Le cabinet de sécurité soutient Netanyahu pour le maintien de Tsahal à Philadelphi
Gallant est le seul ministre du cabinet qui a voté contre ; le Forum des familles d'otages fustige Netanyahu qui « ne manque pas une occasion » de saboter l'accord sur les otages
Le cabinet de sécurité a voté jeudi soir à une écrasante majorité en faveur de la position du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui prévoit le maintien des troupes israéliennes dans le corridor de Philadelphie dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages toujours en cours de négociation, selon un haut responsable du bureau du Premier ministre.
Les ministres ont été invités à approuver une série de cartes établies par Tsahal montrant comment Israël entend maintenir la présence de ses troupes dans le corridor de Philadelphi, qui s’étend sur 15 km le long de la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza. Ces cartes ont déjà été adoptées par les États-Unis, a ajouté le responsable, faisant apparemment référence à la proposition de compromis presentee plus tôt ce mois-ci par l’administration Biden.
Le mois dernier, Netanyahu avait ajouté une nouvelle exigence aux négociations sur les otages, en insistant sur le rôle indispensable du maintien du déploiement de Tsahal dans le corridor de Philadelphi pour empêcher la poursuite de la contrebande d’armes, qui permettrait au Hamas de se reconstituer à la fin de la guerre.
Lors de la réunion du cabinet de sécurité jeudi soir, huit ministres ont voté en faveur de la position de Netanyahu sur le corridor de Philadelphi, seul le ministre de la Défense Yoav Gallant ayant voté contre, reflétant la propension de l’establishment de la Sécurité à faire preuve de plus de souplesse sur cette question, craignant que la position de Netanyahu ne fasse traîner les négociations et ne mette en péril la vie des otages.
Le ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, a été le seul à s’abstenir, estimant apparemment que la position de Netanyahu n’était pas assez ferme.
Au cours de la réunion, Netanyahu a indiqué aux ministres que si le Hamas avait réussi à lancer son attaque le 7 octobre, ce n’était pas parce qu’Israël ne contrôlait pas le corridor de Philadelphi, a rapporté le haut responsable israélien dans son communiqué.
Netanyahu a souligné qu’en maintenant le contrôle sur le corridor, Israël empêcherait une autre attaque de ce type de se produire car le Hamas ne parviendrait pas à se réarmer.
Il a également affirmé que cette position rendrait plus probable la conclusion d’un accord de libération des otages, car le Hamas comprendrait ainsi qu’il n’a pas d’autre choix que de faire un compromis sur cette question, tout comme il l’a fait lorsqu’il a accepté de renoncer à sa demande d’une fin permanente de la guerre.
Lors de la réunion du cabinet de sécurité de la nuit dernière, Netanyahu a vivement critiqué l’establishment de la défense, affirmant qu’ils avaient soutenu à tort le retrait d’Israël de Gaza en 2005, le retrait du Liban en 2000, ainsi que les Accords d’Oslo des années 1990.
« Les responsables de la Sécurité avaient affirmé qu’ils sauraient comment répondre à la première roquette tirée depuis Gaza, mais lorsque le Hamas a intensifié ses bombardements sur Israël, cela ne s’est pas concrétisé », a déclaré Netanyahu aux ministres, selon le communiqué du responsable de son bureau. Il faut noter qu’avant le désengagement, le Hamas lançait déjà des roquettes sur Israël.
« Les responsables de la sécurité pensaient également qu’ils sauraient comment gérer le retrait du Liban et, avant cela, l’importation d’éléments terroristes en Judée et en Samarie (Cisjordanie) dans le cadre des accords d’Oslo. Ces estimations étaient également erronées », a poursuivi Netanyahu aux ministres.
Par ailleurs, au cours de la réunion de jeudi soir, le cabinet de sécurité a reçu les résultats préliminaires d’une étude menée par Tsahal, révélant que la plupart des otages décédés ont été tués au cours des six premiers mois du conflit, soit à une période plus proche de l’assaut du 7 octobre, et non durant les mois récents, selon un responsable israélien.
Cette révélation survient alors que les familles des otages dénoncent le fait qu’un plus grand nombre de leurs proches auraient pu être sauvés si les négociations n’avaient pas traîné aussi longtemps. Début août, six otages, encore en vie au début de l’année, ont été rapatriés en Israël dans des housses mortuaires.
Le Forum des familles d’otages a vivement critiqué le Premier ministre Benjamin Netanyahu après le vote du cabinet de sécurité en faveur du maintien des troupes de Tsahal le long du corridor de Philadelphi.
« Après près d’un an de négligence, Netanyahu ne manque pas une seule occasion de s’assurer qu’il n’y aura pas d’accord », a déclaré le Forum. « Pas un jour ne passe sans que Netanyahu prenne des mesures concrètes pour compromettre le retour de tous les otages. »