Jérusalem : Shvil HaErez, site paisible et pittoresque de batailles historiques
Situé au cœur de la forêt de Jérusalem, cette zone panoramique est l'occasion de découvrir les tranchées ou les pigeonniers qui ont jalonné son histoire du roi David à Ben-Gurion
Juste avant les 10 ans de l’État d’Israël, la municipalité de Jérusalem avait décidé de donner à une forêt le nom du tout premier chef de gouvernement israélien, David Ben-Gurion. Quand elle avait présenté cette idée au Premier ministre, un homme au tempérament plutôt modeste, ce dernier s’en était amusé et il avait ironiquement proposé de lui donner plutôt le nom du roi David.
Peu après, le 24 février 1958, Ben-Gurion avait été invité à une cérémonie de reboisement dans la même forêt, qui est dorénavant connue sous le nom de forêt de Jérusalem. A son arrivée, un cèdre du Liban lui avait été présenté aux côtés d’une pioche, de manière à ce qu’il le plante lui-même dans la terre. Aujourd’hui, ce cèdre majestueux s’est pleinement développé et il se dresse avec fierté, comme un symbole de la force de la nation juive.
Le Keren Kayemeth LeIsrael – qui est connu dans tout le monde francophone sous le nom de KKL et sous celui de KKL-JNF en Israël – a créé des milliers de sentiers de randonnée et de zone de loisirs et de détente absolument merveilleux dans tout le pays, tous gratuits. La forêt de Jérusalem – située bien au-dessus de la Vieille Ville et intégrée dans un complexe qui comprend le cimetière militaire du mont Herzl et le musée de commémoration de la Shah de Yad Vashem – en fait partie intégrante.
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Le Cedar Trail – ou Shvil HaErez en hébreu – est un sentier de quatre kilomètres un peu difficile de la forêt de Jérusalem, qui se parcourt, selon les aptitudes des randonneurs, en deux ou trois heures. Très bien balisé, il peut faire l’objet d’une promenade à pied – et il peut être aussi découvert ici, par le biais de cet article, par un lecteur agréablement installé dans un fauteuil confortable.
En plus de postes d’observation et de sites de commémoration, le Shvil HaErez s’enorgueillit de vestiges de la Première Guerre mondiale, de monuments et de murs de commémoration, de grottes, de fleurs sauvages d’une beauté sidérante, de tables de pique-nique, d’aires de jeux et de pigeonniers. Et même si les habitations humaines sont de plus en nombreuses à venir remplir les collines à proximité, il y a encore des points de vue magnifiques.
Les fleurs ont envahi tous les versants et les bords du sentier, changeant avec les saisons. Lors d’une randonnée faite au mois de février avec des voisins qui ne connaissaient pas le Cedar Trail, pourtant situé à seulement quelques minutes de chez eux, les champs étaient remplis de cyclamens poussant dans les crevasses des roches et tout le long du chemin, colorant le sol de nuances blanches et pastels variées. Le jaune vif du Calicotome spinosa, ou cytise épineux, offrait un contraste saisissant avec les autres fleurs.
Les anémones rouges brillantes étaient partout, fleurissant malgré le temps hivernal et sa rudesse. Il faut rappeler qu’il fût un temps où les Européens se méfiaient des anémones, convaincus que cette fleur superbe était vecteur de maladies. Ils pensaient que même l’air, aux abords des anémones, était empoisonné et les gens retenaient habituellement leur respiration lorsqu’ils traversaient un champ inondé de cette fleur sauvage.
De retour dans la forêt, au mois de mars, nous avons trouvé les cyclamens toujours en floraison, mais certaines anémones avaient été remplacées par des tulipes rouges, non moins brillantes. Il y avait aussi une éclosion de fleurs jaunes – étrangement appelées « moutardes blanches » – et, au mois d’avril et de mai, ce sont les bourgeons du « sang des maccabées », ces fleurs d’un rouge moins tape-à-l’œil, qui s’épanouissent également dans les champs.
Le sentier passe devant un long mur rempli de trous. Des trous qui rappellent la raison pour laquelle un site qui se trouve au-dessus du secteur où Ben Gurion avait planté son cèdre est non seulement connu sous son nom officiel en hébreu, Mitzpe Kerem, mais aussi sous son nom arabe Hirbet Hamama (Les vestiges des pigeonniers). L’élevage de pigeons était un passe-temps populaire à l’ère romaine et à l’ère grecque ; les oiseaux étaient conservés dans des niches taillées dans la pierre, où ils étaient aussi nourris.
