Le Canada interdit les étiquettes “Produit d’Israël” pour les vins de Cisjordanie
La décision cible 2 vignobles d’implantation et place sur listes noires des millésimes du Golan et de Jérusalem Est ; une association juive juge la décision “troublante”
L’agence canadienne d’inspection des aliments a ordonné aux points de vente de boissons alcoolisées de cesser de vendre des vins fabriqués en Cisjordanie, en affirmant que les étiquettes les identifiant comme provenant d’Israël contreviennent à la politique d’Ottawa sur le territoire.
Les résidents d’implantation et au moins une association juive canadienne ont réagi avec colère à la décision, qui cible les caves de Psagot et de Shiloh, dont les vins sont fabriqués près de Ramallah.
La nouvelle de la publication de l’ordonnance a été révélée mardi lorsqu’une lettre de la Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) adressée aux vendeurs de boissons alcoolisées, détaillant la réglementation de l’Agence canadienne d’inspection des aliments envoyé une semaine plus tôt indiquait que « l’étiquette ‘produit d’Israël’ n’est pas un pays d’origine acceptable pour les produits viticoles fabriqués à partir de raisins cultivés, fermentés, transformés, mélangés et finis dans le territoire occupé de Cisjordanie. »
La décision s’étend aux vins provenant de « tout autre territoire occupé par Israël en 1967 » qui porte une telle étiquette, et pourrait être « considérée comme trompeuse », en mentionnant spécifiquement le plateau du Golan, Jérusalem Est et la bande de Gaza, en plus de la Cisjordanie.
L’ACIA est un organisme gouvernemental qui contrôle tout le marketing et la vente de vin au Canada.
« Je demande à tous les fournisseurs d’abandonner les importations ou les ventes de produits étiquetés ‘Produits d’Israël’ provenant des établissements vinicoles mentionnés ci-dessus (ou d’autres situés dans les mêmes régions) jusqu’à nouvel ordre », indique la lettre de la LCBO.
« Nous demandons actuellement des éclaircissements auprès de l’ACIA sur la façon dont ces vins doivent être étiquetés pour se conformer à la Loi sur les aliments et les médicaments. »
Dans un communiqué publié jeudi, B’nai Brith Canada a déclaré qu’il « s’attendait à ce que l'[ACIA] annule bientôt sa récente décision d’ordonner le retrait de certains vins israéliens des rayons. »
« B’nai Brith a reçu beaucoup d’ informations sur cette question provenant de sources multiples et de fonctionnaires au cours des 24 dernières heures alors que nous militions au nom de la communauté », a déclaré Michael Mostyn, directeur exécutif de B’nai Brith Canada. « Nous pouvons dire maintenant que nous attendons que cette décision troublante soit corrigée rapidement. »
Les vignobles des implantations ont prospéré au cours de la dernière décennie. Selon un rapport datant de 2011, les implantations de Cisjordanie accueillent 29 de plus de 150 établissements viticoles israéliens, contre 14 dans le célèbre pays viticole du plateau du Golan.
Plusieurs propriétaires de vignobles des implantations en Cisjordanie ont signalé des augmentations exponentielles de la production depuis le début des années 2000, la plupart de leurs vins étant vendus en Israël. Yaakov Berg, PDG de Psagot Winery, a déclaré que son entreprise a produit environ 300 000 bouteilles de vin l’année dernière et a vendu environ 65 % d’entre elles localement – une augmentation multipliée par cent depuis son ouverture en 2003.
Etant l’un des produits exportés les plus importants des implantations de Cisjordanie et du plateau du Golan, les vins ont été à l’avant-garde d’une bataille entre Israël et l’Union européenne sur l’étiquetage des produits.
En 2015, Israël a été furieux lorsque les grands magasins allemands KeDeWe ont cessé de vendre les vins du Golan pour se conformer aux réglementations sur l’étiquetage. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que cette décision constituait un boycott de l’Etat juif.
Yaakov Berg, PDG de Psagot Winery, a déclaré jeudi qu’il était « étonné » de la décision du Canada.
« Nous vivons en Judée et Samarie par droit historique. Le Canada, entre tous les pays, qui s’est établi et développé sur la base de l’occupation et en sacrifiant la patrie d’un autre peuple et qui n’a pas de racines ou de validité historique à son existence, ne reconnaît pas le droit d’un Juif de vivre et de cultiver des vignes des terres héritées de ses ancêtres ? », s’est-il étonné dans un communiqué.