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Analyse

Le candidat Pence aborde les questions juives sous un angle très différent de Trump

L'ancien vice-président, influencé par sa foi évangélique et le sionisme chrétien, a toujours soutenu Israël

Le vice-président américain Mike Pence visite le mur Occidental de Jérusalem, le 23 janvier 2018. (AFP Photo/Thomas Coex)
Le vice-président américain Mike Pence visite le mur Occidental de Jérusalem, le 23 janvier 2018. (AFP Photo/Thomas Coex)

Les deux hommes ont ravi l’establishment pro-israélien – Donald Trump en réalisant une longue liste de souhaits du gouvernement de droite d’Israël, Mike Pence en se révélant comme un sioniste chrétien invétéré au cours de ses années de mandat électif.

Mais la façon dont les deux hommes ont abordé les préoccupations juives est ressortie de manière flagrante peu de temps après l’entrée en fonction de Trump.

En effet, suite aux menaces à la bombe reçues par des centres communautaires et autres institutions juives, Trump s’était emporté contre un journaliste juif qui lui avait demandé ce qu’il comptait faire pour lutter contre l’antisémitisme, accusant le journaliste de mentir, et déclarant : « Bienvenue dans le monde des médias ».

Pence quant à lui, de passage à Saint-Louis quand un vandale a détruit plus de 150 pierres tombales dans un cimetière juif de la ville, avait condamné les menaces à la bombe et les actes de vandalisme, les qualifiant de « triste rappel du travail qu’il reste à accomplir pour éradiquer la haine, les préjugés et la méchanceté ». Il s’était ensuite rendu au cimetière, où râteau en main il a aidé à nettoyer les dégâts.

La candidature de Pence est un pari risqué. Sa cote de popularité ne dépasse pas les 10 %, et Trump est en tête dans les sondages. L’ancien président qualifie régulièrement Pence de traître parce que ce dernier, présidant à la certification des votes électoraux le 6 janvier 2021, ne lui a pas concédé la victoire aux élections.

Pence, de son côté, a déclaré que le comportement de Trump ce jour-là avait mis sa famille en danger.

Le seul moyen pour Pence de détrôner son ancien patron serait de réussir à exploiter le désir profond de certains républicains d’avoir un candidat plus conventionnel et de se débarrasser de Trump.

Quels que soient les résultats, voici quelques informations utiles sur Mike Pence et ses relations avec les juifs.

Il a toujours été pro-israélien

Dès lors qu’il a été élu à la Chambre des représentants des États-Unis en tant que républicain de l’Indiana en 2000, Mike Pence a clairement indiqué que la défense d’Israël était l’une de ses priorités.

« Mon soutien à Israël vient principalement de ma foi personnelle », a-t-il déclaré au Congressional Quarterly en 2002. Dieu a promis à Abraham : « Je bénirai ceux qui te béniront et je maudirai ceux qui te maudiront ».

Dans son autobiographie publiée l’année dernière, So Help me God il attribue son intérêt pour Israël et pour les questions juives à sa belle-sœur Judy, « une jeune femme élégante et sophistiquée issue d’une grande famille juive de Milwaukee » qui a épousé son frère Thomas, « un garçon rustique du sud de l’Indiana qui conduisait des pick-up et des motos tout-terrain et jouait du banjo ». Pence a écrit : « Elle en a fait un homme meilleur ».

Le vice-président Mike Pence dans un cimetière juif à Saint-Louis à la suite de la profanation du cimetière, en février 2017. (Crédit : capture d’écran/YouTube)

Pendant des années, une citation du livre de Jérémie de la Bible a été accrochée au-dessus de la cheminée de sa résidence personnelle, puis de ses résidences officielles – la Governor’s Mansion dans l’Indiana, ainsi que la résidence du vice-président à Washington, DC : « Car je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance ».

« Ce sont des mots auxquels ma famille s’est raccrochée, comme l’ont fait des générations d’Américains tout au long de notre histoire, tout comme le peuple d’Israël l’a fait tout au long de son histoire mouvementée », a déclaré Pence lors d’une conférence des Chrétiens unis pour Israël en 2017.

Au Congrès, Pence a pris la tête des efforts pour faire avancer les lois pro-israéliennes. Il a notamment défendu la barrière construite par Israël pour protéger le pays et certaines de ses implantations contre les attaques terroristes, en isolant des parties de la Cisjordanie. Avec le représentant Ron Klein, un démocrate de Floride, et feu Tom Lantos, un démocrate de Californie le seul survivant de la Shoah à avoir jamais été élu au Congrès, il a cofondé le groupe de travail sur l’antisémitisme au sein de la Chambre des représentants.

Dans son autobiographie, Pence raconte que Lantos a eu une profonde influence sur lui. « Lui et moi étions presque toujours en désaccord en matière de politique, mais j’ai toujours été inspiré par sa clarté morale et son courage », a-t-il écrit.

Klein est aujourd’hui président du Conseil démocrate juif d’Amérique.

