Le manque d’effectif empêche certaines activités militaires en Cisjordanie – militants
Dans une lettre adressée à la commission de la Défense et des Affaires étrangères de la Knesset, plusieurs groupes affirment qu'un tiers des troupes déployées dans la région ne sont pas des soldats de combat et qu'elles ne sont pas qualifiées pour leur mission

Un tiers des soldats de l’armée israélienne déployés en Cisjordanie ne sont pas entraînés au combat, ce qui fait que les opérations militaires sont réduites, ont déclaré des groupes d’activistes aux députés de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset.
Plusieurs organisations ont envoyé cette lettre à la commission en raison de la stagnation du projet de loi visant à enrôler dans l’armée des membres issus de la communauté ultra-orthodoxe, également connue sous le nom de Haredim.
Les dirigeants de la communauté haredi sont farouchement opposés à ce que les jeunes hommes haredi servent dans l’armée, craignant qu’ils ne soient sécularisés, et les chiffres présentés à la commission des Affaires étrangères et de la Défense le mois dernier ont montré que presque tous les hommes ultra-orthodoxes appelés à faire leur service militaire au cours des derniers mois ont refusé de servir.
Les Israéliens qui effectuent leur service militaire déplorent les exemptions massives accordées aux Haredim depuis des décennies et qui pèsent injustement sur le reste de la population, un sentiment qui s’est intensifié depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 et la guerre qui s’en est suivie, au cours de laquelle 844 soldats ont été tués alors que quelque 300 000 citoyens ont été appelés à effectuer leur service de réserve.
Parmi les signataires de la lettre figurent un groupe de réservistes du mouvement sioniste religieux, un groupe pro-enrôlement formé par des membres du parti au pouvoir, le Likud, l’organisation de droite Im Tirtzu et le groupe d’activistes My Israel.
Ils y écrivent que les informations qu’ils ont recueillies montrent qu’un tiers des forces déployées en Cisjordanie ne sont pas des unités de combat.
La Cisjordanie, ont-ils noté, est divisée en six divisions militaires, chacune comptant trois bataillons de Tsahal.

« Dans chaque division, un bataillon n’est pas de combat », ont-ils écrit, selon un reportage diffusé dimanche sur la chaîne d’information N12. « Il s’agit d’hommes et de femmes réservistes qui assument la mission de protéger la première ligne de feu, même s’ils ne sont pas entraînés pour cela. »
Ils ont déclaré que cet arrangement était « dangereux pour eux, pour les résidents [israéliens] » de Cisjordanie « et pour les résidents des villes frontalières ».
Selon les auteurs de la lettre, « il y a des activités qu’il n’est tout simplement pas possible d’assigner à ces forces et, par conséquent, elles ne sont pas menées à bien du tout ».
Ces activités comprennent les patrouilles dans les villages palestiniens, les opérations d’arrestation, les recherches de caches d’armes et d’argent utilisé pour des activités terroristes.
La chaîne N12 n’a pas précisé quand la lettre avait été soumise à la commission.
Selon l’information, des réunions confidentielles de la commission ont également appris de sources officielles que certaines activités militaires n’étaient pas menées à bien en raison d’un manque d’effectifs.
Tsahal a refusé de commenter les allégations concernant ses effectifs ou la nature des forces déployées en Cisjordanie.
La commission a tenu 29 réunions sur un projet de loi concernant les Haredim, a indiqué le réseau.
Au début du mois, le porte-parole du Likud, Guy Levy, a promis l’adoption d’un projet de loi, longtemps retardé, réglementant l’enrôlement des ultra-orthodoxes.

S’exprimant sur Radio Kol Barama, Levy a déclaré que son parti défendait les besoins des ultra-orthodoxes au point que « certains se plaignent [au sein de la base du Likud] que nous nous battons pour le public haredi plus que pour notre propre électorat ».
Malgré cela, Levy a insisté sur le fait que le Likud souhaite faire passer
« une véritable loi sur l’enrôlement » qui « entraînera l’enrôlement de larges pans de la population haredi, car l’armée en a vraiment besoin ».
L’année dernière, près de 70 000 hommes haredi ont été recensés comme éligibles au service militaire. Tsahal a envoyé 10 000 ordres d’incorporation aux membres de la communauté haredi en plusieurs vagues entre juillet 2024 et mars 2025. Selon le lieutenant-colonel Avigdor Dickstein, chef de la branche haredi de la direction du personnel de Tsahal, seuls 205 des personnes ayant reçu un ordre se sont effectivement enrôlées.
Les partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah de la Knesset réclament depuis longtemps un projet de loi consacrant l’exemption du service militaire pour les étudiants des yeshivot, bien qu’un tel projet ait été annulé par la Cour suprême l’été dernier. Ce projet a également été bloqué à la Knesset en raison des objections des députés de l’opposition et de membres de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
À la suite de l’adoption du budget de l’État pour 2025 à la fin du mois de mars, la direction rabbinique de Yahadout HaTorah a donné trois mois à Netanyahu pour adopter la loi d’exemption.
L’armée a déclaré qu’elle avait actuellement besoin de près de 12 000 nouveaux soldats — dont 75 % seraient des troupes de combat — mais qu’elle ne pouvait accueillir que 3 000 soldats ultra-orthodoxes supplémentaires cette année, en raison des conditions spéciales dont ils ont besoin. Ces soldats s’ajouteraient aux quelque 1 800 soldats haredi déjà enrôlés chaque année.
La question a été soulevée dans le sillage des récents arrêts de la Cour suprême exigeant la fin des exemptions générales. La pression de l’opinion publique s’est accrue en raison de la pénurie de main-d’œuvre causée par la guerre qui dure depuis longtemps.