Le plan Trump divise au sein du Conseil de Yesha
Une majorité de chefs d'implantations s'opposent à la création d'un État palestinien, même si cela leur coûte l'annexion ; une minorité de maires soutiennent "l'accord du siècle"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

En signe de protestation contre le plan de paix Trump, le groupe de coordination des maires des implantations, le Conseil de Yesha, a adopté une série de principes qui comprennent le soutien à l’annexion de la Cisjordanie tout en s’opposant avec véhémence à la création de tout État palestinien.
Le plan Trump, qui a été publié en janvier, prévoit l’annexion par Israël d’environ 30 % de la Cisjordanie et fournit une liste de conditions pour l’établissement d’un État palestinien sur les territoires restants, situés au-delà de la Ligne verte.
Le Conseil de Yesha s’est réuni pour le vote la semaine dernière dans l’implantation de Maale Adumim, mais a rendu sa décision publique mercredi.
Un porte-parole du Conseil de Yesha a rapporté au Times of Israël que 15 des 24 maires étaient présents et que la mesure avait été adoptée à une large majorité. Il a refusé de fournir les chiffres exacts du vote, disant que l’organisme ne révèle jamais de tels résultats.

La résolution adoptée comprend six principes :
- Le Conseil de Yesha salue le changement positif de la politique américaine à l’égard des implantations ;
- Le Conseil de Yesha appelle le nouveau gouvernement et la Knesset à œuvrer pour l’application de la souveraineté en Judée, Samarie et dans la vallée du Jourdain dans les plus brefs délais ;
- L’application de la souveraineté relève de la responsabilité de l’État d’Israël exclusivement (c’est à dire qu’elle ne nécessite pas l’approbation des États-Unis) ;
- Le Conseil de Yesha s’oppose à toute reconnaissance ou accord de quelque sorte que ce soit à un État palestinien ;
- Le Conseil de Yesha ne consentira pas à un gel des constructions dans les [implantations] ni à des restrictions dans une quelconque localité ;
- Le Conseil de Yesha n’acceptera aucune carte qui crée des enclaves isolées qui nuiront à leur futur développement.

Dans un communiqué évoquant l’adoption de la résolution, le président du Conseil de Yesha David Elhayani a déclaré que « pendant des années, le Conseil de Yesha a œuvré pour faire appliquer la souveraineté [en Cisjordanie] et nous sommes passés d’une situation dans laquelle personne n’en parlait ou n’était conscient de la situation à une situation sans précédent dans laquelle le Premier ministre et le président américain discutent d’un accord qui inclut la souveraineté ».
« Cependant, nous n’accepterons pas l’établissement d’un État palestinien au cœur de l’État d’Israël ».
« Si le résultat du plan [Trump] est l’établissement d’un État terroriste en Judée et en Samarie, comprend la création d’enclaves isolées et de gels de construction, nous sommes prêts à renoncer à la souveraineté malgré le travail et les ressources investies en ce sens ces dernières années ».
Le plan Trump prévoit qu’Israël puisse construire au sein des implantations déjà existantes, tout en interdisant la construction dans les régions réservées à un potentiel futur État palestinien.
Quelques heures après la publication par le Conseil de sa liste de six principes, un groupe de huit dirigeants d’implantations ont publié leur propre communiqué soutenant le plan Trump.
La déclaration chapeautée par le maire d’Efrat, Oded Revivi, qui est également le représentant de Yesha à l’étranger, considère l’accord Trump comme un « test déterminant » pour le leadership des implantations, semblable à celui qui a été présenté au Congrès sioniste pré-étatique lorsqu’il a été forcé de décider d’accepter ou non le plan de partition de l’ONU en Palestine mandataire.

« La différence essentielle n’est pas seulement dans la quantité de terres négociées pour un projet de patrie juive, mais aussi dans notre approche », peut-on lire dans la déclaration.
« Aujourd’hui, nos dirigeants tergiversent et hésitent. Dans le passé, ils sont descendus dans la rue – non pas pour protester – mais pour danser en se réjouissant de la reconnaissance et de la légitimité apportées par la communauté internationale pour la formation d’un État juif ».
« Maintenant, c’est notre tour. Les dirigeants du mouvement des implantations en Judée et en Samarie doivent apprécier la reconnaissance et la légitimité apportées par le pays le plus puissant de la planète. Nous devons être reconnaissants et nous réjouir de l’accord du siècle ».
La lettre de Revivi a également été signée par le maire d’Ariel, Eli Shaviro, le président du conseil régional de Megilot, Aryeh Cohen, le président du conseil local d’Oranit, Nir Bartal, celui d’Alfei Menashe, Shai Rosenzweig, celui d’Elkana, Assaf Mitzner, et le président du conseil local de Har Adar, Haim Mendel Shaked.