Le vice-président américain de l’époque, Mike Pence, s’agenouille à côté de sa femme Karen, à droite, devant un wagon de marchandises autrefois utilisé pour transporter des Juifs, lors de leur visite de l’ancien camp de la mort nazi d’Auschwitz-Birkenau à Oswiecim, en Pologne, le vendredi 15 février 2019. (Crédit : Michael Sohn/AP)

Alors qu’il était gouverneur de l’Indiana en 2016, Pence a promulgué la première loi interdisant les activités de l’État avec les entreprises qui soutiennent le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions ciblant Israël, connu sous le nom de BDS. Le projet de loi s’appliquait également aux entreprises boycottant les implantations israéliennes – devenant ainsi l’un des premiers textes de loi à effacer la ligne de démarcation entre Israël et la Cisjordanie.

Plus tard cette année-là, la Coalition juive républicaine a fait l’éloge du choix de Pence comme colistier de Trump, le qualifiant de « leader critique et voix importante pour Israël pendant son mandat à la Chambre des représentants et en tant que gouverneur ».

Pendant l’administration Trump, Pence a assisté à toutes les conférences politiques de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) ; Trump, lui, les a toutes évitées.

Sa foi évangélique façonne sa politique intérieure

L’une des questions brûlantes des élections de 2024 sera l’avortement, à la suite de l’abrogation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême l’année dernière. Cette décision a donné aux différents États l’autorité de réglementer les droits en matière de procréation, ce qui a eu pour effet de limiter l’accès à l’avortement dans un grand nombre d’entre eux.

En matière d’avortement et d’autres questions, dont les droits des LGBTQ, Pence se démarque de la plupart des membres de la communauté juive, qui sont très favorables à l’accès à l’avortement et aux questions relatives aux LGBTQ.

Un certain nombre de républicains – au premier rang desquels Trump – estiment que leur parti devrait se réjouir de cette victoire et ne pas chercher à imposer de nouvelles restrictions à l’avortement, en faisant valoir que la décision prise l’année dernière a contribué aux pertes subies par les républicains lors des élections de mi-mandat.

Pence ne partage pas cet avis : il veut interdire l’avortement dans tout le pays. « Nous avons reçu une seconde chance pour la vie, il ne faut pas nous arrêter ni relâcher nos efforts jusqu’à ce que le caractère sacré de la vie retrouve sa place centrale dans le droit américain, dans tous les États du pays », a-t-il déclaré après la décision de la Cour suprême.

Pence est également un opposant de longue date aux droits des LGBTQ. Alors qu’il était gouverneur, il a cherché à exempter l’Indiana d’un arrêt de la Cour suprême reconnaissant les mariages entre personnes de même sexe, et lorsqu’il était membre du Congrès, il s’est opposé au financement d’actions de sensibilisation auprès des patients atteints d’HIV qui, selon lui, encourageaient les modes de vie des homosexuels. (Sa gestion de l’épidémie d’HIV dans l’Indiana avait alors aggravé la situation).

En 2015, à titre de gouverneur de l’Indiana, Pence avait signé l’une des lois autorisant les entreprises à refuser de servir les clients LGBTQ. Suite aux menaces des entreprises de boycotter l’État, il a rapidement signé une loi modifiée renforçant les protections pour les personnes LGBTQ.

Le vice-président américain Mike Pence incline la tête en signe de prière lors d’une discussion avec les chefs religieux locaux pour les encourager à reprendre les services religieux en personne de manière responsable en réponse à la pandémie de coronavirus, à Urbandale, dans l’État de l’Iowa, le 8 mai 2020. (Crédit : Charlie Neibergall/AP)

Quelques mois plus tard, la coalition juive républicaine, un groupe à tendance modérée sur les questions sociales et dont le directeur a déclaré que ses membres avaient « beaucoup de questions » à propos de la loi, a demandé à Pence pourquoi il avait fait adopter cette loi. Il s’était alors excusé en déclarant : « En fin de compte, nous avons adopté quelques réformes et précisé qu’il s’agissait d’un bouclier et non d’une épée », a-t-il déclaré à propos du projet de loi.

Pendant l’administration Trump, il a été le conseiller principal au sujet des traumatismes subis par les Juifs.

Lorsqu’il était vice-président, Pence était souvent le porte-parole privilégié des juifs en cas de tragédie.

En 2018, lors d’un événement sur la liberté de culte organisé par l’administration Trump, Pence a souligné les menaces de violence auxquelles sont confrontés les juifs en Europe, y compris dans des pays considérés comme des alliés par Trump.

« Alors que la liberté de culte est perpétuellement menacée dans les régimes autoritaires, les menaces contre les minorités religieuses ne se limitent pas aux autocraties ou aux dictatures », a-t-il déclaré. « Elles peuvent surgir, et de fait surgissent également dans les sociétés libres – non pas du fait de persécutions gouvernementales, mais du fait de préjugés et de la haine. »

La même année, il s’est dit « écœuré et consterné » par les graffitis nazis sur une synagogue de l’Indiana qu’il connaissait bien.

En 2019, il s’est rendu avec sa femme à la synagogue Habad de Poway, en Californie, après l’attaque meurtrière d’un suprémaciste blanc. « Nous devions venir », a-t-il dit au rabbin.

