L’Agence américaine pour le développement : une tradition humanitaire bien établie
Elon Musk, un proche allié de Donald Trump, a annoncé la fermeture, de l'USAID, une entité indépendante créée par une loi du Congrès américain

L’Agence américaine pour le développement international (USAID), dont Elon Musk, un proche allié de Donald Trump, a annoncé lundi la fermeture, est une entité indépendante créée par une loi du Congrès américain.
Elle joue de longue date un rôle central dans la distribution de milliards de dollars d’aide des Etats-Unis à l’étranger.
Etant donné que la première puissance mondiale est le principal pourvoyeur d’aide humanitaire et au développement dans le monde, ce dont se félicitait régulièrement l’ancienne administration démocrate de Joe Biden, toute fermeture ou réforme de cette agence a des conséquences massives pour les organisations humanitaires et pour les pays parmi les plus pauvres.
QUEL RÔLE ?
Mise en place en 1961 sous la présidence de John F. Kennedy, l’USAID est la principale agence de distribution d’aide à l’étranger, gérant des programmes aussi divers que l’aide humanitaire et au développement, ainsi que dans les domaines de l’éducation, la santé ou encore la gouvernance.
Elle agit en partenariat avec les gouvernements étrangers, les ONG et autres organisations ou associations locales type églises ou écoles.
Son budget est de plus de 40 milliards de dollars et elle emploie quelque 10.000 personnes, dont les deux-tiers sont en poste à l’étranger, selon le Congressional Research Service (CRS), un organe dépendant du Congrès américain.

Pour l’exercice budgétaire 2023, les dix pays qui en ont le plus bénéficié sont l’Ukraine, en guerre après l’invasion russe de février 2022, l’Ethiopie, la Jordanie, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Yémen, l’Afghanistan, le Nigeria, le Soudan du Sud et la Syrie, selon le CRS.
Au total, l’aide américaine à l’étranger représente moins d’1 % du budget fédéral des Etats-Unis.
Pourquoi est-elle dans le viseur de Trump ?
Dès son investiture le 20 janvier, le président américain Donald Trump a gelé l’aide étrangère pour 90 jours, le temps d’un réexamen complet de celle-ci, notamment pour traquer les programmes favorisant la diversité ou l’avortement.
Son secrétaire d’Etat, Marco Rubio, avait très vite fait part d’exemptions pour l’Egypte, Israël et l’aide alimentaire d’urgence.
Devant le tollé et l’inquiétude suscitée dans les milieux humanitaires, il avait ensuite élargi ces dérogations à l’aide humanitaire essentielle comprenant les soins de santé, les médicaments.. tout ce qui peut « sauver des vies ».
Mais le flou persiste sur des pans entiers d’aide.
L’objectif affiché : faire le ménage dans les aides et le personnel de l’USAID, qui est, selon le président Trump, « dirigée par une bande de fous extrémistes ».
Quel impact ?
L’impact du gel de l’aide étrangère américaine s’est tout de suite fait sentir à travers le monde, semant la pagaille dans les milieux humanitaires.
« C’est une guerre contre le développement », ont déclaré lundi, dans un communiqué, l’Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes (ILGA World) qui a exclu la principale organisation d’Israël de défense des droits LGBTQ et la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF).

L’un des programmes américains les plus importants est le Pepfar, lancé par l’ex-président George W. Bush pour lutter contre le sida, mais ce programme a semble-t-il bénéficié d’une dérogation. Plus de 20 millions de personnes vivant avec le VIH en dépendent directement.
Selon Peter Waiswa, un membre du réseau d’aide humanitaire Compassion Connectors en Ouganda, certaines écoles financées par Washington dans ce pays d’Afrique de l’Est ont déjà envoyé des messages demandant aux enfants d’arrêter de venir.
Au Cambodge, l’un des pays les plus minés au monde, des opérations de déminage ont été suspendues, avait dit la semaine dernière Ly Thuch, responsable de l’autorité cambodgienne chargée du traitement des mines.