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Le prince héritier d’Abou Dhabi visé par une enquête en France

Mohammed ben Zayed Al-Nahyane fait l'objet d'une enquête pour "complicité d'actes de torture" dans le cadre de la guerre au Yémen

Le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, en 2008. (Crédit : Imre Solt - CC BY-SA 3.0, via WikiCommons)
Le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, en 2008. (Crédit : Imre Solt - CC BY-SA 3.0, via WikiCommons)

Accusé de « complicité d’actes de torture » dans le cadre de la guerre au Yémen, le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, fait l’objet depuis fin 2019 d’une enquête en France dirigée par un juge d’instruction parisien.

Selon plusieurs sources proches du dossier, une information judiciaire a été ouverte en octobre 2019 à l’encontre de celui qui est surnommé « MBZ », contre lequel deux plaintes, dont une avec constitution de partie civile, avaient été déposées lorsqu’il effectuait une visite officielle à Paris en novembre 2018.

Les plaintes avec constitution de partie civile permettent quasi-automatiquement d’obtenir l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation d’un juge d’instruction pour procéder aux investigations.

En vertu de sa « compétence universelle » pour les crimes les plus graves, la justice française a la possibilité de poursuivre et de condamner les auteurs et les complices de ces crimes lorsqu’ils se trouvent sur le territoire français. Mais la question de l’immunité diplomatique de l’homme fort des Emirats se pose toutefois et devra être tranchée par le magistrat instructeur.

Pendant sa visite en France, le 21 novembre 2018, Mohammed ben Zayed s’était entretenu de la situation au Moyen-Orient avec le président Emmanuel Macron, notamment sur le conflit au Yémen, où Abou Dhabi est engagé dans une coalition aux côtés de l’Arabie saoudite contre les Houthis, qui occupent la capitale Sanaa depuis 2014, et soutenus par Téhéran.

Les Yéménites réunis autour d’un bus détruit sur le site d’une frappe aérienne de la coalition menée par les saoudiens qui a visé le marché de Dahyan la veille dans la province de Saada, bastion des Houthis, le 10 août 2018 (Crédit : AFP PHOTO / -)

« Mes clients se réjouissent de cette ouverture d’information et fondent de grands espoirs sur la justice française », a réagi auprès de l’AFP Me Joseph Breham, qui défend six Yéménites ayant déposé la plainte avec constitution de partie civile auprès du pôle crimes contre l’humanité du tribunal de Paris.

Tortures dans des centres de détention

Ils y dénonçaient notamment des tortures commises dans les centres de détention contrôlés par les forces armées des Emirats arabes unis.

L’un des plaignants a raconté avoir été emprisonné au moment où il œuvrait à la libération des Yéménites détenus aux mains des forces émiraties. Là, il a été « placé dans un trou aussi grand qu’un tonneau pendant 48 heures, tout en ayant les pieds et mains liés par des fils de fer », puis avoir été « déshabillé et pendu par les mains au plafond pendant plusieurs heures » et électrocuté et brûlé par des cigarettes, selon la plainte.

Mohammed ben Zayed étant le commandant suprême des forces armées des Emirats arabes unis, il est « susceptible d’avoir fourni les moyens et les instructions pour la réalisation de ces infractions », était-il écrit dans la plainte.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo (à droite) rencontre le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohamed bin Zayed al-Nahyan, à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, le jeudi 19 septembre 2019. (Mandel Ngan/Pool via AP)

Une autre plainte pour « complicités d’actes de torture et disparition forcée » avait été déposée par trois Qataris auprès du pôle crimes contre l’humanité et crimes de guerre du parquet de Paris.

Ils affirmaient avoir été « détenus et torturés par les agents de la Sûreté de l’État des Émirats arabes Unis – dont Abou Dhabi est la capitale fédérale – entre février 2013 et mai 2015 ».

Cette plainte avait toutefois été classée sans suite par le parquet qui avait estimé ne pas être compétent pour mener les investigations.

La guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, pour la plupart des civils. En juillet 2019, les Emirats arabes unis, le principal allié de l’Arabie saoudite, ont décidé d’y réduire leur présence militaire.

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