La vie mouvementée de la cavalière israélienne Nancy Zeitlin au coeur d’un docu
"UnReined" suit les hauts et les bas de l' Israélienne née aux Etats-Unis devenue première instructrice au Club Equestre de Jéricho
« UnReined » se déroule au rythme des chevaux qui galopent vite et qui sautent des obstacles. Ce nouveau documentaire est consacré à la cavalière israélienne Nancy Zeitlin, qui aura fait exploser un record dans les concours de saut israéliens et dont la vie – en commençant par son immigration depuis la Californie quand elle était enfant – permet d’appréhender toutes les facettes du brassage culturel animé du pays.
Ce film, co-produit et réalisé par un duo féminin formé par Marcia Rock et Naomi Guttman-Bass, revient sur l’histoire de cette immigrante américano-israélienne dont la vie équestre a été, en grande partie, influencée par l’histoire d’Israël, en commençant avec la Guerre des Six jours, en 1967, et en allant jusqu’à la Seconde Intifada.
Rock, directrice de l’information et du documentaire à l’Institut du journalisme Arther L. Carter au sein de l’université de New York, explique qu’il y a deux fils conducteurs dans l’histoire dépeinte dans le documentaire.
« Il y a l’image d’ensemble, la manière dont sa vie a été affectée par des décisions politiques et militaires, par les pressions sur Israël », explique Rock. « Mais, de l’autre côté, il y a le personnel, ce qui apporte la vie au film. Elle a vécu de manière intime avec des chrétiens, des Juifs et des Palestiniens. Ce qui paraissait extraordinaire et agréable à explorer, et ce qui permettait d’amener les gens à mieux comprendre la réalité de la vie humaine dans le pays ».
L’histoire de Zeitlin avait commencé à la fin des années 1960, lorsque ses parents avaient pris la décision de quitter leur habitation périurbaine confortable de San Diego pour s’installer en Israël avec leurs cinq enfants – réalisant en cela le rêve sioniste de sa mère.

Alors âgée de dix ans, Zeitlin avait dit à ses parents qu’elle ne viendrait pas « dans ce trou perdu » à moins que ses parents ne lui achètent un cheval.
« Monter à cheval, c’est un virus qu’on a ou non en soi », explique Zeitlin. « Les chevaux ont toujours été mon havre de paix ».
Et ce sont les chevaux qui l’ont toujours sauvée dans une vie faite de hauts et de bas personnels.
« J’ai adoré le fait que Nancy ait dû franchir tant de barrières, tant d’obstacles, en continuant, malgré tout, à avancer », dit Guttman-Bass. « J’ai trouvé fascinant qu’elle puisse le faire, qu’elle puisse continuer à aller de l’avant en restant toujours positive ».
A la fin des années 1960, la famille s’était installée dans le quartier de Ramat Aviv, au nord de Tel Aviv, près de l’habitation de Shimon Peres et des siens (Chemi Peres, le fils de Shimon, est l’un des narrateurs du film). Et si Nancy ne devait pas avoir son propre cheval avant l’âge de 15 ans, elle avait fait de l’équitation aux écuries Gordon de Tel Aviv où elle avait côtoyé des membres de la haute-société de la ville.
« C’était mon exutoire social », s’amuse Zeitlin. « J’ai refusé de m’exprimer en hébreu pendant les deux premières années ».
Aux Ecuries, Zeitlin était devenue la première Israélienne à monter à cheval – et elle avait fait des rencontres qui l’auront soutenue jusqu’à aujourd’hui, se faisant des amis et établissant un réseau de connaissances.
Elle avait ensuite fait son service militaire, battu un record de saut d’obstacle au sein de l’Etat juif et elle s’était portée candidate aux Jeux olympiques – une initiative qui avait échoué, car il n’y avait pas suffisamment d’argent en Israël à cette époque pour acheter la monture susceptible de briller lors des épreuves et pour s’adjoindre les services du meilleur entraîneur.