Pendant la période du Second Temple et conformément au verset biblique, les Juifs, eux aussi, élevaient des pigeons. Non seulement les villageois juifs mangeaient ces oiseaux et leurs œufs et utilisaient leurs excréments comme fertilisants, mais ils les vendaient aux pèlerins qui se rendaient au Temple de Jérusalem. Le Livre du Lévitique (5:7) avait établi les conditions du sacrifice des pigeons : « S’il n’a pas de quoi se procurer une brebis, il offrira… deux jeunes pigeons ».
A partir de ce point d’observation, il est possible de voir au loin Yad Vashem, la colline du Pilote, le Mont Gilot, l’hôpital Hadassah Ein Kerem et le mont Harat. En continuant à avancer sur le sentier apparaît, scintillant au loin, le réservoir Beit Zayit.
En 1917, après la conquête, par les Britanniques, des armées turques et allemandes dans le désert du Sinaï, les Anglais avaient commencé à avancer vers Jérusalem. Les Turcs, qui contrôlaient à l’époque la Terre d’Israël, avaient préparé une ligne complexe de tranchées défensives sur les crêtes des collines de Jérusalem. Elles devaient servir dans la nuit du 7 décembre, alors que l’armée britannique se rapprochait.
Le lendemain, le maire de Jérusalem et plusieurs résidents s’étaient rendus à deux sergents britanniques, sur ce qui est aujourd’hui la place Allenby, dans l’un des quartiers du nord de la ville.
Pendant la guerre de l’Indépendance, les forces arabes avaient utilisé les tranchées construites par les Turcs pour garder leur place dans la zone. Ils avaient finalement été vaincus par le régiment Jonathan de l’armée de l’État israélien naissant, un régiment formé de soldats qui, en majorité, n’avaient pas l’âge requis pour intégrer l’armée.
Né à Jérusalem, le commandant Oded Haï avait quitté le lycée le plus prestigieux de Jérusalem à l’âge de 17 ans en se portant volontaire dans la brigade juive de l’armée britannique. Les soldats de la Brigade de Jérusalem, qui avait été formée avant la création d’Israël, en 1944, avaient combattu les Allemands jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Haï avait été stationné en Europe immédiatement après la guerre pour aider et soutenir les réfugiés belges et hollandais.
La brigade avait été démantelée en 1946 et Haï, âgé de 18 ans, s’était porté volontaire pour rester en Europe et pour former de jeunes hommes et de jeunes femmes qui voulaient rejoindre la Haganah, l’organisation paramilitaire dirigée par les sionistes dans la Palestine placée sous mandat britannique. Il était très difficile pour les réfugiés d’entrer dans la Palestine placée sous le contrôle de la Grande-Bretagne et à une occasion, Haï avait échangé son identité avec un survivant de la Shoah, lui permettant d’entrer sur le territoire.
A son retour en Palestine, Haï s’était inscrit à l’université Hébraïque de Jérusalem tout en restant actif au sein de la Haganah. Aussitôt après le début de la guerre d’Indépendance, en 1948, il avait quitté les bancs de la faculté et il avait pris part à plusieurs batailles. Il avait été blessé au combat à l’hospice de Notre-Dame, à la frontière entre Jérusalem et la Jordanie, une bataille qui avait arrêté l’invasion de la Ville sainte par la légion arabe.
Plus tard, alors qu’il était commandant du régiment Jonathan, il avait reçu l’ordre de reprendre Hirbet Hamama aux forces ennemies. Si l’unité avait remporté la victoire, six soldats avaient été tués et des dizaines d’autres avaient été blessés. Haï, 20 ans, était tombé au combat. A l’avenir, Hirbet Hamama pourrait être renommé Colline Oded Hai Hill (Givat Oded Hai) en hommage à ce jeune homme étonnant.
Pour des informations spécifiques sur le stationnement et sur l’accès du Cedar Trail, veuillez nous contacter par courriel, ou contacter le KKL-JNF.
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Aviva Bar-Am est l’auteure de sept guides en anglais sur Israël. Shmuel Bar-Am est un guide touristique agréé qui propose des visites privées et personnalisées en Israël pour les particuliers, les familles et les petits groupes.
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