Antisémitisme : 11 élus du Congrès exigent la destitution d’une rapporteuse de l’ONU
Onze membres du Congrès ont demandé le renvoi de Francesca Albanese, responsable des droits des Palestiniens, affirmant que son parti pris anti-juif "sape la crédibilité" de l'ONU
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NATIONS UNIES – Des membres du Congrès américain ont demandé lundi la révocation d’une responsable des droits des Palestiniens à l’ONU pour des commentaires antisémites révélés par le Times of Israel.
La rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese, qui est chargée d’enquêter sur les activités israéliennes dans les Territoires palestiniens, a des antécédents d’antisémitisme mais n’a ni subi de sanctions de la part de l’ONU ni présenté d’excuses formelles.
En 2014, lors d’un conflit entre Israël et des groupes terroristes de Gaza, Albanese avait déclaré que le « lobby juif » contrôlait les États-Unis.
Elle a également fait preuve de compassion avec des organisations terroristes, rejeté les préoccupations sécuritaires israéliennes, comparé les Israéliens aux nazis, accusé l’État juif de crimes de guerre potentiels, déclaré qu’Israël contrôlait la BBC et affirmé que l’État juif déclenchait des guerres par cupidité.
Albanese a tenté de prendre ses distances par rapport à ces commentaires dans une déclaration faite au Times of Israel, mais depuis l’article qui les a révélés le mois dernier, elle a nié que ces commentaires soient antisémites et a balayé d’un revers de la main les critiques, les jugeant comme « une énième attaque motivée politiquement ».
Un membre d’une commission d’enquête des Nations unies sur Israël, Miloon Kothari, a également fait des déclarations antisémites et est pourtant toujours en poste.
Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et au haut-commissaire, Volker Turk, onze membres du Congrès ont déclaré que « trop, c’est trop ».
« Il ressort clairement des déclarations de Mme Albanese que ces commentaires n’étaient pas simplement une erreur, mais plutôt une partie fondamentale de sa vision du monde », ont-ils déclaré. « Au lieu d’assumer la responsabilité de la répétition de clichés antisémites séculaires et de son incitation à la violence, Mme Albanese attaque ceux qui remarquent ses commentaires publics. »
« Vous avez déclaré ‘qu’il n’y a pas de place pour l’antisémitisme à l’ONU’, mais il semble que vous ayez de la place pour la rapporteuse spéciale Albanese et d’autres qui ont fait des déclarations antisémites à plusieurs reprises », indique la lettre.
No one should get a free pass for engaging in #antisemitism – including at the U.N.
Today, I led my colleagues in calling on the U.N. to remove Special Rapporteur Albanese from her post following her refusal to take accountability for her antisemitic comments. pic.twitter.com/2jyzJJHRU4
— Congressman Brad Sherman (@BradSherman) January 24, 2023
Les membres du Congrès ont déclaré que la rhétorique d’Albanese fait partie d’un modèle anti-Israël à l’ONU, notant que l’Assemblée générale a adopté plus de résolutions critiquant Israël que contre tous les autres pays réunis l’année dernière. La lettre mentionne également les déclarations de Kothari et l’antisémitisme des employés de l’agence controversée des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA.
« Ce comportement porte gravement atteinte non seulement à la crédibilité de l’ONU sur les questions relatives à Israël et aux Territoires palestiniens, mais aussi aux engagements de l’ONU envers les principes de tolérance, d’égalité de traitement et d’impartialité qui sont les siens », indique la lettre. « Nous vous demandons instamment de démontrer que l’ONU est capable de réellement s’attaquer à l’antisémitisme en démettant Mme Albanese de ses fonctions. »
La lettre était rédigée par le représentant de la Chambre des représentants Brad Sherman, un Démocrate de Californie, et la représentante Dina Titus, une Démocrate du Nevada.
« Dans ses remarques, Mme Albanese a réussi à insulter l’Amérique, à insulter les Juifs américains, et à diffamer Israël », a déclaré Sherman au Times of Israel. « Il était temps d’envoyer la lettre pour essayer de faire face à l’antisémitisme qui vient de quelqu’un qui prétend se battre pour les droits de l’Homme. »
« Il y a beaucoup de personnes de bonne volonté dans le monde qui pensent que le Conseil des droits de l’Homme doit défendre les droits de l’Homme et non l’antisémitisme », a-t-il ajouté.
