feu en cours.

Les terroristes du Hamas ont tué quinze autres soldates de surveillance lors de leur assaut sur la base et ont également pris deux autres otages – Ori Megidish, qui a été secourue et Noa Marciano, qui a été retrouvée morte après avoir été assassinée en captivité.

Albag avait terminé sa formation de soldate de surveillance deux jours seulement avant son enlèvement et venait d’arriver à la base de Nahal Oz. Elle a déclaré qu’on ne lui avait pas fourni d’arme et qu’elle n’avait aucun moyen de se défendre contre les terroristes qui arrivaient.

Les otages israéliennes Liri Albag, Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy saluant sur une scène avant que des terroristes du Hamas ne les remettent à une équipe de la Croix-Rouge, dans la ville de Gaza, le 25 janvier 2025. (Crédit : AFP)

« On voit le mal et la haine dans leurs yeux », a-t-elle dit à propos de ses geôliers du groupe terroriste palestinien du Hamas.

« J’étais sûre qu’au moment où nous serions ligotées, ils allaient nous massacrer, nous abattre une par une », a raconté Albag.

« Je me suis mise en mode survie. Je me suis dit : ‘OK, que puis-je faire pour m’en sortir vivante ?’ »

Elle a décrit Gaza comme « un véritable enfer » et a déclaré que ses geôliers l’avaient forcée, elle et les otages qui l’étaient avec elle, à regarder des vidéos du pogrom du 7 octobre, dont une vidéo tristement célèbre dans laquelle on voit les soldates de surveillance, dont Liri, peu après leur capture alors qu’ils se trouvaient encore dans leur base.

Une image montrant la capture et l’enlèvement de Liri Albag, Karina Ariev, Agam Berger, Daniela Gilboa et Naama Levy sur la base militaire de Nahal Oz, le 7 octobre 2023. (Crédit : Forum des familles des otages et disparus)

« Ils nous ont dit : ‘Si vous nous écoutez, nous ne vous tuerons pas. Vous venez avec nous à Gaza.’ Et nous leur avons répondu : ‘D’accord, emmenez-nous à Gaza’, parce que nous avions simplement peur », a-t-elle déclaré.

« Je pense que c’était totalement instinctif. »

Albag a déclaré qu’elle avait compris qu’elle était emmenée à Gaza en voyant la voiture dans laquelle elle se trouvait passer devant la porte à la frontière entre Israël et l’enclave côtière. « [Nous avons vu] les foules gazaouies nous entourer, se tenir sur les côtés, applaudir, siffler, danser… [Les Gazaouis] nous ont couru après, heureux, en tirant en l’air. Des enfants, des femmes, des personnes âgées. »

Cette expérience a conduit Albag à conclure qu’il n’y a pas de « spectateurs innocents » à Gaza.

Conditions de détention

« Parfois, ils ne nous laissaient utiliser les toilettes que deux fois par jour, le matin et le soir. Il n’y avait aucune hygiène là-bas… Je n’ai toujours pas réussi à me débarrasser de la ‘crasse’ de Gaza. »

En ce qui concerne l’alimentation, Albag a expliqué qu’elle mangeait principalement de la pita, du riz et, parfois, des pâtes, ajoutant que la faim se faisait sentir à différents moments.

« Quand l’aide humanitaire n’était pas autorisée à entrer, on le ressentait. Elle se faisait vraiment sentir parce qu’on se retrouvait soudainement réduits à ne manger qu’une seule pita par jour, et parfois seulement un quart… Il y avait des jours où l’on parlait de nourriture pour surmonter la faim… Il y avait des jours où on buvait de l’eau salée parce qu’il n’y avait pas d’eau [potable]. J’ai perdu dix kilos là-bas. »

Concernant ses rapports avec ses geôliers, Albag a raconté qu’elle faisait semblant de bien s’entendre avec eux parce qu’ils étaient aux commandes.

De gauche à droite : Naama Levy, Karina Ariev, Agam Berger, Liri Albag et Daniella Gilboa assistant à un concert en leur honneur, à l’hôpital Beilinson de Petah Tikva, le 4 février 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Il y avait beaucoup de choses qui franchissaient nos limites. Il y avait beaucoup de choses sur lesquelles nous imposions une limite », a-t-elle poursuivi, précisant qu’elle refusait de laisser ses bourreaux entrer dans sa chambre pendant qu’elle dormait, par exemple.

« En fin de compte, [le ravisseur] a besoin que je dise à ses supérieurs qu’il se comporte bien. Alors, on jouait sur ça. ‘Tu te comportes comme ça avec moi ? D’accord, va chercher ton supérieur. Je veux lui en parler.’ »

Albag a expliqué son comportement. « Dès le début, je savais qu’ils avaient plus besoin de nous qu’on ne le pensait. »

Elle a déclaré qu’il y avait « de la violence verbale, des abus physiques, des abus émotionnels. « [Ils nous disaient] ‘Vous ne rentrez pas chez vous.’ »

Liri Albag, otage libérée, courant embrasser ses frères et sœurs, au centre hospitalier Rabin, à Petah Tikva, le 25 janvier 2025. (Crédit : Haïm Zach/GPO)

Elle a également indiqué que les terroristes avaient tenté d’imposer leur mode de vie aux femmes. « Ils ont essayé de nous apprivoiser à leur culture, où les femmes ne peuvent pas rire aux éclats, ne peuvent pas s’asseoir [les jambes croisées]. »

Les interactions d’Albag avec les femmes de Gaza n’étaient guère meilleures que celles avec les hommes.

