Le poète israélien Meir Wieseltier meurt à l’âge de 82 ans
Écrivain et traducteur prolifique, connu pour ses œuvres ouvertement politiques et ses poèmes d'amour, Wieseltier était "l'un des plus grands maîtres de la poésie en hébreu"
Le célèbre poète israélien Meir Wieseltier est décédé jeudi à l’âge de 82 ans, a annoncé sa fille sur Facebook.
Wieseltier avait reçu au fil des ans la plupart des prix culturels israéliens les plus prestigieux, dont le Prix de littérature d’Israël en 2000.
Originaire de Moscou, Wieseltier s’est installé en Israël peu après la création de l’État, et a brièvement vécu à Netanya avant de s’installer à Tel Aviv.
Tout au long de sa carrière prolifique, durant laquelle il a publié 20 livres de poésie, il a également traduit en hébreu des poèmes anglais, français et russes, ainsi que de nombreuses autres œuvres littéraires, dont plusieurs pièces de William Shakespeare.
Pendant de nombreuses années, Wieseltier a donné des cours de littérature à l’université de Haïfa. Il a également édité plusieurs magazines littéraires et cofondé la revue littéraire Siman Kriah [Point d’exclamation].
Il a remporté le prix du Premier ministre pour les œuvres littéraires hébraïques à trois reprises – en 1977, 1993 et 2011 -, le prix Bialik en 1994 et le prix Newman en 2015.
En lui décernant son troisième prix du bureau du Premier ministre, le jury a proclamé que « sa poésie franche et mélangée, qui combine la rhétorique politique et sociale avec des dimensions existentialistes, a été l’une des forces principales qui ont façonné la poésie israélienne moderne des années 60 et 70 ».
Selon l’Institut pour la traduction de la littérature hébraïque, Wieseltier « se place généralement au cœur de son œuvre, écrivant souvent à la première personne, et joue le rôle d’un moraliste à la recherche de valeurs dans un monde chaotique ».
Wieseltier était connu pour ses œuvres souvent ouvertement politiques, notamment ses poèmes contre la politique israélienne en Cisjordanie et la société militariste du pays, ainsi que pour ses nombreux poèmes d’amour.
En 1986, il écrit Sonnet : Against Making Blood Speak Out [Sonnet : Contre donner une voix au sang] :
« Si un jour, je meurs de la balle d’un jeune tueur/ un Palestinien ayant franchi la frontière nord/ ou du souffle d’une grenade qu’il aurait lancée/ ou encore de l’explosion d’une bombe au moment précis où je vérifie le prix/ des concombres au marché, ne vous avisez pas de dire/ que mon sang vous autorise à justifier vos injustices/ que mes yeux déchirés soutiennent votre aveuglement ».
Le professeur Menachem Perry, ami et collègue de longue date de Wieseltier, a déclaré jeudi au site d’information Walla : « C’était un poète incroyable, l’un des plus grands poètes en langue hébraïque, la dernière génération de poètes de ce calibre… Tous les poètes ne sont pas des chefs de file. Lui, il l’était ».
Wieseltier laisse derrière lui deux filles, Natalia et Martha.