Le contrôleur de l’État critique le niveau de préparation des réservistes
Yosef Shapira a constaté que les réservistes de l’armée ne sont pas suffisamment entraînés
Mitch Ginsburg est le correspondant des questions militaires du Times of Israel

Le plus gros de l’armée de terre israélienne – ses réservistes – sont sous-entraînés au point qu’ils ne seraient pas capables d’accomplir ses missions, affirme le contrôleur de l’Etat d’Israël dans un rapport rendu public lundi.
« La durée et la manière dont ils sont entraînés ne permettent pas d’acquérir les méthodes et les compétences nécessaires pour le combat », écrit le contrôleur d’Etat, Yosef Shapira, dans un rapport destiné au ministère de la Défense.
Il a en outre constaté que cela pourrait nuire à la capacité des soldats « à remplir leurs missions ».
Israël a une armée permanente relativement petite, qui fonctionne grâce à la règle que lorsqu’il y a une guerre, ou même une opération militaire de grande envergure, le gouvernement peut convoquer les troupes de réservistes. Cela a été le cas dans chacune des guerres auxquelles Israël a participé.
Au cours de ces dernières années, en raison de la diminution du budget militaire par rapport au budget national – après la guerre du Kippour, ce budget représentait 28,7 % du PIB, il ne représentait plus que 6,7 % du PIB en 2012 – le volume et la rigueur de la formation des réservistes ont diminué.
Le manque de préparation était évident pendant la seconde guerre du Liban en 2006, et cela a provoqué une augmentation des formations dans les années qui ont suivi. En 2012 et 2013 cependant, l’armée a de nouveau décidé de limiter la formation des réservistes en raison des contraintes budgétaires.
Au cours de l’année 2013, le rapport a révélé que l’armée a effectué uniquement la moitié des exercices de formation de la brigade qui étaient prévus pour les troupes au sol aux unités de réservistes et seuls les trois quarts des exercices mis en place pour les bataillons au complet.
En juin 2014, les formations des réservistes ont été interrompues sur une période de plusieurs mois, mais elles ont été remises à l’ordre du jour au cours du dernier trimestre de cette année.
Le ministre de la Défense Moshe Yaalon est cité dans le rapport. Il aurait déclaré en juin 2014, que « la gravité de la crise budgétaire causerait des dégâts importants et désastreux ».
L’armée israélienne, en réponse au rapport, a déclaré qu’elle « agissait afin d’utiliser de façon optimale les entraînements » et pour équilibrer les besoins militaires et les contraintes budgétaires.
Après avoir salué le rapport et promis de « tirer les conclusions nécessaires », le communiqué de l’armée affirme qu’un « effort sera fait » pour mettre de côté des fonds en 2015, qui seront réservés à la formation des unités des réservistes.
Le rapport, composé de 10 chapitres, qui a aussi enquêté (entre autres) sur les industries aérospatiales d’Israël et le traitement des anciens combattants blessés, a également exprimé son inquiétude au sujet de la stagnation persistante de la protection des sites civils sensibles, qui pourraient être des cibles lors de futurs conflits armés.
Les conclusions révèlent que « s’il y a des progrès constants [en termes de] menaces, il n’y a pas de réels progrès dans la réponse apportée à ces menaces ».
En outre, Shapira a constaté que depuis 2004, le travail qui a été fait a été « principalement méthodologique » et qu’ « il n’a pas encore conduit à la prise de réelles mesures » – malgré le fait que le Commandement de la Défense passive, plutôt que les troupes militaires d’Israël, soit devenu la première cible des ennemis d’Israël.
À cet égard aussi, la deuxième guerre du Liban a servi de piqûre de rappel aux dirigeants d’Israël, soutient le bureau du contrôleur.
En juillet 2007, un an après le début de la seconde guerre du Liban, le contrôleur d’Etat de l’époque Micha Lindenstrauss, a publié un rapport sur l’état de préparation du Commandement de la défense passive.
Au cours de la guerre de 34 jours, écrit-il, « de multiples échecs, certains d’entre eux très graves », étaient manifestes dans la façon dont le gouvernement et les différentes forces de sécurité ont géré les attaques contre les civils israéliens.
Le remède, avait-il écrit, consistait pour le gouvernement à mettre en place « une organisation centrale, nationale » qui pourrait « se concentrer sur le front intérieur pendant les périodes ordinaires et des situations d’urgence – y compris la formulation de protocole et la construction de la structure des troupes et de leur formation ».
En 2011, l’opportunisme politique a donné naissance au commandement de la Défense passive, qui a été doté d’un budget, d’un personnel et de bureaux, mais pas de pouvoir législatif.
Trois ans plus tard, en avril 2014, avec peu de progrès réalisés, le ministre a démissionné et le ministère s’est effondré et restera inscrit dans les annales de l’Histoire.
Aujourd’hui, avec la responsabilité de la protection du Commandement de la défense passive entre les mains du ministère de la Défense, Shapira a exhorté le Premier ministre Benjamin Netanyahu à formuler une doctrine de défense pour les sites sensibles d’Israël et à nommer un seul acteur qui aura la responsabilité du projet.
Au nom de « la protection de la sécurité de l’Etat », il a retiré les détails spécifiques des recommandations du document destiné au public.
Shapira, beaucoup plus affable que son prédécesseur – qui était considéré comme un rival de Netanyahu – recommande que le chef d’état-major de l’armée israélienne établisse un budget pour les entraînements des réservistes des troupes au sol et que le ministre de la Défense approuve ce budget et le présente au cabinet et aux commissions des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset.
S’abstenir d’agir ainsi, écrit-il, « nuirait à la Knesset et à la capacité de l’échelon politique à superviser le niveau de préparation des unités des réservistes, comme l’exige [la loi] ».