Le Hamas semble rejeter un nouvel accord, disant qu’il n’acceptera qu’un retrait total de Tsahal
Le groupe terroriste paraît refuser la dernière offre faite par les médiateurs après que le Premier ministre qatari a évoqué "de bons progrès", Israël approuverait une longue trêve mais pas la fin de la guerre
Le Hamas a paru, lundi soir, rejeter la nouvelle ébauche d’un accord sur les otages qui a été acceptée par Israël, faisant savoir qu’il n’acceptera pas de proposition qui ne comprendra pas un cessez-le-feu définitif et le retrait de toutes les forces israéliennes de Gaza.
Le groupe terroriste a émis un communiqué aux côtés d’une plus petite faction, le Front populaire pour la libération de la Palestine, dans lequel il a insisté sur la nécessité, pour Israël, de cesser « son agression » et de quitter Gaza avant qu’un échange de prisonniers, quel qu’il soit, puisse être envisageable.
Un haut-responsable du Hamas a indiqué que le groupe terroriste voulait « un cessez-le-feu total et général » à Gaza.
« Nous parlons avant tout d’un cessez-le-feu total et général, pas d’une trêve temporaire », a commenté Taher al-Nunu auprès de l’AFP. Il a ajouté qu’une fois que les combats seront terminés, « le reste des détails pourra être discuté » – et notamment la question sensible de la remise en liberté des otages.
Le Premier ministre qatari avait précédemment affirmé qu’il pensait que le Hamas avait « renoncé » à sa demande d’un cessez-le-feu complet comme condition préalable à un accord – une condition qui avait, d’emblée, été catégoriquement rejetée par Israël.
De multiples chaînes israéliennes de télévision avaient indiqué, dans la journée, que les négociateurs israéliens qui se trouvaient à Paris avaient accepté une proposition d’accord portant sur le problème des otages.
L’ébauche, préparée pendant une rencontre entre les chefs des services de renseignement israéliens du Mossad et du Shin Bet et des responsables américains, qataris et égyptiens de premier plan, a été présentée lundi au Hamas, a fait savoir NBC News.
Il est difficile de dire si le communiqué du Hamas a été la réponse apportée par le groupe terroriste à ce projet d’accord en particulier.
L’accord prévoit la libération de tous les otages israéliens, à commencer par les femmes, les enfants, les personnes âgées et les malades. Il y aurait des « pauses » courant sur plusieurs phases dans le conflit contre le Hamas pendant ce processus de remise en liberté des captifs, ont laissé entendre des informations.
Israël, de son côté, permettrait à de plus grandes quantités d’aides humanitaires d’entrer à Gaza et libérerait un nombre important de prisonniers palestiniens incarcérés au sein de l’État juif pour atteinte à la sécurité nationale.
Le cadre déterminé dans l’ébauche ne prévoirait pas de cessez-le-feu permanent – sans exclure pour autant une telle perspective.
Selon la Douzième chaîne, l’offre porterait sur une trêve de 45 jours dans les combats en échange de la libération de 35 à 40 otages au cours d’une première phase. Entre cent à 250 prisonniers palestiniens seraient remis en liberté pour chaque captif. De nouvelles libérations auraient lieu contre une prolongation de la pause, avec un pourcentage supérieur de détenus palestiniens relâchés contre chacun des otages.
Israel Hayom a fait savoir que les responsables du Mossad et du Shin Bet avaient déclaré à leurs interlocuteurs qataris, égyptiens et américains qu’Israël voulait faire preuve de flexibilité concernant la durée de la pause dans les combats, le nombre de prisonniers libérés et la quantité d’aides humanitaires autorisée à pénétrer dans la bande de Gaza – mais que le pays se refusera à envisager un cessez-le-feu définitif indépendamment des circonstances.
Le Bureau du Premier ministre a émis un communiqué qui n’a pas démenti qu’Israël avait approuvé l’ébauche d’un accord portant sur les otages mais qui a affirmé que « les informations au sujet d’un accord sont incorrectes et elles présentent des conditions ostensibles qu’Israël ne saurait accepter ».
Les officiels israéliens ont expliqué lundi au Times of Israel qu’ils étaient prudents. « La route est encore longue », a estimé l’un d’entre eux.
Lors d’un point-presse, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a dit croire que « la proposition faite est forte, elle est convaincante… Mais le Hamas devra prendre ses propres décisions ».
« Nous avons énormément avancé par rapport à la situation qui prévalait il y a quelques semaines », a indiqué le Premier ministre qatari, Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, devant l’assistance de l’Atlantic Council de Washington.
« Hier, de réels progrès ont été enregistrés pour remettre les choses en forme et pour poser les bases nécessaires, au moins, pour aller de l’avant », a ajouté Al- Thani qui a noté que la proposition avait été transmise au Hamas.
Il a dit qu’un accord pourrait entraîner « à l’avenir » un cessez-le-feu permanent.
Al Thani a hésité lorsqu’il a été interrogé sur les critiques proférées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’encontre de la médiation qatarie, la semaine dernière – il avait estimé que l’émirat du Golfe était « problématique » – se contentant de dire qu’il n’attendait pas de remerciement de la part du chef du gouvernement israélien.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a pour sa part déclaré lundi que les parties étaient « plus proches qu’elles ne l’ont jamais été » d’un nouvel accord sur les otages, même s’il a souligné que « cela ne devrait pas arriver immédiatement… Nous affichons un optimisme prudent ».
