Kotel : Des Haredim interrompent une Bar mitzvah et déchirent des livres de prière
Des jeunes ont traité les fidèles juifs de "nazis", de "chrétiens" et "d'animaux" dans l'espace de prière égalitaire situé à l'extrémité sud du mur Occidental
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Des dizaines d’extrémistes ultra-orthodoxes ont perturbé la cérémonie de Bar mitzvah d’un garçon sur la place égalitaire du mur Occidental jeudi matin, en criant, en traitant les fidèles de « nazis », de « chrétiens » et « d’animaux », en soufflant dans des sifflets et en déchirant des livres de prière, ont rapporté des témoins oculaires.
« C’était vraiment, vraiment moche », a déclaré Laura Ben-David, qui avait été engagée par la famille pour photographier la Bar mitzvah.
Un jeune homme ultra-orthodoxe a été filmé en train de déchirer une page d’un livre de prière, ou siddur, puis de s’essuyer le nez avec, tout en souriant.
« Comment une nation de Juifs peut-elle permettre une réalité dans laquelle les gens craignent pour leur sécurité alors qu’ils essaient simplement de prier à leur manière sur une place qui a été spécifiquement désignée pour ce type de prière ? », a écrit le mouvement Masorti, l’équivalent israélien du mouvement conservateur américain, dans un tweet.
Le rabbin Arie Hasit, qui a officié la cérémonie, s’est dit « brisé » par cette épreuve après que les manifestants ont traité le jeune Bar mitzvah de « chrétien… de nazi et plus encore ».
« Il s’agissait d’un Américain qui voulait célébrer le fait d’atteindre l’âge des mitzvot, un garçon qui aurait pu oublier tout lien avec le peuple juif et la terre d’Israël, mais qui a choisi de monter à la Torah en Israël, devant ses parents, son grand-père et sa grand-mère, et quelques membres de sa famille », a écrit Hasit dans un post public sur Facebook.
איך מדינת ישראל משלימה עם מצב בו סידורים נקרעים ומוכתמים בנזלת?
למה מדינת היהודים מאפשרת מציאות בה אנשים חוששים לביטחונם בעת שהם סה"כ באים להתפלל כדרכם, ברחבה שהוקצתה בדיוק לתפילה כזו?
רק יישום מתווה הכותל, כפי שהתחייב בעבר ראש הממשלה הנכנס, ישים סוף לטירוף הזה
@yairlapid pic.twitter.com/JRg8AcdZfM— התנועה המסורתית // The Masorti Movement (@MasortiMovement) June 30, 2022
La section égalitaire connue sous le nom « d’Arche de Robinson », et parfois appelée « section Israël », « section famille » ou, de manière inexacte, « section réformée », est située dans la partie sud du mur Occidental, à l’écart de l’esplanade principale, qui est séparée entre les hommes et les femmes. Il s’agit d’un espace de prière destiné aux courants plus progressistes du judaïsme, qui permettent aux hommes et aux femmes de s’asseoir ensemble pendant les offices.
Cependant, depuis des années, des extrémistes ultra-orthodoxes interrompent ces offices ou s’approprient la zone en installant des cloisons pour séparer les hommes des femmes. L’un des exemples les plus violents et les plus flagrants de ce phénomène s’est produit l’été dernier pendant le jeûne de Tish BeAv, qui commémore la destruction des premier et second temples, lorsqu’un groupe d’ultra-orthodoxes a fait irruption à un office de prière sur le site.
Selon Ben-David, une poignée de garçons ultra-orthodoxes, ou Haredim, s’agitaient déjà jeudi dans la section égalitaire lorsque la famille est arrivée.
« C’était étrange. On s’est demandé ce qu’ils faisaient ici », a dit Ben-David.
Peu après le début de la cérémonie de la Bar mitzvah, des dizaines d’autres sont arrivés, apportant des sifflets et d’autres objets, dont certains peuvent être vus sur les photos que Ben-David a prises et qu’elle a partagées avec le Times of Israel.
Ils avaient entre 13 et 20 ans. Certains d’entre eux portaient des vêtements hassidiques, tandis que d’autres semblaient appartenir à la communauté « National Haredi » ou « Hardal » d’Israël.
Les pancartes arboraient des slogans tels que « Les [juifs] réformés, dehors ! » et « Vous avez inventé un nouveau judaïsme, inventez un nouveau mur Occidental ».
Les 30 à 40 jeunes ultra-orthodoxes ont hurlé pendant l’office – parfois en criant des slogans bien précis et parfois juste pour faire du bruit – et ont utilisé des sifflets.
Selon Ben-David, la famille du Bar mitzvah a d’abord essayé d’ignorer les manifestants, mais a cependant été poussée à la confrontation.
« Ils ont poussé et provoqué jusqu’à ce que nous ne puissions plus les ignorer », a déclaré Ben-David.
Un petit nombre de policiers présents sur les lieux ont tenté d’éloigner les manifestants de la famille, mais ne sont pas intervenus à proprement dit.
Laura Ben-David a déclaré que le Bar mitzvah avait pu se concentrer sur l’office de prière et sa lecture de la Torah malgré l’agitation.
« Le bar-mitzva a été formidable. J’ai été très impressionnée. Il a ignoré ce qui se passait et a simplement fait ce qu’il avait à faire », a-t-elle déclaré.
Hasit a également noté le comportement calme du garçon tout au long de l’incident.
« Il était étonnant. Il lisait bien, n’a pas fait une seule erreur de prononciation, malgré les interruptions », a-t-il écrit. « Moi, par contre, je suis brisé. »
Par l’intermédiaire de Ben-David, le Times of Israel a contacté la famille du garçon mais n’a pas obtenu de réponse.
Plus tôt dans la matinée de jeudi, à proximité, les Femmes du mur, un groupe féministe religieux, ont organisé l’une de leurs lectures mensuelles de la Torah dirigée par des femmes dans la section des femmes de la place principale du mur Occidental, en violation des édits du rabbin orthodoxe du site. Le groupe organise ces offices de protestation et de prière au début de chaque mois juif – dans ce cas, le mois de Tammuz. Là aussi, des manifestants ultra-orthodoxes ont violemment harcelé les membres des Femmes du mur.
À la lumière de ces deux incidents – sur la place principale du mur Occidental et dans la zone égalitaire – les Femmes du mur et le mouvement Masorti ont appelé le nouveau Premier ministre intérimaire Yair Lapid à faire appliquer le « compromis du mur Occidental », un accord en suspens depuis plus de six ans qui visait à accorder au judaïsme non-orthodoxe une représentation dans la gestion du lieu saint.
Il est peu probable que cela se produise, car la mise en œuvre complète du compromis nécessite une législation, qui est presque impossible à adopter en raison de l’absence de majorité de la coalition à la Knesset et de la dissolution officielle du Parlement jeudi.
Au début du mois, cependant, un ancien chef du mouvement Masorti, Yizhar Hess, a déclaré que des mesures pouvaient être prises pour améliorer la situation, y compris certaines que le Premier ministre sortant Naftali Bennett a déjà acceptées, comme l’amélioration de la sécurité dans la section égalitaire.