L’artiste Idan Amedi était « brûlé et méconnaissable » après ses blessures à Gaza
Sorti de l'hôpital, le réserviste salue la mémoire de son ami Akiva, dit avoir des fractures aux doigts mais promet de recommencer à jouer de la guitare et appelle à l'unité

Alors qu’il se préparait à quitter l’hôpital Sheba jeudi, l’acteur et auteur-compositeur-interprète israélien Idan Amedi, connu notamment pour son rôle dans la série à succès « Fauda », a promis de revenir à l’écran après avoir été blessé en combattant le Hamas dans la bande de Gaza.
« Je vais revenir à la création artistique, je vais revenir à la chanson, je vais revenir au cinéma », a déclaré Idan Amedi lors d’une conférence de presse depuis l’hôpital de Ramat Gan.
Réserviste, il a été déployé à Gaza en tant que réserviste du Corps du génie de combat après le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas. Il a passé au moins deux semaines à mettre au jour avec son unité un réseau de tunnels du Hamas.
Grièvement blessé le 8 janvier lors d’une explosion qui a coûté la vie à six soldats, et qui aurait apparemment été provoquée accidentellement par les troupes, il a dit jeudi qu’il était « méconnaissable » à son arrivée à l’hôpital.

« J’étais tellement brûlé que personne ne m’a reconnu. Des éclats d’obus m’ont transpercé le cou et la colonne vertébrale, et j’ai de la chance qu’aucun d’entre eux n’ait touché les principaux vaisseaux sanguins. J’ai aussi des os cassés, y compris des doigts, mais je sais que je vais recommencer à jouer de la guitare et j’espère pouvoir participer à la cinquième saison de ‘Fauda’ », a-t-il déclaré.
Deux semaines et demie après ses blessures, après plusieurs jours sous sédation et intubé dans l’unité de soins intensifs, Amedi et ses médecins ont déclaré qu’il devait encore suivre un long processus de rééducation – il n’aura cependant pas besoin de rester à l’hôpital. Son hospitalisation avait suscité l’émoi en Israël, où de nombreuses personnes avaient appelé à prier pour sa rémission sur les réseaux sociaux.
« Je suis reconnaissant pour tous les messages, l’amour et le soutien que j’ai reçus de milliers de personnes. Mon esprit est plus fort que jamais. Je vais revenir dans les cinémas et au chant. Si Dieu me donne assez de force, je retournerai aussi me battre pour mon pays », a-t-il ajouté.
Lors de la conférence de presse, il a ajouté qu’il avait hâte de pouvoir à nouveau s’occuper de ses enfants. Il a préféré largement parler des autres soldats blessés et de ses camarades tombés au combat plutôt que de lui-même, et s’est parfois retrouvé submergé d’émotion, soupirant lourdement et essuyant des larmes.

« Les gens me disent que je suis un héros et un symbole, mais je ne suis qu’un parmi tant d’autres. S’il y a une bonne chose qui résulte de mes blessures, c’est que je peux être un ambassadeur pour ceux qui ont également été blessés », a déclaré l’acteur.
« Il est important de leur laisser un espace pour exprimer leur douleur, tant physique qu’émotionnelle. Il leur faudra beaucoup de temps pour guérir, alors s’il vous plaît, acceptez-les avec compréhension », a-t-il déclaré.
Amedi a exprimé ses condoléances aux familles des victimes, affirmant qu’il savait que leur douleur restera à jamais vive. « Les familles doivent savoir que leurs fils et leurs filles font une énorme différence », a-t-il déclaré.
Sur une note plus personnelle, Amedi a partagé la blessure émotionnelle qu’il porte et la responsabilité qu’il ressent de ne pas pouvoir garantir le retour des soldats qu’il commandait.
« Cela restera avec moi toute ma vie. Un jour, je pourrai en parler », a-t-il déclaré.
Amedi a cité deux de ses amis tués dans l’explosion du 8 janvier, qu’il connaissait depuis ses débuts dans l’armée : le sergent première classe (de réserve) Gavriel Bloom, 27 ans, de Beit Shemesh ; et le sergent major (de réserve) Akiva Yasinskiy, 35 ans, de Ramat Gan, qu’Amedi appelait sa « boussole morale ».
« Akiva était le dernier que j’ai vu avant l’explosion et la première chose que je voulais savoir en me réveillant à l’hôpital était s’il avait survécu », a déclaré Amedi.

Lors de la conférence de presse, on lui a demandé s’il était conscient, alors qu’il combattait à Gaza, des désaccords au sein du gouvernement et de la désunion réapparaissant au sein de la population. Il a répondu que, lorsqu’il était à Gaza, lui et les autres soldats étaient déconnectés de l’actualité, mais que lorsqu’il est revenu en Israël pour de courtes permissions, il a été informé de cela et en a été très déçu.
Après avoir constaté les conditions de vie à Gaza et participé aux efforts visant à détruire les tunnels et les infrastructures d’armement du Hamas, Amedi a déclaré que sauver ou assurer la libération des otages devait être la priorité absolue du gouvernement et de l’armée. « Israël dispose de nombreux outils et types de leviers pour traiter la question des otages. Je pense que tout n’est pas encore fait », a-t-il déclaré.
Amedi a également partagé ses opinions sur la situation politique en Israël avant et après le 7 octobre. Il a déclaré avoir ressenti de la colère quand la nation a commencé à se déchirer il y a un an à cause de la réforme judiciaire proposée par le gouvernement. Puis, lorsque le 7 octobre s’est produit, cela lui a rappelé les événements dévastateurs survenus au peuple juif au cours des millénaires. Dans une vidéo postée le 12 octobre, Amedi, vêtu d’un treillis, affirmait : « Ce n’est pas une scène de ‘Fauda’, c’est la vraie vie ! »
« Nous devons changer, sinon ce genre de choses se reproduira », a déclaré Amedi jeudi. « Le peuple israélien est le plus fort du monde. Quand nous sommes unis, nous sommes invincibles. Nous gagnerons cette guerre mais cela prendra du temps. Ce n’est pas seulement un slogan pour moi. Je crois sincèrement que nous devons être unis. Nous devons cesser de dire des choses stupides et superficielles », a-t-il déclaré.

La série « Fauda » (chaos, en arabe), diffusée entre autres sur Netflix, a séduit partout dans le monde grâce à ses épisodes à suspens dans lesquels on voit évoluer une unité israélienne d’agents infiltrés combattant des terroristes palestiniens.
Plus de 350 000 réservistes ont été déployés partout en Israël après l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1 140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles.
Israël a juré « d’anéantir » le Hamas après l’attaque et a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25 700 Palestiniens, selon le ministère de la Santé du groupe terroriste. Les chiffres publiés par celui-ci sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.