La Moldavie et l’Ukraine disent que l’ETA israélien menace la circulation sans visa
Selon les ambassadeurs, l’obligation faite aux voyageurs d'obtenir une autorisation électronique pourrait inciter Chișinău et Kiev à prendre des "mesures réciproques"
Les ambassadeurs de Moldavie et d’Ukraine ont fait savoir, la semaine dernière, que les nouvelles conditions d’entrée et de séjour en Israël exigeant des visiteurs étrangers une autorisation préalable pour se rendre en Israël pourraient mettre en péril les accords d’entrée sans visa de leur pays respectif avec l’État juif et avoir un impact négatif pour les milliers de pèlerins orthodoxes qui se rendent en Europe de l’Est chaque année.
Selon l’Autorité de la population et de l’immigration (PIBA) du ministère de l’Intérieur, à partir du mois d’août, les visiteurs des pays exemptés de visa devront obtenir une autorisation de voyage électronique ETA-IL (ETA) préalablement à leur entrée dans le pays.
Avoir une ETA « vous permettra de vous rendre jusqu’au point de passage frontière israélien, mais ne vous assurera pas de pouvoir entrer ou séjourner en Israël », indique la PIBA sur son site Internet. Elle poursuit en disant que « à votre arrivée au poste-frontière, vous serez contrôlé par un agent chargé du contrôle des frontières, qui pourra vous refuser le droit d’entrer en Israël ».
Par voie de communiqué, l’ambassadeur moldave Alex Roitman a déclaré que son pays se verrait obligé de « prendre des mesures de réciprocité ».
Alors qu’ils bénéficient d’une exemption de visa depuis une dizaine d’années, nombreux sont les ressortissants moldaves à s’être vus refuser l’entrée. Lorsque ces nouvelles règles seront entrées en vigueur, Chișinău se verra « obligée d’imposer un système d’accord préliminaire semblable aux ressortissants israéliens ».
« Ces mesures de réciprocité auront des conséquences pour les milliers de pèlerins qui se rendent chaque année en Ukraine en passant par la Moldavie », a-t-il ajouté en parlant des dizaines de milliers de Juifs orthodoxes qui se rendent chaque année dans la ville d’Ouman, dans le centre de l’Ukraine, à l’occasion de la fête de Rosh HaShana. Ils se recueillent sur la tombe du défunt dirigeant hassidique Rabbi Nahman de Breslov.
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« La République de Moldavie reste désireuse de développer ses relations bilatérales avec l’État d’Israël dans un esprit de respect mutuel et de réciprocité et est prête à engager des discussions et des négociations sur cette question particulière au profit des deux pays et de leurs ressortissants », a déclaré Roitman.
Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022, Kiev tente de dissuader les pèlerins de se rendre à Ouman, mais malgré la fermeture de l’espace aérien ukrainien aux vols commerciaux, 32 000 pèlerins se sont rendus à Ouman en passant par la Pologne et la Moldavie l’an dernier.
L’ambassadeur ukrainien Yevgen Korniychuk a déclaré sur X, jeudi dernier, que « les récentes décisions israéliennes, à commencer par la limitation du nombre de réfugiés ukrainiens ou le refus d’entrée sur le territoire opposé à de nombreux Ukrainiens, ont tendu cette relation. Cette dernière exigence met de facto fin au régime d’exemption de visa. »
https://x.com/UKRinIsrael/status/1803727137066668331?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1803727137066668331%7Ctwgr%5Ef0e2497327c2a4e3f91619e693746112019888af%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.timesofisrael.com%2Fmoldova-ukraine-warn-new-israeli-travel-rules-threaten-visa-free-regimes%2F
« En réaction, l’Ukraine va imposer des exigences similaires d’autorisation préalable des ressortissants israéliens, pèlerins y compris. Les spécificités de ces visas électroniques sont à l’étude à Kiev. Cette mesure de réciprocité aura un impact pour des milliers de pèlerins religieux qui se rendent en Ukraine chaque année », a-t-il écrit.
S’adressant au Times of Israel dimanche, Korniychuk a déclaré que les nouvelles dispositions israéliennes « vont occasionner des problèmes à notre peuple et, comme vous le savez, nous avons déjà eu des problèmes avec le ministère de l’Intérieur ».
Le gouvernement ukrainien se plaint depuis un certain temps déjà de la manière dont sont traités ses ressortissants, à commencer par les réfugiés de guerre. En 2023, Korniychuk avait menacé de fermer la frontière aux pèlerins en représailles à l’expulsion par Israël de touristes ukrainiens.
Selon Korniychuk, les Ukrainiens ont eu des problèmes avec certains ressortissants israéliens, dont « un certain nombre » qui ont tenté de franchir la frontière ukrainienne en 2020 en violation des restrictions liées à la pandémie, pour passer Rosh HaShana à Ouman.
« La décision n’a pas encore été prise, mais nous en parlons en interne et nous recourrons très probablement à des mesures de réciprocité », a-t-il déclaré.
Korniychuk a ajouté que même s’il ne pensait pas qu’Israël avait pris cette décision par « hostilité », « malheureusement, nous avons déjà des problèmes avec Israël depuis le début de la guerre et cela ne va faire qu’en rajouter ».
Cette année, Rosh HaShana aura lieu le 2 octobre au soir.
En réponse au Times of Israel, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a rappelé que « les États-Unis, l’Australie, le Canada et l’Union européenne utilisaient des protocoles similaires ».
« L’ETA-IL n’est pas un visa mais un système d’enregistrement accessible en ligne qui n’impose pas de se déplacer à l’ambassade ou au consulat. Le formulaire, qui doit être renseigné 72 heures avant de se rendre en Israël, est valable pour deux ans », a expliqué le porte-parole, affirmant que le nouveau système « allait faciliter l’entrée sur le territoire israélien et éviter les problèmes graves susceptibles de se produire à ce moment précis ».
« Nous sommes en contact avec les pays concernés et avons engagé le dialogue au niveau consulaire de façon à régler les difficultés susceptibles de surgir », a-t-il conclu.