Le manuscrit de ‘Altneuland’, l’utopie de Herzl, exposé pour la première fois
Chacune des 396 pages est assurée pour 1 million de dollars. La vision de Herzl d'un Israël moderne, avec métro et journaux électroniques, est "prophétique" selon la conservatrice
Pour la première fois, le manuscrit original, en allemand, du roman de Theodor Herzl, Altneuland (Vieille Nouvelle Terre) a été présenté au public cette semaine dans les locaux du Centre Herzl à Jérusalem, dans le cadre d’une exposition célébrant les 120 ans de sa publication.
Le roman utopique, publié en 1902, décrit la vision que le fondateur du sionisme moderne avait de l’État juif.
Selon le site du centre, l’exposition comprend une visite du bureau de Herzl, avec la présentation du manuscrit et une exposition complémentaire faisant le parallèle entre l’État juif rêvé par Herzl et l’État d’Israël d’aujourd’hui.
« C’est un peu comme toucher l’écriture d’un des rédacteurs de l’Ancien Testament, comme Moïse », confie Uri Zaki, président du Centre Herzl, à la Treizième chaîne, pour expliquer la valeur du manuscrit.
« Si vous me le demandez, je peux vous donner une idée de sa valeur : chaque page est assurée pour 1 million de dollars, et ‘Altneuland’ en compte 396 », précise-t-il.
Susan Burns, conservatrice aux Archives sionistes centrales, qui ont prêté le manuscrit au musée, explique que Herzl imaginait un futur fait de métro et de journaux électroniques lus par un public éclairé.
« Une partie de ce qu’il a écrit s’est réalisé », assure-t-elle.
Le roman utopique sioniste a été publié six ans après le pamphlet politique de Herzl, Der Judenstaat (L’État juif), détaillant sa vision du retour du peuple juif dans sa patrie originelle.
Altneuland commence par la célèbre phrase « Si vous le voulez, ce ne sera pas qu’un rêve » et raconte l’histoire de l’intellectuel juif viennois Friedrich Löwenberg et de l’aristocrate prussien Kingscourt, en route pour une île du Pacifique dans laquelle ils souhaitent s’installer, lorsqu’ils font escale en Palestine sous domination ottomane.
Ils y trouvent une terre pauvre et peu peuplée, et en repartent déçus. Vingt ans plus tard, lassés de leur isolement, ils reviennent et trouvent un État juif développé et cosmopolite.
Herzl, qui a commencé sa carrière comme journaliste, est considéré comme le père du sionisme politique. Le 29 août 1897, il convoquait le premier congrès sioniste dans la ville de Bâle. Quelque 200 participants de 17 pays, parmi lesquels 69 délégués de plusieurs sociétés sionistes, assistèrent à ce qui est considéré comme un moment décisif de la création de l’État juif.