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Juifs d’Europe centrale : Nos institutions critiquées crient à l’antisémitisme

Se cacher derrière des allégations de racisme est un moyen facile de détourner l'attention des affaires financières douteuses, disent les critiques juifs locaux

La couverture du magazine hongrois 'Figyelo' (Attention) avec un portrait d'Andras Heisler, chef de la Fédération des communautés juives de Hongrie,   (Mazsihisz), le 30 novembre 2018 à Budapest. La plus grande organisation juive de Hongrie a condamné l'“incitation” contre son dirigeant après avoir été représenté en couverture d'un important hebdomadaire pro-gouvernemental entouré de billets de banque. (Attila Kisbenedek/AFP)
La couverture du magazine hongrois 'Figyelo' (Attention) avec un portrait d'Andras Heisler, chef de la Fédération des communautés juives de Hongrie, (Mazsihisz), le 30 novembre 2018 à Budapest. La plus grande organisation juive de Hongrie a condamné l'“incitation” contre son dirigeant après avoir été représenté en couverture d'un important hebdomadaire pro-gouvernemental entouré de billets de banque. (Attila Kisbenedek/AFP)

JTA – En novembre, un magazine hongrois a publié un article sur la prétendue mauvaise gestion de l’argent des contribuables par la plus grande fédération juive du pays.

L’article du magazine de droite Figyelo sur l’organisation juive Mazsihisz a provoqué un tollé local et international. Mais ce n’était pas sur les problèmes que l’article cherchait à exposer.

Celles-ci ont été éclipsées par des réactions passionnées sur l’image qui figurait sur la couverture du magazine. Il s’agissait d’un photomontage du président de Mazsihisz, Andras Heisler, entouré de billets de banque. L’organisation juive a dit qu’il s’agissait d’une « diffamation » qui « fait revivre des stéréotypes séculaires » sur les juifs et l’argent.

Les rédacteurs en chef de Figyelo ont rejeté cette accusation, mais des condamnations virulentes ont continué d’affluer : du Congrès juif mondial, du Congrès juif européen (Heisler est vice-président dans les deux), de l’American Jewish Committee et même de l’État d’Israël.

Le mois dernier, cependant, certains Juifs hongrois ont donné raison à Figyelo parce que des voleurs ont détourné 437 000 dollars de l’argent du gouvernement de Mazsihisz. Les coupables étaient étrangement au courant des procédures internes de Mazsihisz.

Peter Feldmajer, ancien président de Mazsihisz, a déclaré que les allégations « renforceront l’idée que Mazsihisz est une organisation corrompue ». Plusieurs critiques de Mazsihisz, dont Adam Schoenberger du groupe libéral Marom, ont déclaré que si Mazsihisz est notoirement opaque, ils ne croient pas qu’il s’agisse d’une organisation corrompue au niveau institutionnel.

Andras Heisler, président de la Fédération des communautés juives de Hongrie, montre à la chancelière allemande Angela Merkel un monument à la Grande Synagogue de la rue Dohany à Budapest, le 2 février 2015. (Carsten Koall/Getty Images)

Pour certains, cette affaire était un exemple de la façon dont certaines organisations juives d’Europe de l’Est évitent ou discréditent l’examen minutieux de leurs affaires financières douteuses en les présentant comme antisémites.

« Le montage photo de Figyelo n’était pas agréable, mais il n’était pas antisémite », a déclaré Ferenc Olti, un ancien membre du conseil de Mazsihisz, à la Jewish Telegraphic Agency. « Parfois, il est bénéfique pour Mazsihisz de montrer du doigt l’extérieur, de dire ‘nous sommes attaqués et cette attaque est antisémite’ bien que ce ne soit pas du tout le cas la plupart du temps ».

Dans la Pologne voisine, le journaliste Nissan Tzur a une impression similaire de la communauté juive de ce pays.

« Se plaindre d’antisémitisme est une pratique courante dans les institutions de la communauté juive chaque fois que les médias tentent sérieusement d’examiner la manière dont les biens restitués sont traités », a déclaré Tzur, qui est juif.

Un débat sur l’antisémitisme et les finances des institutions juives s’est également déroulé récemment en Pologne, dont la communauté juive de 15 000 membres est la deuxième d’Europe centrale après les 100 000 juifs de Hongrie.

En 2013, Tzur, un citoyen à la double nationalité israélienne et polonaise, et un collègue, Wojciech Surmacz, ont publié trois articles dans Forbes Poland qui décrivaient comment des institutions communautaires juives auraient vendu des biens restitués à un prix inférieur à leur valeur marchande en violation des usages juifs et pour leur profit personnel.

Le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, prend la parole lors de la Conférence Herzliya intitulée Espoir commun israélien, à la résidence du président à Jérusalem, le 14 juin 2016. (Flash90)

Les dirigeants de la communauté juive polonaise et Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial, ont protesté auprès de l’éditeur allemand de Forbes Pologne, Axel Springer. Piotr Kadlcik, alors président de l’Union des communautés juives de Pologne, fit un parallèle entre les articles et la liquidation du ghetto de Varsovie par les Nazis car les deux « attaques » étaient programmées pour coïncider avec les fêtes juives afin de réduire la résistance.

Lauder a ensuite publié sur le site Web du CJM un communiqué dans lequel il accusait les journalistes d’utiliser des « horribles clichés antisémites » tels que celui de « juifs avides qui s’enrichissent aux dépens de la communauté en général ».

