Le président iranien menace Israël d’une disparition rapide en cas d’attaque
Raïssi, qui s'est rendu en Syrie sur fond de détente avec les Saoudiens, estime que les alliances changeantes et la situation politique "sans précédent" d'Israël fragilisent le pays

Le président iranien Ebrahim Raïssi a fait savoir que si Israël lançait une frappe militaire directe sur son pays, il ferait face à une riposte immédiate qui le détruirait totalement.
« La puissance de l’Iran, aujourd’hui, se trouve à l’intérieur du pays. Sa puissance dans la région est d’une ampleur absolument unique », a déclaré Raïssi lors d’ne interview accordée, mardi, à la chaîne libanaise pro-Hezbollah Al Mayadeen.
« La première erreur, le premier pas de l’entité sioniste seront ses derniers. Après, il n’y aura plus d’entité sioniste pour esquisser ne serait-ce qu’un second pas », a-t-il ajouté.
« Nous l’avons dit et annoncé dans divers forums. Ils savent que nous sommes sérieux là-dessus, à propos de cette décision. »
Raïssi doit se rendre à Damas, mercredi, à l’invitation officielle du président syrien dans le contexte d’un rapprochement entre les rivaux régionaux iranien et saoudien et d’une relation arabe accrue avec Damas.
Dans son interview de mardi, le président iranien a évoqué l’amélioration de ses relations avec l’Arabie saoudite, qui signe l’échec de Jérusalem à instaurer des relations diplomatiques avec Riyad, motif de « frustration » et de « colère » pour Israël. Il estime qu’il est le signe d’un changement régional de grande ampleur, dirigé contre Israël.
« Aujourd’hui, les circonstances tournent en faveur de la Résistance et contre l’entité sioniste », a déclaré Raïssi.
« Jour après jour, l’entité sioniste court à sa perte », a-t-il ajouté, évoquant une situation politique « sans précédent » en Israël, allusion aux profondes fractures causées au sein de la société israélienne par le projet de réforme radicale du système judiciaire.
Fin mars, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait limogé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui avait mis en garde contre les conséquences, sur le plan de la sécurité, de la poursuite du projet de réforme judiciaire.
Ce limogeage avait donné lieu à des manifestations de grande ampleur et une grève générale, qui avaient convaincu Netanyahu de mettre son projet en suspens et de réintégrer Gallant, dont les sombres présages faisaient écho à ceux d’autres responsables de la défense.

Raïssi a cité le guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, en déclarant que « les circonstances aujourd’hui avaient radicalement changé ».
« Je dis clairement que les conditions actuelles du nouvel ordre mondial sont en faveur de la Résistance, contre l’entité sioniste », a-t-il déclaré.
« Les menaces proférées par les responsables de l’entité sioniste sont souvent vides, et ils le savent pertinemment. »
« La preuve en est qu’ils ne parviennent pas à venir à bout des jeunes résistants en Palestine et dans la région », a ajouté Raïssi.
« Alors, comment osent-ils menacer de s’en prendre à l’Iran ? C’est un discours grotesque, que personne au monde ne prend au sérieux. »
Israël lutte pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire et s’est déclaré à plusieurs reprises prêt à lancer une campagne militaire pour se prémunir contre ce qu’il considère comme une menace existentielle.
Manifestement effrayé par le niveau sans précédent d’enrichissement de l’uranium obtenu par l’Iran ces derniers temps, Netanyahu aurait tenu une série de réunions secrètes avec de hauts responsables militaires pour hâter la préparation à une possible confrontation avec Téhéran.
On prête à Israël de nombreux actes de sabotage contre le programme nucléaire iranien ainsi que des assassinats de personnalités de haut rang et des frappes contre les intérêts de la République islamique en Syrie ou au Liban, mais l’Etat juif n’a jamais jusqu’alors lancé de frappe directe sur ses installations nucléaires.
L’Iran menace fréquemment de raser les villes israéliennes en cas d’attaque sur son territoire.

Allié de l’Iran, le Hezbollah, installé au Liban, disposerait plus de 100 000 missiles qu’il menace d’utiliser contre Israël, comme le groupe terroriste l’a déjà fait lors de conflits passés avec Tsahal.
La majeure partie du pays, y compris Tel Aviv et Jérusalem, serait à la portée d’un grand nombre de ces projectiles.
Les groupes terroristes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique dans la bande de Gaza, qui reçoivent un soutien important de Téhéran, possèdent également d’importants stocks de roquettes qu’ils tirent régulièrement sur le territoire israélien. Les responsables militaires estiment qu’ils pourraient eux aussi se joindre à la mêlée si Israël attaquait les installations nucléaires iraniennes.
Dans son interview de mardi, Raïssi a semblé faire allusion à ces arsenaux, déclarant que la riposte iranienne initiale à une attaque israélienne provoquerait « l’effondrement » du système de défense antimissile du Dôme de fer. Cette menace a également été soulignée par une visite à la frontière israélo-libanaise, la semaine dernière, du ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.

La prochaine visite de Raïssi à Damas sera la toute première d’un président iranien depuis le début de la guerre civile en Syrie, en 2011.
La République islamique finance, arme et commande un certain nombre de milices syriennes et étrangères qui combattent aux côtés des forces armées régulières du régime d’Assad, au premier rang desquelles figure le Hezbollah.