L’armée israélienne enquête sur deux morts à la frontière de Gaza, une première
L'avocat général militaire ordonne des enquêtes sur les meurtres de deux adolescents palestiniens parce qu'il soupçonne que les tirs n'étaient pas conformes aux règles d'engagement
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Pour la première fois depuis le début des émeutes hebdomadaires à la frontière de Gaza il y a quatre mois, l’armée israélienne a annoncé mardi qu’elle ouvrirait des enquêtes criminelles sur la mort de deux Palestiniens tués lors d’affrontements avec les forces israéliennes.
L’avocat général des armées Sharon Afek a ordonné l’ouverture des enquêtes sur la fusillade du 30 mars d’Abdel Fattah Abdel Nabi, 18 ans, et la fusillade du 13 juillet d’Othman Helles, 15 ans, « avec suspicion que les fusillades n’étaient pas conformes aux règles d’engagement », a déclaré l’armée israélienne dans un communiqué.
Les images de l’incident du 30 mars diffusées par les médias palestiniens semblent montrer Abdel Nabi portant un gros pneu et s’enfuyant de la frontière vers la rangée principal des manifestants, lorsqu’il est abattu et tombe au sol.
A l’époque, l’armée israélienne avait déclaré dans un communiqué que le Hamas avait publié un certain nombre de vidéos « dont certaines ne représentent que des parties d’incidents tandis que d’autres sont éditées ou complètement fabriquées ».
Lors de l’incident du 13 juillet, Helles a reçu une balle dans la poitrine alors qu’il se tenait près de la frontière.
À l’époque, l’armée israélienne avait publié une déclaration selon laquelle le jeune homme de 15 ans avait tenté de s’infiltrer en Israël, bien que les Palestiniens aient réfuté cette affirmation.
Au cours des quatre derniers mois, les manifestations de la « Marche du retour » ont donné lieu à des affrontements meurtriers au cours desquels les forces de sécurité israéliennes ont dû faire face à des tirs palestiniens, des grenades, des cocktails Molotov et des efforts – parfois couronnés de succès – pour endommager ou franchir la clôture de la frontière.
Au moins 160 Palestiniens ont été tués par les tirs israéliens depuis le début des manifestations hebdomadaires, selon le ministère de la santé dirigé par le Hamas. Le Hamas a reconnu que des dizaines de personnes tuées faisaient parti de son groupe.
Vendredi, des milliers de Gazaouis ont manifesté le long de la frontière israélienne près du point de passage d’Erez lors de manifestations hebdomadaires soutenues par le Hamas dans le cadre de la « Marche du retour ». Les dirigeants du Hamas ont exhorté le public à participer aux manifestations de vendredi. Les émeutiers ont lancé des pierres, des bombes improvisées et des cocktails Molotov sur les soldats et ont brûlé des pneus pour créer un écran de fumée. D’autres ont lancé des ballons incendiaires vers Israël.
Deux hommes palestiniens auraient été tués et environ 250 blessés, dont au moins 25 auraient été touchés par des tirs réels, lors de ces manifestations.
Ces derniers mois ont été marqués par des séries de violences intense entre Israël et le Hamas, ainsi que par des manifestations hebdomadaires à la frontière de Gaza qui ont régulièrement tourné aux émeutes, aux attaques contre les troupes israéliennes et aux tentatives d’infiltration et de sabotage de la barrière frontalière. En outre, des ballons et des cerfs-volants lancés depuis Gaza avec des engins incendiaires ont provoqué des centaines d’incendies dans le sud d’Israël qui ont brûlé des milliers d’hectares de terre.