Israël en guerre - Jour 526

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L’Autorité palestinienne hésite à utiliser le vaccin russe, dit Ramallah

L'AP s'inquiète aussi des retards dans l'obtention des doses alors que la première livraison majeure d'AstraZeneca doit arriver en mars et d'autres peut-être bien plus tard

Un soignant palestinien effectue un dépistage pour le coronavirus dans un centre de santé à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 janvier 2020. (Crédit ; Abed Rahim Khatib/Flash90)
Un soignant palestinien effectue un dépistage pour le coronavirus dans un centre de santé à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 janvier 2020. (Crédit ; Abed Rahim Khatib/Flash90)

Un haut-responsable du ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne (AP) a exprimé ses inquiétudes au sujet du vaccin russe Sputnik, un pilier déterminant dans le plan d’immunisation contre le coronavirus de Ramallah. Il a ajouté que de nombreuses doses de vaccin contre la COVID-19 pourraient bien n’arriver que dans plusieurs mois.

L’Autorité palestinienne a annoncé avoir conclu des accords avec quatre firmes pour fournir des doses aux Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza : AstraZeneca, Moderna, Sinopharm – une entreprise soutenue par le gouvernement chinois – et le vaccin russe Sputnik V.

Les vaccins Sputnik V et Sinopharm ont fait l’objet de controverses en raison du manque de transparence des essais cliniques et certains experts de la santé ont initialement fait part de leur scepticisme sur leur sûreté et sur leur efficacité. Les deux vaccins ont été approuvés de manière indépendante par plusieurs autres pays pour une utilisation d’urgence.

S’il affirme avoir confiance dans le vaccin chinois, Osama al-Najjar, haut-responsable de la santé au sein de l’Autorité palestinienne, déclare qu’il conserve des réserves au sujet du vaccin russe Sputnik.

« Nous hésitons à utiliser ce vaccin et des procédures particulières seront adoptées concernant sa distribution. Nous réfléchissons à l’injecter d’abord à un petit groupe de personnes qui seront étroitement contrôlées avant que nous ne l’utilisions sur la population en général, dans la mesure où Sputnik V n’a pas obtenu d’autorisation d’urgence de la part de l’Organisation mondiale de la Santé. Nous avons encore des appréhensions à son sujet », explique al-Najjar, qui est directeur-général des services médicaux de prévention au sein du ministère et président du syndicat national des médecins palestiniens.

Les Palestiniens assistent à l(ouverture d’une unité Covid par le Premier ministre de l’AP, Mohammed Shtayyeh dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie, le 16 janvier 2021. (Crédit : Nasser Ishtayeh/ Flash90)

Une livraison initiale du vaccin Sputnik – suffisante pour vacciner 50 000 Palestiniens – doit arriver au mois de février, selon des déclarations faites par des responsables russes et palestiniens.

Al-Najjar estime, de son côté, que le vaccin AstraZeneca n’arrivera pas à Ramallah avant la mi-mars, ajoutant que les Palestiniens ont d’ores et déjà versé la moitié du prix des doses à la firme pharmaceutique britannique. Le reste des vaccins, ajoute-t-il, pourrait ne pas être livré avant la fin de l’année 2021.

« Nous avons payé 50 % du prix à AstraZeneca. Pour le reste des livraisons, il va falloir attendre encore longtemps… un grand nombre de ces vaccins n’arrivera pas avant la fin de l’année », précise-t-il.

Une petite livraison symbolique du vaccin russe – environ 5 000 doses qui ont été personnellement offertes par le président Vladimir Poutine – devait avoir lieu vendredi, ramenée par le biais d’un officiel de l’AP, Hussein al-Sheikh, mais aucune annonce officielle n’est venue confirmer leur arrivée. Une demande de commentaire du Times of Israel auprès du porte-parole du ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne est restée sans réponse.

Alors que le Times of Israel lui demande si le ministère de la Santé s’inquiète d’une utilisation vaste du vaccin russe dans la population palestinienne, al-Najjar répond par l’affirmative.

Le responsable du ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne Osama al-Najjar s’exprime sur une chaîne palestinienne au mois de juin 2020. (Capture d’écran : Facebook)

Al-Najjar explique que s’il a la certitude que « tous les vaccins » qui seront procurés par l’Autorité palestinienne ont bien suivi les procédures d’essais cliniques et d’approbation appropriés, il reconnaît que l’absence d’autorisation des instances internationales à l’usage de Sputnik est un élément qu’il juge préoccupant.