Il a confié à la Douzième chaîne que la proposition actuellement élaborée ne prévoyait pas de cessez-le-feu permanent, mais un arrêt prolongé des combats. « Ce serait une pause humanitaire plus longue que celle de la dernière fois… Un pause plus longue, temporaire dans la guerre… Ce serait l’opportunité donnée de rapatrier un plus grand nombre d’otages… et de faire entrer de plus grandes quantités d’aides humanitaires ».
Le cabinet de guerre devait se rencontrer lundi dans la soirée, a confié un responsable israélien au Times of Israel.
Le bureau de Netanyahu avait confirmé, dimanche, qu’une rencontre entre les États-Unis, Israël, le Qatar et l’Égypte avait eu lieu pour débattre d’un éventuel accord. Des discussions que le Bureau avait qualifiées de « constructives ».
« Il y a encore des différences significatives dont les parties débattront cette semaine dans le cadre de réunions supplémentaires », avait ajouté le Bureau.
Le directeur de la CIA, Bill Burns, avait parlé des contours de l’accord, en France, avec David Barnea, chef de l’agence du Mossad ; avec le qatari Al-Rhani et Abbas Kamel, qui dirige les services égyptiens de renseignement.
Ronen Bar, le numéro un du Shin Bet, et l’envoyé militaire sur la question des otages Nitzan Alon étaient également présents lors de ce sommet.
Sur les 253 otages enlevés par le Hamas, le 7 octobre, 132 seraient encore détenus à Gaza, et certains ne sont plus en vie. Le Hamas aurait demandé comme condition préalable à leur libération la fin totale des combats et les départ des forces israéliennes de la bande de Gaza – des demandes qui ont été rejetées par Israël.
Les négociateurs américains avaient fait état de progrès sur la question de l’accord potentiel dans le conflit en cours dans la bande de Gaza. Les officiels, qui s’étaient exprimés sous couvert d’anonymat en raison du caractère sensible des négociations, avaient confié samedi que les dispositions figurant dans cette ébauche d’accord se dérouleraient en deux phases.
Le New York Times avait lui aussi relayé, samedi, cette information faisant état de progrès réalisés.
Selon ces informations, pendant la première phase, les combats cesseraient pour permettre aux femmes, aux personnes âgées et aux blessés actuellement retenus en captivité par le Hamas d’être relâchés.
Israël et le Hamas finaliseraient alors les détails de la pause pendant 30 jours, avant de lancer une seconde phase qui serait marquée par le remise en liberté des soldats et des hommes retenus en otage, en échange de la libération d’un grand nombre de détenus palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale.
S’il ne mettrait pas un terme définitif à la guerre, les responsables américains espèrent que l’accord pourrait poser les fondations nécessaires pour une résolution durable du conflit.
La guerre avait éclaté le 7 octobre, lorsque des terroristes du Hamas, dans la bande de Gaza, avaient lancé une attaque massive dans le sud d’Israël qui avait fait 1 200 morts environ, des civils en majorité dont la plus jeune avait 10 mois. Les hommes armés avaient commis des massacres ; ils s’étaient rendus coupables de viols en réunion et il avaient torturé et mutilé leurs victimes dans les communautés frontalières de la bande de Gaza, exécutant froidement les jeunes qui prenaient part à une rave-party. Ils avaient aussi kidnappé 253 personnes, des civils en majorité, les prenant en otage dans la bande de Gaza. Plus de 130 otages sont encore à Gaza, le plus jeune a un an.
En guise de réponse à l’assaut meurtrier, Israël a lancé une campagne militaire, notamment une offensive terrestre, dont l’objectif est de détruire le Hamas, de l’écarter du pouvoir et d’obtenir la libération des otages.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis, à plusieurs reprises, de continuer l’offensive jusqu’à la victoire totale d’Israël contre le groupe terroriste.
Netanyahu est soumis aux pressions de plus en plus fortes des familles des otages, qui exigent un accord qui permettrait à leurs proches d’être relâchés. Des rassemblements hebdomadaires qui ont lieu chaque semaine à Tel Aviv réclament qu’Israël puisse conclure un tel accord – cela a encore été le cas samedi soir.
Environ cent otages avaient été remis en liberté dans le cadre d’un cessez-le-feu temporaire, à la fin du mois de novembre, en échange de prisonniers palestiniens détenus pour atteinte à la sécurité nationale. La trêve avait été négociée par l’Égypte et le Qatar.
L’armée a confirmé la mort de 28 personnes qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas, citant des informations et des renseignements obtenus, sur le terrain, par les troupes qui sont en opération à Gaza.
Kirby, dans un entretien télévisé, a démenti toute perte de confiance ou de patience des États-Unis à l’égard de la manière dont Israël gère le conflit : « Nous offrons encore un soutien solide à nos partenaires israéliens dans leur droit à attaquer le Hamas, à cette responsabilité qu’ils doivent assumer – nous reconnaissons encore que le groupe terroriste est une menace pour les Israéliens. Ainsi, le soutien que nous offrons à Israël va se maintenir ».
Il a toutefois ajouté que « nous voulons, à l’évidence, un nombre moindre de victimes civiles et nous voulons également un acheminement plus important des aides humanitaires ; nous voulons qu’on prête de l’attention, de la précision, dans la manière dont les opérations sont conduites. »
Il a ajouté que l’État d’Israël se montrait « réceptif » sur ces questions et que le pays « a fait un effort pour essayer de réduire le nombre de victimes civiles. Les militaires s’appuient dorénavant moins sur la puissance aérienne. Ils ont structuré les opérations terrestres de manière à ce qu’elles soient plus ciblées et plus précises ».
Kirby a ajouté qu’il lui était dit « en permanence » que « Israël nous ignore, qu’Israël ne nous écoute pas. Franchement, les faits ne le démontrent absolument pas. »