Le Hamas aux Gazaouis : Ne montrez pas à Israël les zones de tirs
Une vidéo du ministère de l'Intérieur guide les habitants sur la terminologie de guerre anti-Israël, et les exhorte à « diffuser des photos de victimes »
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Le ministère de l’Intérieur du Hamas à Gaza – toujours actif malgré sa dissolution officielle par le gouvernement d’unité avec le Fatah – demande aux citoyens de ne pas partager les photos de roquettes lancées à partir de zones résidentielles du centre de la bande de Gaza, de peur qu’Israël ne les vise.
Le département des médias sociaux du ministère a publié jeudi une vidéo en arabe contenant des lignes directrices pour un engagement médiatique sur les médias sociaux « prudent et efficace » sur Facebook et Twitter lors de l’opération Bordure protectrice.
Le ministère appelle les habitants à s’abstenir de relayer les « rumeurs » israéliennes, et d’adopter « le narratif de l’occupation ». « Remettez-le toujours en question et dissipez-le », conseille la vidéo.
« Evitez de poster des photos de missiles lancés du centre de la ville en direction d’Israël. Cela est utilisé comme un prétexte pour frapper les zones résidentielles dans la bande de Gaza », poursuit-il.
Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Rami Hamdallah, également nommé ministre de l’Intérieur dans le nouveau gouvernement d’unité assermenté 2 juin, a admis dans une interview avec le New York Times le mois dernier que son gouvernement basé à Ramallah n’exerce aucun contrôle sur la bande de Gaza.
Le site du ministère du Hamas est resté actif en permanence tout au long de l’opération de l’armée israélienne, diffusant des nouvelles et des directives aux résidents.
Lorsqu’on se réfère à des victimes à Gaza, le terme « citoyen innocent » doit toujours être ajouté au nom, indique la vidéo.
« Commencez votre couverture des activités de résistance [du Hamas] en écrivant ‘en réponse à l’attaque israélienne brutale’ et en finissant par ‘plus de X martyrs ont été tués depuis qu’Israël a entrepris son agression contre Gaza’ ».
« Toujours se concentrer sur le rôle de ‘l’occupation israélienne comme agresseur’ et ‘nous en Palestine représentons la réponse’. »
Dans certains cas, les conseils de la vidéo tanguent entre la sécurité opérationnelle et des conseils pour un plaidoyer efficace.
« Ne pas publier de photos ou de clips vidéo illustrant les emplacements des lancements de fusées ou des mouvements de résistance [des membres du Hamas à Gaza] », avertit la vidéo.
« Aux administrateurs des pages Facebook de nouvelles, ne pas publier de photos d’hommes masqués portant des armes lourdes prises de près, afin que votre page ne soit pas fermée pour incitation à la violence. »
Les commentateurs Facebook doivent décrire la fabrication locale de roquettes comme une « réponse naturelle aux lancements de missiles de l’occupation sur des civils en Cisjordanie et à Gaza ».
Les photos, conclut la vidéo, doivent mentionner l’heure et le lieu où elles ont été prises, étant donné qu’Israël prétend que les Palestiniens utilisent des photos d’archives et les présentent comme neuves.
« Dans chaque incident, assurez-vous de mentionner le nombre de femmes et d’enfants tués ou blessés. Il n’y a rien de mal à publier des photos de blessés », exhorte le Hamas dans la vidéo.