Gantz rencontre son homologue turc et Erdogan
Le ministre de la Défense a estimé que cette visite historique, la première depuis une décennie, "est un signal clair en faveur d'avancées positives à l'avenir"
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le ministre de la Défense Benny Gantz a rencontré jeudi à Ankara son homologue turc, Hulusi Akar, avant un entretien avec le président du pays, Recep Tayyip Erdogan.
Ce voyage d’une journée chez l’Etat membre le plus oriental de l’OTAN intervenait deux mois après la relance des relations diplomatiques entre Israël et la Turquie.
Dans une déclaration qui a fait suite à leur réunion, Gantz a déclaré que « dire que nos liens ont dû relever des défis n’est pas un secret », ajoutant que cette visite historique, la première depuis une décennie, « est un signal clair en faveur d’avancées positives à l’avenir ».
« Pendant plus d’une décennie, il n’y a pas eu de liens formels en termes de sécurité », a relevé Gantz à l’issue de la rencontre.
« Aujourd’hui, nous y remédions, via un processus responsable et mesuré qui sert les intérêts d’Israël », a-t-il souligné.
« Je suis heureux de dire que la Turquie est l’un de nos cinq premiers partenaires commerciaux. Nos relations économiques se sont accrues au fil des années, » a continué le ministre israélien.
« Sur le front diplomatique, le retour de nos ambassadeurs a ouvert la voie pour nous, qui nous trouvons ici aujourd’hui. En fait, ma visite à Ankara est la troisième d’un responsable israélien en moins d’un an. Les portes se sont ouvertes et il y a un potentiel formidable en termes de coopération commerciale, touristique, industrielle et plus », a-t-il dit.
« La Turquie et Israël ont tous les deux construit des sociétés modernes, avancées, sur des fondations qui sont riches en histoire. Notre avenir est prometteur et il dépend cependant de notre intérêt mutuel à préserver la sécurité et la stabilité dans la région et dans le monde », a-t-il poursuivi.

En 1949, la Turquie était devenue le premier pays à majorité musulmane à reconnaître l’existence de l’Etat hébreu. Mais les liens se sont ensuite délités sous le régime islamo-conservateur de M. Erdogan, au pouvoir depuis 2003 comme Premier ministre puis comme président et qui a progressivement entamé la laïcité dans son pays.
Les relations bilatérales se sont surtout dégradées à la suite d’une opération militaire israélienne à Gaza en 2008 et elles ont été carrément gelées en 2010, après la mort de dix civils dans une attaque israélienne contre un navire turc, le Mavi Marmara, qui participait à une flottille de militants tentant d’acheminer de l’aide pour briser le blocus de Gaza.
Les deux pays ont finalement annoncé le rétablissement de leurs relations le 17 août dernier et désigné dans la foulée leurs représentants respectifs, M. Erdogan maintenant, parallèlement, ses liens avec le mouvement islamiste Hamas qui contrôle Gaza.
Cette question a d’ailleurs été évoquée lors des échanges a indiqué M. Gantz.
« Souvenez-vous qu’il s’agit de la première réunion sur la sécurité stratégique (des deux pays, ndlr) après de nombreuses années », a-t-il souligné.
Selon un responsable israélien présent, les échanges ont surtout porté sur les aspects techniques de la présence du Hamas en Turquie plutôt que sur ses fondements idéologiques.
« L’approche était de se concentrer sur ce qu’on peut accomplir ensemble » a glissé ce responsable, sous couvert de l’anonymat.
A l’issue de leur rencontre au ministère de la Défense, les deux ministres ont estimé que la relance de leurs relations bénéficierait à terme aux Palestiniens.
« Le renforcement des relations, de la coopération et du dialogue facilitera la recherche de solutions à certains sujets d’actualité sur lesquels nous avons des avis divergents, comme (la) question palestinienne », a déclaré le ministre turc Hulusi Akar, selon les propos relayés par ses services.
« Je pense qu’il est possible de faire encore beaucoup plus, ensemble, pour réduire l’influence de ceux qui déstabilisent nos régions en soutenant le terrorisme contre des civils innocents ou en commettant des attentats », a précisé Gantz.
Le ministre de la Défense a noté les liens entretenus par l’État juif avec la Grèce et avec Chypre, les adversaires de la Turquie, avant d’ajouter qu’ « à l’avenir, nous devons adopter une approche équilibrée et positive dans nos relations en maintenant le dialogue ouvert ».
Gants s’est ensuite entretenu avec le président Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel à Ankara.
Le déplacement de Gantz vise à renouer officiellement les liens officiels entre les deux pays dans le domaine de la défense.