Le corps du soldat Zvi Feldman, tué en 1982, retrouvé « au cœur de la Syrie » par le Mossad et Tsahal
Ce soldat, tué et dont le corps a disparu à la suite d'une bataille de la Première Guerre du Liban, a été retrouvé par l'armée israélienne, qui cherche toujours son ancien compagnon d'arme Yehuda Katz
L’armée israélienne et l’agence de renseignement du Mossad ont retrouvé le corps du sergent de première classe Zvi Feldman, disparu au cours de la bataille de Sultan Yacoub survenue lors de la Première Guerre du Liban les 10 et 11 juin 1982, a annoncé dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Lors d’une opération spéciale menée par [Tsahal] et le Mossad, le corps du sergent Zvika Feldman a été localisé au cœur de la Syrie et rapatrié en Israël », ont indiqué l’armée et l’agence d’espionnage dans un communiqué commun.
Feldman avait disparu au même moment que les sergents de première classe Yehuda Katz et Zachary Baumel, dont les restes ont été retrouvés et rendus à Israël en 2019.
La bataille de Sultan Yacoub, qui s’est déroulée il y a près de 43 ans, a opposé les armées israélienne et syrienne dans la plaine de la Békaa, au Liban. Elle a coûté la vie à 21 militaires israéliens et en a blessé plus de 30 autres.
« Pendant des décennies, Zvika a été porté disparu, et les efforts pour le retrouver, ainsi que les autres soldats disparus lors de cette même bataille, n’ont jamais cessé un seul instant », a déclaré Netanyahu dans un communiqué.
« Pendant de nombreuses années, j’ai autorisé de nombreuses opérations secrètes pour retrouver les disparus de Sultan Yacoub », a-t-il ajouté.
Il a ajouté qu’Israël ne s’arrêtera pas tant que Yehuda Katz n’aura pas été retrouvé.
Après le retour de Zvi Feldman, l’unité de l’armée qui s’occupe des recherches disparues dénombre trois soldats dont le sort demeure inconnu : outre Yehuda Katz, son camarade de Sultan Yacoub, l’aviateur Ron Arad, capturé lors d’une mission au Liban en 1986, et Guy Hever, disparu sur le Golan en 1997.
L’unité recherche des dizaines d’autres soldats officiellement morts, dont Hadar Goldin tué en 2014 à Gaza.

« Nous avons toujours cru que Zvika reviendrait, et il est bien revenu », a déclaré Anat Cohen, la sœur du sergent-chef Feldman, citée par Ynet.
« C’est un jour heureux pour nous et pour tout le peuple d’Israël. L’incroyable s’est produit », a-t-elle ajouté.
« Mon cœur déborde d’émotion et nous essayons de digérer tout cela. Je suis extrêmement émue. »
« Le retour de tous les disparus et otages, vivants et morts (…) est notre devoir moral et national », a déclaré le ministre de la Défense israélien, Israel Katz, dans un communiqué.

Le Forum des otages, qui représente la majorité des proches des personnes retenues captives à Gaza, a salué le retour de la dépouille du sergent-chef Feldman.
« Les familles des otages souhaitent adresser une chaleureuse étreinte à la famille Feldman et à toutes les familles qui ont le privilège de pouvoir enterrer leur proche », indique le communiqué.
« Le retour de Zvi Feldman est un rappel moral, éthique et national pour le Premier ministre et les membres du gouvernement : une tombe n’est pas un privilège, mais un devoir fondamental de l’État envers ses citoyens et ses combattants. En Israël, personne n’est laissé pour compte », a poursuivi le forum.
« En tant que société, nous ne devons pas normaliser une situation dans laquelle des familles doivent attendre plus de 40 ans pour retrouver leurs proches. »
« Il est possible, nécessaire et obligatoire de faire revenir aujourd’hui les 59 otages, les vivants pour qu’ils puissent se reconstruire et les morts pour qu’ils puissent être enterrés, sans mettre en danger un seul combattant des forces de sécurité. La seule solution correcte est un accord unique qui mettra fin à la guerre et les ramènera tous. Monsieur le Premier ministre, le choix et la capacité sont entre vos mains », a ajouté le forum.
Les groupes terroristes de la bande de Gaza détiennent 59 otages, dont 58 des 251 personnes enlevées par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023. Parmi eux se trouvent les corps d’au moins 35 personnes dont l’armée israélienne a confirmé la mort, dont un soldat tué il y a dix ans. Les autorités israéliennes se disent très inquiètes pour la vie de trois des vingt-quatre otages présumés encore en vie.
L’armée israélienne a diffusé plus tard une vidéo montrant le rapatriement de la dépouille du sergent Feldman en Israël.
La vidéo montre un cercueil drapé d’un drapeau israélien, tandis que les soldats récitent le Kaddish, la prière juive pour les morts.
La dépouille, dont l’état était complexe en raison du temps écoulé, a été prélevée pour identification il y a environ deux semaines. Une fois l’identification terminée tôt dimanche matin, la famille de Feldman a été informée.
L’uniforme du soldat du char a également été retrouvé et identifié par le chef de l’unité des personnes disparues de la Direction du renseignement, qui a lui-même servi dans le Corps blindé dans sa jeunesse.
L’opération visant à récupérer la dépouille du sergent-chef Feldman en Syrie a été menée par des agents non israéliens du Mossad, d’après des responsables de la Défense.
Les membres de l’équipe ont opéré en profondeur à l’intérieur du territoire syrien, à des dizaines de kilomètres de la frontière israélienne, au péril de leur vie, pour récupérer le corps.
Les responsables de la défense ont déclaré que les agents, opérant pour le compte du Mossad, étaient sous couverture et se trouvaient en Syrie depuis plusieurs années.
Au cours des cinq derniers mois, après la chute du régime du dictateur syrien Bashar el-Assad, des avancées ont été réalisées dans l’affaire Feldman et une occasion s’est présentée de récupérer sa dépouille, ont indiqué les responsables.
L’équipe d’agents du Mossad s’est rendue à plusieurs reprises dans un cimetière, rapportant divers éléments qui ont été envoyés en Israël pour y être identifiés.
Ces éléments ont finalement permis d’établir une correspondance avec l’ADN de Feldman. L’équipe a également retrouvé les restes de l’uniforme du soldat tankiste.
Selon des responsables, l’équipe a mené sa mission « sous le feu ».