Le musée d’art de Ramat Gan ferme suite à une querelle sur une œuvre controversée
L'institut dit avoir échoué à trouver un compromis avec les artistes exposants, qui ont retiré leurs créations pour protester contre le retrait d'une installation jugée offensante
Un musée de Ramat Gan a fermé ses portes mercredi parce que la quasi-totalité des artistes qui y exposaient avaient demandé que leurs œuvres soient retirées en signe de soutien à un de leurs collègues dont la peinture, jugée offensante, avait été retirée.
Le mois dernier, le musée d’art israélien de Ramat Gan, près de Tel Aviv, avait déclenché une tempête dans le monde de l’art en retirant une peinture de l’artiste David Reeb à la demande du maire de la ville, Carmel Shama-Hacohen.
Le tableau de Reeb montre deux images d’un homme ultra-orthodoxe priant au mur Occidental. Les mots « Jérusalem d’or », une expression courante faisant référence à la capitale, sont écrits en hébreu à côté de l’une des images, et à côté de l’autre, les mots « Jérusalem de merde ».
En réponse au retrait, la quasi-totalité des 50 autres artistes ayant des œuvres exposées ont déclaré vouloir retirer leurs œuvres à moins que la peinture ne soit de nouveau exposée.
Les négociations pour parvenir à un compromis ont échoué, a indiqué le musée dans une déclaration exprimant « sa peine et sa déception quant aux résultats du processus de médiation entre les artistes et les représentants de la municipalité de Ramat Gan. »
Elle a déclaré que tous les événements et présentations prévus dans un avenir proche étaient annulés, et que les personnes ayant acheté des billets seraient remboursées.
« Une décision sera prise dans les prochains jours concernant les prochaines actions du musée », a déclaré la galerie.
Une déclaration au nom des artistes protestataires a reproché à la municipalité et au conseil d’administration de la galerie de « ne pas répondre aux propositions de compromis des représentants des artistes. »
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Posted by כרמל שאמה הכהן on Thursday, December 30, 2021
Les artistes ont déclaré que, puisque 45 des 50 créateurs exposés à la galerie avaient demandé le retrait de leurs œuvres, « il est clair que l’exposition a cessé d’exister et n’a aucune légitimité. »
« Nous espérons tous un meilleur avenir pour le musée et le monde de l’art et de la culture, sans interventions de l’échelon politique dans le contenu et les décisions professionnelles », ont déclaré les artistes.
La municipalité de Ramat Gan a déclaré dans un communiqué qu’elle ne céderait pas à « la tentative de chantage par le retrait des œuvres. »
La mairie a déclaré que le musée envisagerait d’autres projets et que, d’ici quelques mois, il « s’engagerait sur une nouvelle voie, renforcée et plus attrayante. »
La peinture de Reeb et celle des autres artistes faisaient partie d’une exposition intitulée « L’institution » qui, selon le site Web du musée, présentait une « critique institutionnelle » avec des œuvres « représentant le pouvoir violent mais déguisé des espaces muséaux, dans lesquels le public est également la principale victime. »
Après l’ouverture de l’exposition par le musée, le maire Shama-Hacohen (ancien du Likud t ex-envoyé d’Israël à l’UNESCO) a publié une photo de l’œuvre de Reeb sur Facebook, demandant au public s’il pensait qu’elle devait être retirée ou maintenue en exposition. La peinture a ensuite été retirée par le musée à la demande de Mme Shama-Hacohen.
En signe de protestation, une quarantaine d’artistes dont les œuvres sont exposées au musée ont recouvert leurs œuvres d’art de tissus noirs. Shama-Hacohen a ensuite demandé au personnel du musée d’enlever les tissus, ce qu’il a fait, déclenchant de furieuses disputes avec les artistes.
Un tribunal de Tel Aviv a rejeté la demande de Reeb et de l’Association des droits civils en Israël de remettre le tableau en exposition.
Shama-Hacohen a déclaré que la décision du tribunal montrait que la préservation de la « dignité humaine » l’emportait sur « l’idée utopique d’une liberté d’expression totale et illimitée ».
Le juge a toutefois exhorté le musée à trouver un compromis qui permettrait d’exposer l’œuvre dans un espace isolé, avec un avertissement indiquant que son contenu pourrait être considéré comme offensant.