Toujours pas de promotion pour le général israélien Ofer Winter
Le général de brigade controversé avait fait des vagues en 2014, qualifiant la guerre de "lutte divine"
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Le général de brigade controversé Ofer Winter est passé une nouvelle fois à côté d’une promotion lundi, alors que l’armée a annoncé plusieurs nouvelles nominations à des postes haut-placés.
Winter a fait l’objet de vives critiques pendant la guerre de 2014 à Gaza, en raison de propos qu’il avait tenus à l’époque, qualifiant l’opération de lutte de religion, pour avoir supposément transmis des informations aux politiques sans l’accord requis, et pour ses actions durant la très controversée bataille de Rafah, le « vendredi noir ».
Depuis la guerre, aussi appelée « Opération Bordure protectrice », la carrière de Winter a quelque peu stagné, malgré le fait qu’il se soit montré prometteur pour grimper les échelons au sein de l’armée israélienne.
Il avait été promu général de brigade en 2015 et chef d’état-major pour le Commandement du Centre, poste qu’il occupe toujours.
Dans le schéma classique de l’armée, Winter aurait dû prendre le commandement d’une division.
Le général de brigade aurait dit à ses proches avant l’annonce de lundi qu’il envisageait de quitter l’armée s’il n’obtenait pas cet avancement.
Le colonel Shlomo Binder a reçu cette promotion, qui devrait le conduire à la direction de la division de la Galilée, et lui permettre de se hisser au rang de général de brigade, a indiqué l’armée.
Le général de brigade Saar Tzur succèdera au général de brigade Oded Basyuk à la direction de la 162e division blindée. Ce dernier est transféré à la Branche de Planification, ce qui est généralement un tremplin pour le poste de chef d’état-major de l’armée.
Winter sous le feu des critiques
Winter est généralement considéré comme un exemple de la communité nationaliste religieuse. Le général de brigade a étudié à l’internat militaire Or Etzion puis à l’académie pré-militaire Eli.
Il a d’abord servi au sein de l’unité d’élite Sayeret Matkal, avant d’être transféré à l’unité Maglan, où il a été chef d’équipe, puis chef de peloton, puis commandant de sa compagnie.
Winter est ensuite entré dans l’infanterie et a occupé de nombreux postes au sein de la brigade d’infanterie Givati durant la seconde intifada. Au cours de cette période, il a été récompensé à plusieurs reprises, et notamment décoré de la Médaille pour Service remarquable.
Winter a été l’objet de vives critiques pendant l’opération Bordure protectrice, quand il était commandant de la brigade Givati, pour une lettre adressée à l’un de ses subordonnés, dans laquelle il décrit l’opération comme une guerre religieuse contre l’ennemi « blasphématoire ».
« L’Histoire nous a choisis pour être le fer de lance de la lutte (contre) l’ennemi terroriste ‘gazaoui’ qui agresse, blasphème et maudit le Dieu de l’armée israélienne », avait-il écrit.
Dans les interviews accordées aux médias, le militaire a également décrit ses troupes comme étant protégées par « les nuées de la gloire ». Les militants pour la liberté religieuse craignaient que Winter théocratise l’armée.
« Je m’attends à ce que des commandants de l’armée se souviennent que Tsahal est l’armée du peuple, et pas une milice religieuse », avait dit Mickey Gitzin, directeur exécutif de Israel Hofshit, une organisation pour la liberté religieuse.
L’ancien commandant de la brigade Givati avait ensuite été accusé de communiquer des informations confidentielles sur les efforts de guerre à Naftali Bennett, alors ministre de l’Economie, contournant la chaine de commandement.
Winter avait également commandé les troupes durant la bataille sanglante de Rafah, le « vendredi noir », le 1er août 2014, au sud de la bande de Gaza. Cette bataille est devenue un problème central dans un rapport des Nations unies, accusant l’armée de crimes de guerre. Dans sa propre enquête, l’armée avait identifiée certaines défaillances dans la gestion de la bataille, mais n’a pas fait état d’actes criminels.
La bataille a commencé après que le lieutenant Hadar Goldin a été enlevé, et deux autres soldats tués. Les forces ont activé le Protocole Hannibal, une directive désormais obsolète, qui consiste à utiliser tous les moyens nécessaires pour empêcher un enlèvement.
L’armée a ensuite établi que Goldin avait été tué pendant l’action, et sa dépouille est toujours aux mains du Hamas, dans la bande de Gaza.
Quand le protocole a été activé à Gaza, Winter aurait envoyé une colonne de chars dans des quartiers inhabités. Les bulldozers ont rasé les maisons. Les batteries d’artillerie, les chars et les avions ont ouvert le feu, isolant la zone du kidnapping et ciblant toutes les voitures qui quittaient la zone.
Dans le rapport de l’armée sur la bataille, Winter avait qualifié les ordres de « déroutants » admettant que l’armée avait compromis la sécurité des soldats en les plaçant dans une « situation délicate ».
Des responsables palestiniens avaient estimé que le bilan s’élevait à 120 morts, mais l’armée avait estimé que ce nombre s’approchait plutôt de 40, dont 12 terroristes identifiés et 13 civils. Le statut des autres n’a pas été identifié, mais ils étaient « en âge de combattre ».