Le Hezbollah aurait ciblé le QG du Mossad près de Tel Aviv lors de l’attaque déjouée
Selon Tsahal, des centaines de roquettes devaient être tirés, bien l'armée en a détruit des milliers pour éliminer une "future menace plus importante" ; des drones visait Tel Aviv
Une opération préventive de l’armée israélienne a permis de détruire des milliers de lance-roquettes du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah dimanche matin, dont certains visaient le quartier général du Mossad dans le centre d’Israël, a indiqué Tsahal.
Les responsables du Commandement du Front intérieur ont levé les restrictions de circulation émises dans la zone comprise entre Tel Aviv et le nord du pays en début d’après-midi. Ces restrictions sont toutefois encore en vigueur le long de la frontière et sur le plateau du Golan, après que les jets israéliens ont pilonné le sud du Liban tout au long de la matinée de dimanche, dans ce que l’armée a appelé une mesure préventive pour « éliminer la menace » d’attaques de roquettes et de drones.
Tsahal a déclaré dans un premier temps avoir détruit des milliers de lance-roquettes prêts à attaquer le nord du pays et la région de Tel Aviv, après avoir repéré pendant la nuit des préparatifs en vue d’une attaque majeure et immédiate. Toutefois, les responsables militaires ont ensuite déclaré que si Israël avait effectivement détruit des milliers de lance-roquettes, seules quelques centaines d’entre elles étaient destinées à être utilisées au cours de cette attaque.
Dans une vidéo, le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que le Hezbollah avait eu l’intention de lancer des centaines de roquettes sur le nord et plusieurs drones sur le centre d’Israël lors de son attaque, qui a été en grande partie déjouée par Tsahal.
« Avant l’aube, nous avons identifié les préparatifs du Hezbollah pour effectuer des lancements contre le nord et le centre [d’Israël] », a-t-il déclaré, ajoutant que les frappes israéliennes avaient eu lieu dans une quarantaine de régions du sud du Liban.
« Nous avons éliminé une menace plus importante, probablement une menace future dans certaines régions, en mettant l’accent sur les roquettes visant le nord d’Israël », a ajouté Hagari.
Le Hezbollah a réussi à lancer 210 roquettes et une vingtaine de drones depuis le Liban sur le nord et le centre d’Israël aux premières heures de dimanche, selon Tsahal. Certains projectiles ont été interceptés, tandis que d’autres ont touché le sol, causant des dégâts aux habitations et blessant légèrement au moins une personne.
Un soldat israélien, qui se trouvait à bord d’un navire de la marine nationale, a été tué et deux autres ont également été blessés au cours de l’attaque.
De nombreuses roquettes ont également frappé des zones ouvertes, certaines provoquant de petits feux de broussailles.
Aucune base de Tsahal n’a été endommagée lors de l’attaque et aucun des drones du Hezbollah n’a touché de cibles dans le centre d’Israël, a assuré l’armée.
Selon des évaluations israéliennes officieuses divulguées à la presse et dont la publication a été autorisée par les autorités militaires, le Hezbollah prévoyait de lancer des missiles sur la base de Glilot, située à proximité de Herzliya, où se trouvent le quartier général de l’agence de renseignement du Mossad et plusieurs unités de renseignement de Tsahal, notamment l’unité d’élite 8 200 du Corps de Collecte de Renseignements.
Si l’écrasante majorité de l’arsenal du Hezbollah serait constituée de roquettes, qui suivent une trajectoire parabolique déterminée par la gravité, il possèderait également un petit nombre de missiles, qui peuvent être guidés.
Tsahal ne pense pas que l’attaque visait le complexe de la Kirya, située au cœur de Tel Aviv, où se trouvent les quartiers généraux de l’armée et le ministère de la Défense, ni l’aéroport Ben Gurion, situé à l’est de Tel Aviv.
Les autorités ont fermé l’aéroport pendant pratiquement deux heures dimanche matin, et des dizaines de vols à destination de Tel Aviv et de Beyrouth ont été détournés, reportés ou annulés.
Le Commandement du Front intérieur a imposé des restrictions sur les rassemblements et les activités scolaires dans les zones allant de Tel Aviv vers le nord pendant une bonne partie de la matinée, mais les ont levées vers 13 heures, la vie reprenant lentement son cours normal après le dernier tir de barrage déjoué.
Le Hezbollah a affirmé avoir lancé plus de 320 roquettes et drones sur le nord d’Israël pour venger l’assassinat du chef de sa branche armée, Fouad Shukr, affirmant que ses drones avaient atteint leurs cibles, dont onze bases militaires dans le nord. Le groupe terroriste chiite libanais a ensuite annoncé qu’il avait « terminé ses opérations militaires pour la journée », mais a indiqué que d’autres attaques pourraient suivre.
Selon le Hezbollah, l’attaque a visé « une cible militaire israélienne qualitative qui sera annoncée plus tard » ainsi que « des sites et des casernes ennemies et des batteries du Dôme de fer ».
Il a ensuite publié une courte vidéo de propagande détaillant les sites militaires qu’il a affirmé avoir ciblés, tous situés dans le nord d’Israël.
Le groupe terroriste chiite libanais soutenu par l’Iran a rejeté l’affirmation d’Israël selon laquelle son opération avait été perturbée, affirmant que cela « contredit les faits sur le terrain et serait réfuté » par le chef du groupe terroriste, Hassan Nasrallah, au cours de la journée de dimanche.