La chose la plus difficile pour Albag dans ses interactions avec ses geôliers était la haine, a-t-elle souligné. « Ils nous considèrent comme une organisation terroriste, comme nous les considérons. C’est ainsi qu’ils nous voient : des terroristes, des meurtriers, des voleurs, des menteurs. Nous avons eu des conversations avec eux sur la Shoah. Ils nient la Shoah. Ils pensent qu’Hitler était un génie… qu’Hitler n’a pas fait ça, qu’Hitler était un type bien. »

Albag a déclaré qu’il y avait également eu des discussions politiques avec les terroristes, mais qu’elle n’y avait pas participé. « C’est le truc [d’Agam Berger]… Je leur disais : ‘Je ne comprends pas la politique, laissez-moi tranquille, je n’ai pas de réponses à vous donner.’ » Leurs ravisseurs traitaient les Arabes israéliens de « traîtres », a-t-elle déclaré.

Autres otages

Albag a également évoqué sa relation avec les autres otages avec lesquels elle avait passé du temps. Elle a déclaré que Keith et Aviva Siegel, qui ont également été libérés – Aviva en novembre 2023 et Keith le mois dernier – avaient été comme des parents pour elle.

Après avoir été séparée d’eux, elle a passé du temps avec plusieurs jeunes enfants otages, qui ont été libérés lors de la première trêve, une période qu’elle a qualifiée comme étant la plus agréable de sa captivité.

Interrogée sur l’histoire selon laquelle elle aurait convaincu ses ravisseurs qu’Amit Soussana, une autre otage, n’était pas une soldate, ce qui, selon Soussana, lui a sauvé la vie, Albag a fait preuve de modestie.

« J’ai fait ce que j’ai fait pour sauver ceux qui m’entouraient… J’avais l’impression qu’une fois qu’ils avaient fait du mal à l’un des Israéliens, l’un des otages, ils me faisaient du mal à moi aussi. Et je ne pouvais pas rester là à les regarder faire. »

L’otage libérée Amit Soussana s’exprimant lors d’un rassemblement appelant à la libération des otages détenus à Gaza, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 18 janvier 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Albag a passé la quasi-totalité de sa captivité avec Berger, dont elle a été séparée la veille de sa libération. Albag a tenté de faire échouer sa propre libération – parce que Berger n’était pas incluse ce jour-là -, insistant pour rester à Gaza avec son amie. Finalement, les geôliers d’Albag l’ont dupée pour qu’elle monte dans le véhicule en vue de la relâcher. Berger a été libérée un jour plus tard.

Albag n’avait pas vu les trois autres soldates de surveillance depuis plus d’un an, jusqu’au jour de leur libération.

Albag se souvient qu’on lui avait dit qu’elle serait libérée lors du premier accord d’échange d’otages en 2023, mais elle a compris qu’elle restait en captivité lorsqu’elle avait entendu une explosion au petit matin.

« Cela nous a permis de comprendre que c’était fini. Il n’y a plus de négociations, plus d’accord, nous ne rentrons pas chez nous. » Elle a raconté qu’elle avait compris qu’elle serait détenue pendant très longtemps en raison de son statut de soldate.

La soldate Agam Berger (à droite- retrouvant Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Liri Albag, d’autres soldates libérées des geôles du Hamas, à l’hôpital Rabin, le 30 janvier 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Albag a dit aux otages, qui ont été libérés lors du premier accord, de dire à sa sœur de ne pas toucher à ses chaussures : « Comme ça, elle saura que je suis restée moi-même. »

Albag a révélé que ses ravisseurs lui avaient fourni un livre de prières, un siddour laissé par des soldats israéliens et que les otages l’avait utilisé pour lire et essayer d’observer les fêtes juives.

Le mois dernier, elle avait raconté qu’elle et sa camarade, Berger, avaient tenté de marquer autant de fêtes juives que possible durant leur captivité à Gaza, malgré les tentatives de leurs bourreaux de les en empêcher.

Lors d’une rencontre avec Shaï Graucher, responsable du groupe Standing Together qui vient en aide aux familles des victimes de la guerre et aux anciens otages, Albag a expliqué qu’elle et Berger, avaient fabriqué des décorations pour la fête de Souccot, qu’elles avaient demandé du miel et une carotte pour Rosh HaShana, et qu’elles avaient jeûné le 9 du mois de Av.

Pour Hanoukka, elles ont demandé des bougies, mais ont reçu des bâtons de colle chaude à la place. Lorsqu’elles ont fait remarquer que ce n’était pas des bougies, leurs bourreaux leur ont donné une bougie électrique à pile, qu’elles ont utilisée, se disant : « Au moins, nous avons allumé quelque chose. »

Pour garder le moral, Albag a déclaré que les otages chantaient, célébraient les anniversaires et tenaient des journaux intimes, que les ravisseurs ne les laissaient pas emporter.

« Nous avons essayé de rester sains d’esprit là-bas. »

Concernant les conflits politiques en Israël autour d’un accord pour les otages, Albag a déclaré que les otages avaient une radio et étaient au courant du débat sur la question de savoir s’il fallait les libérer en échange d’un cessez-le-feu et de la libération de terroristes palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.

« Il était très difficile pour nous de penser qu’il y a des gens qui sont vraiment prêts à nous sacrifier », a-t-elle déploré.

« Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Suis-je responsable d’avoir été kidnappée ? »

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