Le maire de Londres rejoint le Mouvement travailliste juif par solidarité
Sadiq Khan déplore "l'effondrement déprimant de la confiance entre le Parti travailliste et la communauté juive", après que Jeremy Corbyn aurait admis son inaction
Le maire de Londres Sadiq Khan a annoncé lundi qu’il avait rejoint le Mouvement travailliste juif (JLM) en tant que membre affilié. Il a encouragé ses collègues et « membres décents » du Labour à en faire de même.
Par voie de communiqué, le maire de la capitale anglaise a déclaré que le parti « a agi trop lentement pour éradiquer l’antisémitisme » et décrié « l’effondrement déprimant de la confiance entre le parti travailliste et la communauté juive », a rapporté le quotidien britannique Jewish Chronicle.
« Comme moi, la vaste majorité des membres du parti sont dévastés par le sentiment d’abandon ressenti par la communauté juive et les travaillistes juifs », a regretté Sadiq Khan. « C’est pourquoi il est très important que nous fassions front uni dans notre parti pour faire tout notre possible pour que les Juifs se sentent de nouveau les bienvenus dans notre parti. »
La décision du maire travailliste survient au lendemain de la fuite d’un enregistrement dans lequel on peut entendre le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn reconnaître que les preuves d’antisémitisme dans son parti avaient peut-être « été égarées, ignorées ou non traitées ».
La semaine dernière, on avait appris que le cabinet de Corbyn, lui même en proie à des accusations d’antisémitisme, était intervenu dans au moins 101 plaintes d’antisémitisme au sein du parti. Quelques heures après ces révélations, le Mouvement travailliste juif avait adopté une motion de défiance à son encontre.
Sadiq Khan suit ainsi la voie de Gordon Brown qui avait annoncé rejoindre le Mouvement travailliste juif début avril.
L’ancien Premier ministre en avait fait l’annonce dans une vidéo publiée par un groupe militant pour la tolérance appelé L’espoir et non la haine. Dans la vidéo, l’ancien Premier ministre insiste sur le fait qu’aucune forme d’intolérance n’est acceptable. « Au cours des deux dernières années, le Parti travailliste a laissé tomber la communauté juive et s’est lui-même laissé tomber », y déplorait-il.
Il y évoquait également « les promesses que nous avons faites à la communauté juive après les horreurs indicibles de la Shoah : vous ne serez plus jamais seuls ». Il notait également que la formation « ne devrait jamais autoriser qu’une critique légitime – que je partage – de l’actuel gouvernement israélien serve de couverture pour diaboliser l’ensemble du peuple juif ».
Les affaires d’antisémitisme se sont multipliées depuis que Jeremy Corbyn a pris la tête du parti d’opposition en 2015. Dans une étude publiée l’année dernière, 84 % des Juifs britanniques se sont dits préoccupés par l’antisémitisme dans la sphère politique. Neuf élus travaillistes ont quitté le parti le mois dernier à cause de ce qu’ils ont affirmé être son incapacité à traiter le problème de la haine anti-juive manifestée par certains de ses militants et responsables politiques.
Après l’attention publique croissante suscitée par le problème, le parti travailliste pourrait faire l’objet d’une enquête officielle de la Commission d’Egalité et des droits de l’homme du Royaume-Uni, le principal organisme gouvernemental de veille contre le racisme.