Jérusalem : Des manifestants réclament un accord pour les otages et une fin à la « guerre de Netanyahu »
Le chef du parti Les Démocrate promet de lutter "par tous les moyens" contre le gouvernement ; un proche d'otage libéré dit que le Premier ministre sera jugé pour "trahison"

Près de mille manifestants anti-gouvernement ont marché jeudi soir depuis le complexe gouvernemental de Jérusalem jusqu’à la résidence privée du Premier ministre Benjamin Netanyahu, invoquant la liberté célébrée à Pessah pour réclamer un accord visant à ramener les 59 otages restants de Gaza.
L’un des manifestants brandissait une pancarte sur laquelle on pouvait lire, « Tant qu’ils seront là-bas, il n’y aura pas de liberté » alors qu’une autre, faisant référence à un chant traditionnel du Seder de Pessah, disait : « 59, qui sait ? »
La police et les forces de la police des frontières avaient dressé des barricades pour canaliser la foule et pour empêcher les manifestants de s’approcher du domicile du Premier ministre. Aucune arrestation n’a été rapportée.
Yair Golan, chef du parti de gauche Les Démocrates, a été aperçu serrant des mains parmi les manifestants avant de prononcer un discours improvisé, dans lequel il a exigé la tenue de nouvelles élections.
« Nous avons une tâche gigantesque : redonner espoir au peuple et aux citoyens d’Israël », a déclaré Golan, qui avait été violemment bousculé par la police au même endroit le mois dernier lors d’une manifestation de masse contre la tentative du gouvernement de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar.
Appelant à lutter contre le gouvernement par « tous les moyens à notre disposition », y compris par des grèves et des actes de désobéissance civile, Golan a renouvelé son appel aux autres partis d’opposition à former un front commun. « Nous construirons une alternative unifiée et cohérente au gouvernement », a-t-il déclaré.

Golan et d’autres chefs de l’opposition accusent Netanyahu de chercher à fuir ses responsabilités dans le pogrom qui avait été perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre 2023 – des milliers de terroristes avaient pris d’assaut le sud d’Israël, assassinant plus de 1 200 personnes et enlevant 251 personnes qui avaient été prises en otage à Gaza. Cette attaque sanglante avait été à l’origine de la guerre en cours.
Un cessez-le-feu conclu au mois de janvier avait permis la libération de 33 otages par le Hamas. La première phase de cet accord, qui devait durer 42 jours, a expiré le 2 mars, après le refus de Netanyahu de négocier la seconde phase. Cette dernière devait aboutir à la libération des 24 otages présumés vivants et au retrait complet de Tsahal de Gaza, une exigence inacceptable pour les partenaires d’extrême droite de la coalition.
Après 16 jours de statu quo, Israël a finalement repris les hostilités le 18 mars.
S’exprimant jeudi devant la résidence du Premier ministre, Noam Dan, dont le proche Ofer Calderon a été libéré pendant la trêve, a appelé à « la fin de la guerre de Netanyahu ». Un contre-manifestant solitaire a tenté de couvrir son discours en jouant de la musique à plein volume depuis l’autre côté des barricades qui avaient été érigées par la police.
Dan a exigé la fin définitive de la guerre et le retour des otages, qui, selon elle, ont été « détruits physiquement et moralement ».
« Ils sont condamnés »à Gaza, a-t-elle déclaré.

Dan est la cousine de l’ex-femme de Calderon, Hadas. Les jeunes enfants d’Ofer et Hadas, Erez et Sahar, qui avaient également été enlevés lors de l’attaque du Hamas, avaient été libérés lors d’une trêve d’une semaine en novembre 2023, au cours de laquelle le Hamas avait relâché 105 femmes et enfants. La mère de Hadas, Carmela, et sa nièce Noya avaient été assassinées pendant l’assaut du 7 octobre.
Évoquant la réponse du gouvernement aux réservistes opposés à la guerre, Dan a lancé à la foule rassemblée devant le domicile de Netanyahu que le Premier ministre et ses ministres « nous traitent de réfractaires [à la conscription] ».
« Bibi, c’est toi le réfractaire ! », a-t-elle accusé, utilisant le surnom du Premier ministre.
« Tu refuses d’appliquer un accord signé qui sauverait des vies. Tu refuses de créer une commission nationale d’enquête. Tu refuses d’assumer ta responsabilité dans notre plus grande catastrophe. »
« La fin de la guerre t’obligera à répondre devant la justice de tes actes de trahison envers notre pays, et c’est pour cela que tu violes les accords censés sauver des vies », a-t-elle conclu.
Netanyahu a refusé jusqu’à présent de créer une commission nationale d’enquête sur les défaillances ayant conduit à l’attaque du Hamas, arguant qu’une telle commission serait partiale puisqu’elle serait nommée par le pouvoir judiciaire, que son gouvernement cherche à affaiblir.