Le ministre des Renseignements dit vouloir empêcher la vente de F-35 aux EAU
Alors que la signature de l'accord de normalisation aura lieu à Washington d'ici 10 jours, Eli Cohen assure qu'Israël s'opposera à la partie sur des ventes d'armes avancées
Vendredi, le ministre israélien des Renseignements a déclaré que Jérusalem s’opposerait fermement à la vente d’avions de chasse F-35 et d’autres armements avancés aux Emirats arabes unis, tout en continuant à nier qu’Israël ait donné son approbation – tacite ou non – à un tel accord.
Eli Cohen a indiqué au journal télévisé de Kan : « Nous nous opposons à [cela]. Nous n’accepterons aucune vente… Nous agirons contre la vente de tout armement qui nuirait à l’avantage militaire qualitatif d’Israël, y compris les F-35 ».
Ses déclarations sont survenues alors que la Douzième chaîne rapportait qu’Israël et les EAU se préparaient à une cérémonie de signature de leur accord de normalisation à Washington dans les 10 prochains jours.
Mais la chaîne a également affirmé qu’avant que cela ne se produise, les Emirats exigent que Benjamin Netanyahu arrête de faire des commentaires publics sur la possible vente d’armes.
Vendredi, le Premier ministre a démenti un article du New York Times qui soutenait à nouveau qu’il avait approuvé la partie concernant les armes, ce que Washington semble vouloir mettre en œuvre.
Eli Cohen a défendu le Premier ministre, disant à Kan : « J’étais aux réunions du cabinet. Aujourd’hui, j’ai parlé avec le Premier ministre qui a dit sans équivoque qu’il n’y avait pas d’accord et qu’il n’avait pas donné son approbation ».
Le ministre a affirmé que ces informations étaient l’œuvre « de gens de gauche qui ont du mal à voir Israël parvenir à un accord de paix pour la paix » plutôt qu’en échange de concessions en matière de sécurité.
A la question de savoir si les Israéliens chercheraient à s’opposer à l’adoption d’un tel accord sur les armes lorsqu’il sera soumis à l’approbation du Congrès américain, par l’intermédiaire de groupes de pression tels que l’AIPAC, il a répondu par l’affirmative.
En ce qui concerne la cérémonie de signature, le reportage de la Douzième chaîne a indiqué qu’une date avait été avancée comme possible, à savoir le 13 septembre – le 27e anniversaire de la signature par la Maison Blanche des accords d’Oslo de 1993 entre Israël et les Palestiniens. Une telle date pourrait servir au récit de Netanyahu concernant le changement du paradigme de terres contre la paix, qui a servi de base à l’accord israélo-palestinien, en un paradigme de paix contre la paix avec les voisins arabes d’Israël.
Cette semaine, une délégation israélienne a effectué un voyage historique à Abou Dhabi à bord d’un vol d’El Al pour continuer les travaux sur l’accord de normalisation. Mais elle a également vu la poursuite de la controverse sur l’accord d’armement entre les États-Unis et les Émirats Arabes Unis qui, selon de nombreuses informations, semble faire partie du lot.
Netanyahu a de nouveau nié vendredi qu’il était revenu sur son opposition à la vente, après qu’un article du New York Times a rapporté jeudi qu’il avait cessé en privé de s’opposer à la vente des avions à Abou Dhabi, malgré les assurances publiques répétées qu’il était contre l’accord.
« Répéter une fausse allégation contre le Premier ministre Netanyahu ne la rend pas vraie », a commenté le bureau de celui-ci dans un communiqué. « À aucun moment des pourparlers avec les États-Unis qui ont conduit à la percée historique avec les Émirats arabes unis le 13 août, le Premier ministre n’a donné le consentement d’Israël à la vente d’armes avancées aux Émirats ».
Le député de Yesh Atid-Telem Moshe Yaalon, ancien ministre de la Défense sous Netanyahu et chef d’état-major de Tsahal, a demandé que la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset discute de l’achat de F-35 par les Émirats arabes unis.
« J’ai l’intention de demander un contrôle parlementaire étroit du dialogue stratégique entre Israël et les États-Unis. Ce dialogue ne peut plus être géré par Netanyahu et le conseiller à la sécurité nationale [Meir Ben-Shabbat] parce qu’il y a un fort soupçon que les décisions prises sont entachées de considérations non conformes aux intérêts stratégiques d’Israël », a annoncé M. Yaalon, cité par le site d’information Walla.
L’article du New York Times, qui a cité des sources anonymes impliquées dans les discussions, a affirmé qu’en plus des avions à réaction ultra-avancés et des drones Reaper, l’accord inclut également des avions Growler EA-18G bloquant les radars, ce qui pourrait éroder l’efficacité des capacités de défense aérienne d’Israël et donner aux EAU un avantage militaire considérable.
La pièce maîtresse de l’accord, cependant, sont les avions de chasse F-35, que les EAU cherchent à acheter depuis plusieurs années. La vente a apparemment été retardée en raison d’un engagement des États-Unis à protéger l’avantage militaire d’Israël dans la région, ce qui empêcherait de vendre des armes du même calibre à la fois à Israël et aux États arabes sans l’aval de Jérusalem.
La récente annonce selon laquelle les EAU normalisent leurs liens avec Israël a remis l’affaire des armes sur le devant de la scène, bien qu’après un article israélien qui liait la création de liens à la levée de l’objection d’Israël, Netanyahu ait insisté sur le fait qu’il s’oppose toujours à la vente et qu’il en a informé Washington à plusieurs reprises.
Mais des responsables ont indiqué au New York Times que les déclarations de Netanyahu étaient « fausses ».
Le quotidien cite également Hussein Ibish, un chercheur de l’Institut des Etats arabes du Golfe de Washington, qui a affirmé que les responsables des Etats-Unis, des Emirats arabes unis et d’Israël lui ont tous dit que le Premier ministre israélien avait donné son feu vert à la vente d’armes.
Ce dernier a dit aux Emirats qu' »il n’y aurait pas d’opposition substantielle et catégorique », a-t-il soutenu.
Alors que les Emirats ont initialement réagi avec colère aux commentaires de Netanyahu contre l’accord, les responsables américains leur ont depuis fait clairement comprendre que la vente reste sur la table et que les propos du chef de gouvernement étaient destinés à apaiser le tollé public provoqué en Israël par la vente, selon le New York Times.