Le Hezbollah a toutefois annoncé que deux de ses éléments avaient été tués dans les combats dimanche, ce qui porte à 430 le nombre de de ses terroristes tués par Israël depuis le 8 octobre. Par ailleurs, le groupe terroriste Amal, allié du Hezbollah, a déclaré que l’un de ses éléments avait été tué par une frappe sur une voiture.
Cet échange de tirs nourris fait suite à des semaines d’intense activité diplomatique visant à empêcher que la réponse promise par le Hezbollah à l’assassinat de Shukr ne déclenche un conflit plus large, après dix mois de tirs transfrontaliers de faible intensité qui ont amené les deux parties au bord de la guerre.
Le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur Israël le 8 octobre, en soutien au Hamas, à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien, le 7 octobre, entraînant une opération militaire israélienne dans l’enclave palestinienne. D’autres groupes terroristes mandataires iraniens ont également attaqué Israël en soutien au Hamas.
La communauté internationale s’est également efforcée d’éviter une réaction iranienne à l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël, craignant qu’elle ne fasse boule de neige et ne débouche sur une guerre régionale.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a tenu des consultations de sécurité à la Kirya dimanche en début d’après-midi après s’être entretenu avec les responsables de la Défense lors d’une réunion d’urgence quelques heures plus tôt, a déclaré qu’Israël ferait tout ce qui est nécessaire pour protéger ses citoyens.
« Nous continuons à suivre une règle simple : quiconque nous fait du mal, nous lui faisons du mal », a réaffirmé Netanyahu au début de la réunion hebdomadaire de son cabinet.
Dans le même temps, un responsable gouvernemental anonyme aurait déclaré à la Douzième chaîne qu’Israël n’était pas intéressé par l’élargissement du conflit.
« Il ne s’agit pas d’une attaque visant à déclencher une guerre, mais plutôt à éliminer une menace sérieuse pour des millions de citoyens israéliens », a rapporté la chaîne citant la source anonyme. « La poursuite de l’escalade dépend des actions du Hezbollah. »
Les membres de l’opposition ont largement exprimé leur soutien à la frappe préventive de Tsahal, le chef de l’opposition Yaïr Lapid ayant écrit sur le réseau social X que « toute tentative d’attaque contre Israël se heurtera à une main lourde et aux capacités de Tsahal et du système de sécurité ».
« Nous sommes tous d’un seul poing contre le Hezbollah – le gouvernement et Tsahal bénéficient d’un soutien total, large et absolu », a déclaré Benny Gantz, ancien membre du cabinet de guerre.
Cependant, certains à droite, notamment des alliés de Netanyahu, ont accusé le gouvernement de ne pas en faire assez pour dégrader les capacités du groupe terroriste.
« Le choix de déjouer l’attaque seulement après dix mois et demi d’attaques du Hezbollah contre Israël est la continuation de la politique d’endiguement », a déclaré Gideon Saar, chef du parti d’opposition Tikva Hadasha. « Cette opportunité aurait dû conduire à une décision sur une attaque préventive globale pour changer la réalité dans le nord. »
Le ministre du Patrimoine, Amichaï Eliyahu (Otzma Yehudit), a comparé l’action d’Israël à « laisser un voleur vider la maison et ne réagir que lorsqu’il s’approche du coffre-fort », se joignant à d’autres qui accusent les dirigeants de la nation de n’agir que lorsque Tel Aviv ou Jérusalem sont menacés.
Dans une missive commune, les chefs de trois régions du nord ont annoncé qu’ils cesseraient tout contact avec le gouvernement tant que celui-ci n’aurait pas présenté un plan complet de retour des habitants du nord dans leurs communautés et de réhabilitation de la région.
« Vous n’avez manifesté aucun intérêt pour nous pendant dix mois et demi, et à partir de maintenant, vous ne nous intéressez plus. N’appelez pas, ne venez pas, n’envoyez pas de messages. Nous nous sommes débrouillés seuls jusqu’à présent, nous nous débrouillerons », peut-on lire dans une déclaration commune du chef du Conseil régional de Mateh Asher, Moshe Davidovich, du maire de Metula, David Azoulay, et du Conseil régional de Haute Galilée, Giora Zaltz.
Au Liban, qui serait probablement dévasté par une guerre directe entre Israël et le Hezbollah, le Premier ministre intérimaire Najib Mikati a déclaré que Beyrouth entretenait des contacts avec ses partenaires pour mettre fin à l’escalade de la violence, a déclaré l’agence de presse officielle du pays, NNA.
« Ce qu’il faut, c’est d’abord mettre fin à l’agression israélienne, puis appliquer la résolution 1701 », a-t-il déclaré lors d’une réunion d’urgence du cabinet, en référence à la décision de l’ONU qui a mis fin à la Deuxième Guerre du Liban entre Israël et le Hezbollah en 2006 – qui exigeait que le groupe terroriste chiite libanais retire ses éléments au nord du Litani, une disposition que le supplétif iranien a largement ignorée.
Le chef de l’opposition libanaise, Samy Gemayel, a également appelé au désarmement du Hezbollah, citant la résolution 1559, une décision de l’ONU datant de 2004 qui exhorte le gouvernement libanais à établir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et à désarmer les milices comme le Hezbollah.
« Après la réponse et la réponse à la réponse et la réponse à la réponse à la réponse, il est devenu clair qu’aucune des deux parties n’a l’intention d’étendre la guerre », a écrit Gemayel sur X. « Il est donc nécessaire d’arrêter immédiatement les opérations militaires des deux côtés et de se diriger vers un cessez-le-feu […] afin d’éviter d’autres destructions et morts insensées. »