L’AP inclut 20 000 employés du Hamas dans son budget
Le Premier ministre palestinien recommande vivement aux gouvernants de Gaza de permettre à l'AP de reprendre le contrôle de la bande dans le cadre de l'accord de réconciliation
Khaled Abu Toameh est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

L’Autorité palestinienne a inclus environ 20 000 employés du Hamas dans son budget 2018, supprimant ainsi tous les obstacles qui entravent la mise en oeuvre de l’accord de « réconciliation » entre les deux factions, a annoncé samedi le Premier ministre de l’AP Rami Hamdallah.
Il a appelé le Hamas à autoriser le gouvernement de l’AP à assumer l’ensemble des responsabilités dans la bande de Gaza, notamment la collecte des impôts et le contrôle des carrefours transfrontaliers avec l’Egypte et Israël.
Hamdallah a également réclamé que l’AP soit autorisée à faire appliquer la loi et l’ordre dans la bande de Gaza par le biais de ses forces de police et son système judiciaire et a demandé au Hamas de permettre aux fonctionnaires de l’AP dans la bande de Gaza de reprendre leurs emplois.
Les propos de Hamdallah ont été tenus au cours d’une visite dans la ville d’Anabta, dans le secteur de Tulkarem, en Cisjordanie.
Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne n’a pas donné de détails sur les employés du Hamas qui ont été ajoutés au registre des personnels.
Les employés du Hamas ne comprennent pas les membres de l’aile militaire ou d’autres appareils sécuritaires appartenant au groupe terroriste, a éclairement établi un haut-responsable palestinien de Ramallah.
Le Hamas, un groupe terroriste islamiste, a fortement rejeté l’idée de rendre ses armes ou de démanteler son aile militaire dans le contexte d’un accord avec l’AP.
Cela fait également longtemps que le Hamas demande que des milliers de ses employés soient intégrés dans le gouvernement de l’AP dans le cadre d’un accord de règlement du conflit qui l’oppose au parti du Fatah au pouvoir du président de l’AP Mahmoud Abbas.
Le Hamas avait nommé des milliers d’employés dans ses institutions gouvernementales après le coup d’Etat violent survenu dans la bande de Gaza en 2007.
Puis l’AP avait donné pour instruction à ses fonctionnaires dans la bande de Gaza de ne pas travailler sous l’administration du Hamas. Les employés de l’AP avaient continué à toucher leurs salaires, même s’ils ne travaillaient pas.
Certains salariés de l’Autorité palestinienne qui avaient tenté de retourner à leurs fonctions après la signature de l’accord de « réconciliation » négocié par l’Egypte et signé au Caire, au mois de novembre 2017, avaient été repoussés par le Hamas.
Le Hamas continue à affirmer que la question de ses employés doit être résolue avant que les fonctionnaires de l’AP ne retrouvent leurs bureaux.
Le groupe terroriste a récemment accusé le gouvernement de l’AP d’avoir « trompé » l’opinion publique palestinienne dans ses intentions de mettre en oeuvre l’accord de « réconciliation », appelant Hamdallah et les ministres du cabinet à démissionner.
« Le président Abbas et le gouvernement sont prêts à assumer toutes les responsabilités dans la bande de Gaza dès que le gouvernement disposera de la possibilité de le faire (de la part du Hamas) », a commenté Hamdallah. « La bande de Gaza fait partie intégrante du foyer et de l’Etat palestiniens ».
Les leaders de l’AP et le gouvernement, a-t-il ajouté, « sont engagés à réaliser la réconciliation nationale et l’unité ».
En réponse à l’annonce de Hamdallah, un haut-responsable du Hamas, Salah al Bardaweel, a expliqué que l’AP appréhendait la bande de Gaza comme si cette dernière était un « héritage dont elle doit se saisir ».
Selon l’AP, a-t-il ajouté, « la prise de pouvoir de ce gouvernement signifie l’exclusion totale de l’autre partie ».
« Les responsables de l’AP veulent que le Hamas rende tout et qu’il n’ait aucune présence sur la carte politique palestinienne », a accusé Bardaweel dans un entretien avec la station de radio du Hamas, se référant à l’AP. « L’Autorité palestinienne ne comprend pas que la réconciliation induit le partenariat et l’unité pour affronter l’occupation. Elle aurait plutôt la certitude qu’elle entre dans le cadre de ses efforts visant à ôter tout pouvoir au Hamas ».