« Le Hezbollah n’est pas disposé à négocier pour le moment » – ambassadeur de France en Israël
Frédéric Journès a évoqué la situation au Liban, à Gaza, et les relations entre la France et Israël

Frédéric Journès, ambassadeur de France en Israël, a accordé une interview à la chaine de télévision israélienne Kan. L’entretien a été l’occasion pour le diplomate français de faire le point sur la situation au Liban, à Gaza et sur les relations entre la France et Israël.
Interrogé sur les tensions à la frontière nord, Frédéric Journès a confié son inquiétude face à l’escalade des violences entre Israéliens et Libanais : « Je n’ai pas l’impression que le Liban soit démotivé. Je pense au contraire qu’il gagne en confiance. Malgré l’échec de leurs attaques contre Israël depuis huit mois, ils apprennent de leurs erreurs et les utilisent pour s’améliorer. »
Le président Emmanuel Macron s’est personnellement investi afin de tenter de trouver une issue à la crise actuelle. Présent au G7 la semaine dernière, le chef de l’État français avait proposé la constitution d’un groupe « trilatéral », regroupant son pays, les États-Unis et Israël, pour travailler à la désescalade des tensions. Cette proposition avait cependant été rejetée par le gouvernement israélien, par l’intermédiaire du ministre de la Défense, Yoav Gallant : « Nous menons une guerre juste, nous défendons notre peuple, et la France a adopté des politiques hostiles à l’égard d’Israël […] Israël ne participera pas à la trilatérale proposée par la France. »
Aujourd’hui, Frédéric Journès constate que la situation reste bloquée : « Il n’y a pas de négociations pour l’instant. Le Hezbollah n’est pas disposé à négocier pour le moment. »
L’ambassadeur a souligné que la situation à Gaza représentait le principal point de blocage : « Israël veut dissocier Gaza des négociations. Pour le Hezbollah, c’est hors de question. » Cet obstacle empêche ainsi tout début de discussion. Face aux volontés bellicistes en Israël, Frédéric Journès prévient : « Comme le dit Churchill, il n’y a pas de guerre facile […] le Hezbollah est cent fois mieux équipé que le Hamas. Toutes les campagnes israéliennes au Liban ont été au mieux des succès relatifs. »
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À la question de savoir si Israël était légitime à poursuivre sa guerre contre le Hamas, puisque ce dernier bloque les initiatives pouvant conduire à un cessez-le-feu, l’ambassadeur a répondu que la France avait toujours respecté le droit d’Israël à se défendre et qu’elle se préoccupait en priorité du sort des otages, mais que l’État hébreu devait respecter le droit humanitaire international et le droit de la guerre.
L’entretien s’est ensuite concentré sur les relations diplomatiques entre la France et Israël, notamment après l’interview accordée par Benjamin Netanyahu à LCI. « En France, il est inhabituel d’avoir un dirigeant étranger qui intervient dans nos médias juste avant une élection […] Pour nous, ça a été une surprise », a expliqué l’ambassadeur.
Il en a aussi profité pour évoquer la polémique autour de l’absence d’exposants israéliens au salon Eurosatory de Paris : « Après le tir qui a provoqué l’incendie accidentel d’un camp de réfugiés à Rafah, nous ne pouvions pas rester sans réaction. Nous avons donc décidé que les conditions pour que les entreprises israéliennes exposent n’étaient pas réunies. Mais cela ne veut pas dire que nous voulons détruire les entreprises israéliennes, l’innovation et la coopération scientifique avec Israël. »
La justice française a ordonné la suspension de cette interdiction après appel.