Le bureau de Guterres a précédemment déclaré qu’Albanese était une enquêtrice indépendante nommée par le Conseil des droits de l’Homme à Genève, et qu’elle n’était pas sous le contrôle du secrétaire général.
Albanese, une avocate italienne, a été nommée l’année dernière rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’Homme dans les Territoires palestiniens. Le rapporteur est un expert indépendant nommé par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, chargé d’enquêter sur les droits de l’Homme dans les zones palestiniennes, de publier des rapports publics et de travailler avec les gouvernements et d’autres groupes sur cette question.
« L’Amérique et l’Europe, l’une subjuguée par le lobby juif, l’autre par le sentiment de culpabilité lié à l’Holocauste, restent sur la touche et continuent de condamner les opprimés – les Palestiniens – qui se défendent avec les seuls moyens dont ils disposent (des missiles défaillants), au lieu de mettre Israël face à ses responsabilités en matière de droit international », a écrit Albanese.
Les références aux Juifs et aux lobbies juifs exerçant un pouvoir disproportionné sont considérées comme antisémites parce qu’elles évoquent des tropes et des théories du complot ancestrales selon lesquelles les Juifs contrôleraient le monde depuis les coulisses. Nombre de ces stéréotypes dépeignent également les Juifs comme avides d’argent.
En réponse, la mission permanente d’Israël auprès de l’ONU à Genève a qualifié ces commentaires de « tache supplémentaire sur la crédibilité de cet organe et d’exemple supplémentaire de l’impunité qui existe aujourd’hui concernant l’antisémitisme et les commentaires antisémites faits par des fonctionnaires de l’ONU ».
« L’antisémitisme est une malice persistante qui a infecté le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies depuis bien trop longtemps », a déclaré la mission.
Les déclarations d’Albanese ont également été condamnées par l’envoyée de l’administration Biden pour la lutte contre l’antisémitisme, Deborah Lipstadt, la mission américaine auprès des Nations unies à Genève, le co-président du groupe de travail de la Chambre des représentants sur l’antisémitisme, des responsables israéliens et des groupes juifs américains de premier plan.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a défendu Albanese, qualifiant la condamnation de ses remarques « d’attaque coordonnée » et « d’assassinat de caractère ».
Les rapporteurs spéciaux de l’ONU sont censés être impartiaux, mais Albanese qualifie Israël « d’entreprise coloniale » et les Juifs d’Israël et de l’ancien mandat britannique « d’intrus étrangers subjuguant une population palestinienne indigène ». Elle a justifié à plusieurs reprises la violence contre les Israéliens, a sympathisé avec des groupes terroristes et a rejeté le droit d’Israël à l’auto-défense.
Dans son premier rapport officiel aux Nations unies cette année, elle a appelé à rejeter le paradigme du conflit, décrivant Israël uniquement comme un oppresseur et légitimant la « résistance » palestinienne. Elle reconnaît rarement le terrorisme palestinien.
Les commentaires d’Albanese sur le « lobby juif » font écho aux récentes déclarations d’un autre fonctionnaire de l’ONU enquêtant sur Israël.
En juillet dernier, Kothari, membre de la commission d’enquête de l’ONU chargée d’enquêter sur des crimes israéliens présumés, avait déclaré que les réseaux sociaux étaient « largement contrôlés par le lobby juif ». Il avait également demandé pourquoi Israël était autorisé à siéger à l’ONU. Il s’est ensuite excusé après avoir subi de fortes pressions, mais est toujours à son poste.
Albanese a défendu Kothari, qualifiant la critique de ses propos « d’allégations absurdes d’antisémitisme » et de « campagne de diffamation ».
La commission d’enquête de Kothari a été décrite comme étant sévèrement critique à l’égard d’Israël, et les partisans du pays soulignent qu’elle ignore presque complètement le terrorisme palestinien.