L’Américain qui avait pardonné à un nazi n’est peut-être pas rescapé de la Shoah
Des documents montrent que Moshe Peter Loth, qui avait enlacé un garde nazi, n'est pas né dans le camp de Stutthoff comme il le prétendait, serait issu d'une famille chrétienne
JTA — Moshe Peter Loth a fait les gros titres en novembre, lorsqu’il a enlacé Bruno Dey durant le procès de ce dernier, à Hamburg. Loth est un Américain de Floride, identifié comme survivant de la Shoah, et Dey est un ancien gardien de camp de concentration nazi.
Bruno Dey est accusé de complicité dans l’assassinat de 5 230 personnes au camp de concentration de Stutthof près de ce qui est aujourd’hui Gdansk, en Pologne. Il est jugé à Hambourg.
Moshe Peter Loth, 76 ans, co-demandeur dans l’affaire, s’est approché de Dey pendant le procès et a dit : « Regardez tous, je vais lui pardonner. »
Mais Loth pourrait avoir faussé son histoire – il est issu d’une famille chrétienne et pourrait n’avoir jamais été dans un camp de concentration.
Loth a déclaré au fil des ans que sa mère et sa grand-mère avaient été incarcérées dans le camp, dénoncées par son propre grand-père qu’il avait décrit comme un nazi. Loth avait également affirmé qu’il avait appris, par la Croix-Rouge, qu’il était né dans ce camp.
Selon les informations fournies à la Jewish Telegraphic Agency par quatre archives de la Shoah, la femme que Loth a identifiée comme sa mère est Helene Anna Flood. Cette dernière a été libérée du camp un mois après son arrivée et plusieurs mois avant la naissance de Loth.
Loth a raconté son histoire à un groupe de missionnaires allemands en 2005, à un journal en ligne Othello Outlook en 2012. Elle est également rapportée dans l’autobiographie Piece by Piece, co-écrit avec Sandra Kellog Rath.
Loth avait soumis des documents à Yad Vashem, affirmant que sa grand-mère était décédée dans une chambre à gaz de Stutthof. Il avait pris la parole lors de cérémonies commémoratives de la Shoah au sujet de son passé, et est présenté comme un survivant de la Shoah, aux racines juives.
Le magazine Spiegel a rapporté le mois dernier que Loth était issu d’une famille protestante allemande, qui vivait près de Gdansk. Sa grand-mère est décédée en 1943, mais n’a pas transité par un camp de concentration.
L’avocat de Loth a déclaré au Spiegel que Loth avait cru que sa grand-mère était décédée dans le camp, et qu’il corrigerait son témoignage auprès de Yad Vashem.
Le tribunal a permis à Loth d’interroger Dey, qui a répété son témoignage selon lequel il ne s’était pas porté volontaire pour travailler à Stutthof et qu’il était choqué par ce qui s’était passé là-bas.
En 2015, un événement similaire s’est produit dans une salle d’audience allemande lorsque la survivante d’Auschwitz Eva Kor a publiquement pardonné à Oskar Groening, ancien garde du camp.
Kor, une citoyenne américaine d’origine roumaine décédée en juillet à l’âge de 85 ans, a exhorté Groening à montrer l’exemple en dénonçant publiquement les activités néo-nazies.