M. Tzur, qui travaille depuis l’Europe pour plusieurs grands journaux israéliens, dont Maariv et Makor Rishon, affirme qu’aucun cliché de ce genre n’a été utilisé.

« Il est tout simplement ridicule de m’accuser, moi, le petit-fils de survivants de la Shoah, de telles choses », a déclaré Tzur dans une interview.

Néanmoins, Axel Springer a finalement publié une correction retirant l’essentiel des accusations faites par Tzur et Surmacz et des excuses aux dirigeants juifs. Le magazine polonais a insisté sur la véracité de ses reportages, s’opposant publiquement à son éditeur allemand.

Les dirigeants de la communauté juive qui ont protesté contre l’article « n’ont formulé qu’une seule accusation, mais la plus grave : celle d’antisémitisme », a écrit à l’époque Haim Dov Beliak, le rabbin de la fédération des communautés juives progressistes en Pologne, Beit Polska. Il insiste sur le fait que les informations publiées étaient vraies et que les accusations d’antisémitisme étaient simplement liées au fait de « dire la vérité ».

Antoni Macierewicz est photographié dans son bureau à Varsovie le 20 février 2018. (AFP Photo/Janek Skarzynski)

M. Tzur a également déclaré que les informations qu’il avait publiées étaient exactes. Mais même si ce n’était pas le cas, il a dit : « Ce n’était pas du tout antisémite. L’affaire montre que l’utilisation de la carte de l’antisémitisme pour détourner les accusations de mauvaise gestion ou d’abus financiers est toujours efficace en Europe de l’Est. » Mais, a-t-il ajouté, « cela ne durera pas longtemps car son utilisation érode sa crédibilité. C’est comme crier au loup ».

La Pologne et la Hongrie ont toutes deux leur juste part de discours haineux antisémites dans les médias – y compris par certains des plus hauts responsables politiques de ces pays.

En 2015, l’Anti-Defamation League (ADL) a exhorté le gouvernement polonais à reconsidérer sa nomination du ministre de la Défense Antoni Macierewicz, citant sa déclaration de 2002 dans laquelle il déclarait que le faux antisémite « Les Protocoles des Sages de Sion » contient une certaine vérité. Macierewiez a également écrit dans un journal en 1996 que, contrairement à de nombreuses preuves, les Polonais n’avaient pas tué de Juifs lors du massacre de Kielce en 1946.

L’année dernière, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a utilisé un langage qui semblait provenir directement de la littérature nazie des années 1930 lorsqu’il a déclaré dans un discours : « Nous combattons un ennemi qui est différent de nous. Pas franc, mais caché ; pas sincère mais rusé ; pas honnête mais sournois ; pas national mais international ; ne croit pas au travail mais spécule avec l’argent ; n’a pas sa propre patrie mais se sent propriétaire du monde entier ».

La déclaration d’Orban a été unanimement considérée comme antisémite. Mais les dirigeants juifs étaient plus divisés lorsqu’il s’est agi d’accuser le gouvernement Orban d’antisémitisme dans sa campagne de l’an dernier contre le milliardaire juif libéral George Soros.

Mazsihisz a affirmé que la campagne, qui comportait des affiches de Soros avec les mots « ne le laissez pas rire le dernier », risque « d’encourager le sentiment antisémite » parce que Soros est juif et le « Juif qui rit » était un trope préféré d’Hitler.

Une affiche de la campagne du gouvernement hongrois contre le milliardaire juif américain George Soros, à Szekesfehervar, le 6 juillet 2017. (Crédit : Attila Kisbenedek/AFP)

Dans un pays dont le gouvernement perpétue des stéréotypes racistes sur les Juifs, la photo de couverture controversée de Figyelo et les photos de la campagne anti-Soros « ne peuvent être séparées de ces stéréotypes, même lorsque les images elles-mêmes ne sont pas directement antisémites », a déclaré Schoenberger de Marom, dont l’association de gauche à Budapest ne fait pas partie de Mazsihisz.

Mais Feldmajer, l’ancien président de Mazsihisz, et EMIH, l’organisation juive hongroise affiliée au mouvement Habad Loubavitch, ont déclaré que qualifier les affiches de Soros d’antisémites allait trop loin.

« Je pense que Mazshisz a eu tort de qualifier à la fois l’article de Figyelo et la campagne de Soros d’antisémites », a déclaré Olti, l’ancien membre du conseil de Mazsihisz. « Cette affirmation ne devrait pas être utilisée pour bloquer un examen minutieux ou pour faire avancer des programmes politiques, comme c’était le cas dans l’article de Figyelo et dans la campagne de Soros, respectivement. « La communauté juive devrait répondre aux appels à la transparence plutôt que de les combattre et s’abstenir de prendre des positions plus adaptées aux groupes d’opposition politique.

En février, un hebdomadaire de gauche, Magyar Narancs, a publié un article sur les subventions publiques reçues par l’EMIH. Il s’agissait d’un article de couverture et présentait une photo du rabbin qui sonnait du shofar avec le titre « Slomo Koves’ billions of state funding » [Les milliards de dollars d’aide de l’État de Slomo Koves], bien que le bénéficiaire de l’argent ait été EMIH, pas Koves.

Mais Koves a dit qu’il ne considérait pas sa représentation comme antisémite.

« Je n’ai pas dit que c’était antisémite à l’époque et je ne dis pas que c’est antisémite aujourd’hui », a dit Koves à JTA. « C’est juste du journalisme bon marché et de mauvaises infos ».

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