GB: le gouvernement remet en question l’élection d’une cheffe de syndicat étudiant
Une ministre a demandé une enquête sur l'implication de la Shaima Dallali dans des campagnes contre la définition requise par l'IHRA de l'antisémitisme

Le gouvernement britannique a demandé cette semaine une enquête sur l’élection de la présidente du plus grand organisme de représentation des étudiants du pays, alléguant que sa victoire pourrait être invalidée en raison de son incapacité à reconnaître la définition requise par l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) de l’antisémitisme.
La présidente de l’Union nationale des Étudiants du Royaume-Uni (UK National Union of Students ou NUS), Shaima Dallali, est déjà sous le feu des critiques pour divers commentaires anti-israéliens et prétendument antisémites qu’elle aurait faits.
Elle a participé à une campagne visant à rejeter l’adoption de la définition de l’IHRA lors d’un référendum organisé sur la question pendant ses études à la City University de Londres en mars 2021.
Selon le Jewish Chronicle, Dallali a « liké » les messages publiés sur les réseaux sociaux par City Friends of Palestine, une association qu’elle a fondée, qui appelaient au rejet de la définition de l’IHRA.
Le référendum a ensuite rejeté l’adoption de la définition par une majorité des deux tiers.
Lorsque le Jewish Chronicle lui a demandé si elle soutenait la définition de l’IHRA, Dallali a déclaré « s’engager à créer un NUS ouvert à tous les étudiants… une communauté qui ne connaît aucune forme de discrimination ou d’injustice et qui s’y oppose ».
« Mon engagement envers l’antiracisme n’a pas changé », a-t-elle ajouté.
Selon le Chronicle, la ministre britannique des Universités, Michelle Donelan, a écrit à Civica Election Services, l’organisme qui a supervisé l’élection de Dallali, pour demander une enquête sur les allégations selon lesquelles la nouvelle présidente aurait violé les « règles fondamentales » du NUS en raison de son opposition à la définition.

Le rapport indique que les règles du NUS stipulent que tous les candidats à un poste au sein du syndicat « doivent s’engager à lutter contre le racisme… et l’antisémitisme conformément à la définition de l’IHRA ».
Cependant, un porte-parole de Civica a déclaré au Jewish Chronicle que la demande d’enquête avait déjà été rejetée.
« La question soulevée par le ministère de l’Éducation a fait l’objet d’une plainte qui a été portée en appel en notre qualité de directeur général des élections et sur laquelle nous avons statué en conséquence. Aucune autre enquête n’est en cours », a déclaré l’organisation.
Les fonctionnaires du ministère de l’Éducation seraient en train d’étudier d’autres moyens de faire avancer l’affaire.
La définition de travail de l’IHRA a été adoptée en 2016 et décrit diverses formes d’antisémitisme, notamment la négation de la Shoah et le refus de l’autodétermination des Juifs. Elle reste controversée pour avoir inclus certaines formes de discours anti-israéliens parmi ses exemples d’antisémitisme.
Cette définition a été adoptée par les principaux partis politiques britanniques et par environ 300 établissements d’enseignement différents.

S’adressant au Jewish Chronicle, l’ancien ministre de l’Intérieur et des Affaires étrangères Jack Straw, qui était également un ancien président du NUS, a accablé Dallali pour son manque d' »engagement explicite contre l’antisémitisme », et s’est inquiété que l’avenir du NUS soit « sérieusement menacé. »
La semaine dernière, le secrétaire britannique à l’éducation, Nadhim Zahawai, a annoncé que le gouvernement britannique suspendait son financement et se désengageait du NUS.
Zahawai a défendu la décision du gouvernement, déclarant :
« Les étudiants juifs doivent avoir confiance dans le fait qu’il s’agit d’un organisme qui les représente, et nous devons être sûrs que les organismes étudiants avec lesquels nous nous engageons parlent équitablement au nom de tous les étudiants, c’est pourquoi nous nous désengageons du NUS jusqu’à ce que les problèmes soient résolus ».
L’organisation a une long historique d’accusations de remarques antisémites et d’exclusion des Juifs des activités syndicales.
Après l’élection de Dallali, l’Union des étudiants juifs a mis en lumière divers commentaires anti-israéliens et prétendument antisémites qu’elle aurait faits, notamment un message posté il y a 10 ans qui disait : « Khaybar Khaybar O Juifs… L’armée de Mahomet reviendra à Gaza », en référence à la bataille de Khaybar en 628 de notre ère, au cours de laquelle des troupes musulmanes auraient attaqué des indigènes juifs dans la ville de Khaybar. Dallali s’est depuis excusée pour cette publication sur les réseaux sociaux.
Les étudiants juifs ont également exprimé leur inquiétude après que le rappeur Lowkey ait été invité à un événement du NUS, après avoir déclaré dans une interview en ligne que les médias avaient « instrumentalisé l’héritage juif du [président ukrainien] Zelensky » afin d’ignorer les activités présumées d’extrême droite en Ukraine.
Lorsque l’Union des étudiants juifs a rencontré le NUS au sujet de l’événement prévu en mars, ce dernier a déclaré que si l’apparition était problématique, ils pouvaient rester dans un « espace sûr » désigné pour ceux qui sont sensibles au bruit afin d’éviter le concert de Lowkey, selon le Guardian. Lowkey a finalement annulé sa participation à l’événement.
En avril, plus de 20 anciens présidents du NUS ont envoyé une lettre aux administrateurs de l’organisation, les exhortant à répondre aux accusations d’antisémitisme, selon le Guardian.
Le NUS est une association confédérale d’environ 600 syndicats d’étudiants, représentant plus de sept millions d’étudiants.