(De gauche à droite) Le rabbin Yisroel Goldstein bénit le vice-président américain Mike Pence et la seconde dame Karen Pence à la Habad de Poway, le 10 juillet 2019. (Crédit : Capture d’écran/Twitter)

La même année, il a visité Auschwitz et l’année suivante, il a assisté au cinquième Forum mondial de la Shoah à Yad Vashem, le mémorial israélien de la Shoah.

Certains efforts pour marquer la tragédie juive ont mal tourné. En 2018, lorsque Pence a marqué la Journée internationale de la Shoah, des personnalités juives l’ont critiqué pour avoir imprégné d’imagerie chrétienne sa célébration de la création de l’état d’Israël à la suite de la Shoah. « Il y a quelques jours, Karen & moi avons rendu hommage à Yad Vashem pour honorer les 6 millions de martyrs juifs de la Shoah qui, 3 ans après avoir marché sous l’ombre de la mort, se sont relevés de leurs cendres pour renaître et revendiquer un avenir juif », a-t-il déclaré sur Twitter.

Ce n’était pas la dernière fois qu’un événement organisé par Pence introduisait des thèmes chrétiens dans le deuil juif. Le 29 octobre 2018, Pence devait faire campagne dans le Michigan pour une républicaine juive candidate au Congrès, Leah Epstein.

Deux jours plus tôt, un tireur avait massacré 11 fidèles juifs dans une synagogue de Pittsburgh, la pire attaque contre des juifs de l’histoire des États-Unis. Epstein a invité un dirigeant juif messianique à prononcer une prière. Les Jews for Jesus, qui appellent leurs chefs spirituels des rabbins, croient en la divinité de Jésus, ce qui a fortement déplu à certains groupes juifs. Les collaborateurs de Pence se sont donc empressés de déclarer aux journalistes qu’il ignorait que le rabbin n’était pas, en fait, juif.

Pence ne figurait pas non plus parmi les nombreuses personnalités et partisans de l’administration Trump qui avaient exhorté le président à revenir sur son équivalence de « gens très bien des deux côtés » après la marche néo-nazie de Charlottesville, en Virginie, en août 2017, au cours de laquelle une jeune contre-protestante avait été tuée. Le vice-président avait défendu son patron : « Je soutiens le président », avait-il déclaré lorsqu’on l’a interrogé sur les propos de Trump.

Trump-Pence contre Trump

En conflit croissant avec son ancien patron depuis leur brouille du 6 janvier 2021, Pence a sa propre façon de distinguer le bon Trump du mauvais : les victoires de l’administration sont présentées comme des politiques « Trump-Pence », tandis que les choses moins glorieuses sont le fait de Trump.

Cette dynamique a été mise en évidence en novembre dernier lors de la conférence annuelle de la Coalition juive républicaine à Las Vegas, où Pence faisait partie d’un groupe de candidats potentiels à la présidence qui ont pris la parole. DeSantis, Nikki Haley et Trump lui-même y participaient aussi.

Transférer l’ambassade à Jérusalem ? « Trump-Pence ». « C’est l’administration Trump-Pence qui a tenu parole au peuple américain et à notre allié le plus cher, lorsque nous avons transféré l’ambassade américaine à Jérusalem, la capitale éternelle de l’État d’Israël », a déclaré Pence.

Le président américain Donald Trump tient un mémorandum signé après avoir prononcé son discours concernant Jérusalem depuis la Maison-Blanche, à Washington, le 6 décembre 2017, sous le regard du vice-président américain Mike Pence (Crédit : Saul Loeb / AFP)

Pour ce qui est des fausses affirmations de Trump selon lesquelles il aurait gagné l’élection de 2020, Mike Pence n’a pas nommé l’ancien président directement, mais s’en est démarqué.

« Le peuple américain doit savoir que notre parti s’en tient à notre serment envers la Constitution, même quand l’opportunisme politique peut suggérer que nous agissions différemment », a déclaré Mike Pence à l’époque. « Nous devons être de ces leaders qui respectent leur serment, même quand c’est pénible ».

Obtiendra-t-il des fonds juifs ?

Jusqu’à ce qu’il introduise sa demande lundi, le principal véhicule de collecte de fonds de M. Pence était un 501(c)4, un groupe de défense politique qui n’est pas tenu de divulguer ses donateurs ou des informations financières approfondies. Advancing American Freedom a déclaré que son objectif était de collecter des dizaines de millions de dollars pour promouvoir les causes conservatrices chères à Pence.

Maintenant qu’il est dans la course, il sera intéressant de voir où Pence puise son soutien juif. Un indice pourrait se trouver dans un voyage en avion : l’année dernière, Pence a effectué une tournée de campagne en Israël et en Ukraine. Miriam Adelson, la veuve du magnat des casinos et faiseur de rois républicains Sheldon Adelson, lui avait prêté l’avion.

Adelson a déclaré depuis qu’elle ne souhaitait pas s’impliquer dans les primaires du parti républicain.

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