« Très certainement… En toute honnêteté, j’appréhende son utilisation », dit al-Najjar, qui ajoute qu’il « n’est pas facile pour nous de l’autoriser et cela nécessitera un contrôle et un suivi supplémentaires de notre part ».

« C’est un défi pour nous d’utiliser ce vaccin dans ces circonstances parce que Sputnik n’a pas encore effectué toutes les démarches qui sont nécessaires. En général, nous nous appuyons sur les avis médicaux qui sont émis par l’Organisation mondiale de la santé en ce qui concerne les vaccins », note al-Najjar.

Plusieurs échéances rendues publiques par Ramallah pour l’arrivée des vaccins ont d’ores et déjà expiré. Les responsables de la Santé avaient prédit que le vaccin russe pourrait être livré dès la fin décembre, un processus qui a été reporté depuis de manière significative.

Al-Najjar explique que l’AP est soumise à des contraintes financières importantes qui limitent grandement son choix de vaccins et les dates d’approvisionnement.

« Toutes les firmes avec lesquelles nous travaillons nous demandent une avance de 50 %, ce qui dépasse parfois nos capacités à payer », dit al-Najjar.

Des membres des forces de sécurité palestiniennes imposent un bouclage suite à la propagation du coronavirus à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 18 décembre 2020. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

Alors qu’Israël mène actuellement tambour battant sa campagne de vaccination contre le coronavirus, les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza n’ont pas encore commencé à se faire immuniser contre la maladie. Israël aurait versé un milliard de shekels pour bénéficier du précieux produit, une somme que les Palestiniens ne peuvent pas se permettre de payer.

Une réalité qui suscite l’inquiétude des deux côtés de la Ligne verte. Certains spécialistes israéliens ont indiqué qu’une immunité de groupe serait impossible au sein de l’Etat juif si les Palestiniens n’étaient pas, eux aussi, vaccinés contre la COVID-19.

« Le message est très simple : Nous ne formons qu’une seule unité épidémiologique. Et nous devons aider les Palestiniens à se faire vacciner dans la mesure du possible », avait confié la semaine dernière Moshe Bar-Tov, directeur-général du ministère de la Santé qui vient de quitter ses fonctions, au Times of Israel.

Des groupes de défense des droits de l’Homme ont appelé l’Etat juif à fournir des vaccins aux Palestiniens qui vivent dans les secteurs placés sous contrôle militaire israélien.

« Rien ne peut justifier la réalité qui est celle d’aujourd’hui dans certaines parties de Cisjordanie où, d’un côté de la rue, les gens se font vacciner tandis que de l’autre, ils ne reçoivent rien selon qu’ils sont Juifs ou Palestiniens », a commenté Omar Shakir, directeur du département pour Israël et la Palestine de Human Rights Watch.

Les responsables israéliens ont répondu que les Palestiniens étaient responsables de leur propre campagne de vaccination, comme l’ont prévu des accords bilatéraux signés entre les deux parties et même si certains ont laissé entendre que l’Etat juif pourrait réfléchir à fournir des vaccins aux Palestiniens une fois que tous les citoyens israéliens auraient reçu leurs deux doses.

Ramallah a aussi fait savoir que l’AP recevrait 20 % de ses vaccins gratuitement par le biais de Covax, un système international de partage de vaccins soutenu par l’OMS dont l’objectif est de garantir une distribution équitable de ces derniers aux pays pauvres et à revenus moyens.

Un porte-parole de l’envoyé de l’Organisation mondiale de la Santé auprès des Palestiniens a fait savoir au Times of Israel que la livraison prévue des vaccins devrait avoir lieu entre le premier trimestre 2021 et le mois de juin.

Le programme Covax n’a encore autorisé aucun vaccin à la distribution.

Al-Najjar a indiqué que le ministère de la Santé était prêt à fournir les vaccins. L’Autorité palestinienne a d’ores et déjà préparé un site internet et une base de données qui sera utilisée pour faire le suivi des résidents et pour garantir qu’ils obtiendront bien leurs deux doses.

« Nous avons formé des équipes spéciales pour leur apprendre comment se déroulera la mise en œuvre du processus de vaccination, nous avons préparé les matériels médicaux qui seront utilisés lors de cette campagne et nous avons décidé de la façon dont ils seront distribués, et des réfrigérateurs mobiles sont prêts pour assurer le transport et le stockage des vaccins », a continué Al-Najjar.

« D’un point de vue logistique, nous sommes prêts à commencer à vacciner la population dès que les doses arriveront », a-t-il conclu.

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