De retour chez elle, alors qu’elle fréquentait un petit ami néerlandais qui allait ultérieurement devenir son mari pendant près d’une décennie, la vie de Zeitlin allait changer : Son père, sa soeur et son frère étaient devenus ultra-orthodoxes.
Et pourtant, dit Zeitlin, « je suis toujours retournée à l’écurie, avec les chevaux ».
Après la fin de son premier mariage, Zeitlin allait rester mère célibataire d’un fils. Son frère ultra-orthodoxe lui avait alors présenté un homme Haredi qu’elle allait épouser pour le pire et dont elle allait divorcer six mois plus tard, enceinte.
La vie amoureuse agitée de Zeitlin devait connaître de nouveaux soubresauts dans les années 1990, lorsqu’elle devait devenir principale instructrice et coach au Club Equestre de Jéricho, un complexe sportif massif construit en 1997. Elle était restée à l’écart de Jérusalem pendant une décennie, même pendant les attentats terroristes du début des années 2000.
Zeitlin et ses enfants étaient profondément impliqués dans la vie du club et son cadet devait devenir cavalier de haut-niveau. Elle était tombée amoureuse d’un Palestinien du club – une relation qui, là aussi, s’était mal terminée.
« Elle est meilleure juge concernant les qualités d’un cheval que celles d’un homme », commente Rock.
Zeitlin était favorable à l’idée de travailler avec la communauté palestinienne et elle voulait la normalisation des liens d’Israël avec les Palestiniens, malgré des points de vue politiques penchant plutôt à droite, continue-t-elle.
« Ce que j’adore, c’est que ce qu’elle exprime, c’est ce que disent tous les Juifs de droite – ce qu’elle était – mais que lorsqu’elle rencontrait des Arabes, elle s’entendait très bien avec eux », poursuit Rock.

Zeitlin allait avoir d’autres défis à relever – son fils cadet était devenu ultra-orthodoxe, mettant un terme aux rêves de sa mère concernant sa carrière de cavalier et d’ingénieur. Il est aujourd’hui marié, il a eu deux enfants et il entretient de bonnes relations avec sa mère – comme c’est le cas également de son aîné, qui est laïc.
Zeitlin est dorénavant devenue instructrice, et elle travaille souvent avec des jeunes issus de populations défavorisées. Elle est juge dans des concours locaux.
Un travail heureux, dit Zeitlin. « Les chevaux sont mon ancrage. »

Guttman-Bass, qui est également originaire d’Amérique et qui est arrivée au sein de l’Etat juif pendant les années 1970, a rencontré et appris à connaître Zeitlin, dorénavant instructrice, ces dernières années.
Zeitlin donne l’image d’une merveilleuse enseignante, encourageante et attentionnée, avec une histoire fascinante, explique Guttman-Bass.
C’est elle qui a impliqué dans le projet Maria Rock, sa vieille amie elle aussi réalisatrice, sachant qu’elle apprécierait les éléments historiques et politique de l’histoire de la cavalière.

« Le lien avec les chevaux nous a fortement intéressées au point de vue visuel, l’histoire d’Israël nous a donné quelque chose à rassembler », note Guttman-Bass. « Et Nancy nous a donné un accès libre à sa vie ».
Après quatre années de tournage et de post-production, le documentaire est entré dans le circuit des festivals – même si l’année est compliquée pour ces derniers en raison de la pandémie.
Jusqu’à présent, « UnReined » a été projeté lors du festival Equus à Lexington, dans le Kentucky, au mois de novembre, et il doit être présenté lors d’un festival dans le Montana en 2021.
Pour sa part, Zeitlin a passé un diplôme de Droit – quelque chose qu’elle a toujours voulu faire – mais les chevaux restent sa passion absolue.
« Nous, hommes et femmes de cheval, on cherche à être un peu plus avec les chevaux et un peu moins avec les gens », explique-t-elle. « Monter à cheval m’a fait emprunter des voies différentes et c’est la même chose avec ce film. Le message du film, c’est ‘suivez ce que vous dit votre cœur – le cœur a sa propre intelligence’. »
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