Le projet de logements de la zone E1 remis sur table, peu avant l’arrivée de Biden
Après une suspension, à la suite de pressions internationales et locales, et avoir assuré les USA du contraire, Jérusalem réintroduit le projet dans son agenda
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le ministère de la Défense envisage de reprendre un projet de logement controversé dans la zone E1 de la Cisjordanie, après que le projet a été abandonné par le gouvernement israélien en janvier à la suite de pressions internationales, et après avoir assuré à l’administration Biden qu’il n’irait pas de l’avant.
L’Administration civile, qui autorise les constructions en Cisjordanie, a publié mardi son ordre du jour pour une réunion du 18 juillet afin de discuter des objections aux projets qui avaient initialement été approuvés. Les deux projets E1 totalisant 3 412 unités de logement étaient les seuls à l’ordre du jour.
Le projet E1 avait reçu un premier feu vert du gouvernement de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2012, avant d’être suspendu pendant près de huit ans de fortes pressions internationales. Les logements en question devraient être construits entre l’implantation de Maale Adumim et Jérusalem, au milieu de la Cisjordanie, ce qui romprait la continuité entre les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est et les villes palestiniennes de Ramallah et Bethléem. Même l’administration Trump avait rejeté ce plan dans son plan de paix présenté en janvier 2020 et qui prévoyait l’annexion de toutes les implantations de Cisjordanie. Quelques semaines plus tard – et en pleine période d’élections législatives – Netanyahu avait sorti le plan de l’ombre et ordonné qu’il passe à la phase du « dépôt ».
Selon la procédure de planification, la sous-commission de planification de l’Administration civile devra examiner les objections contre les projets, qui ont été déposées par un groupe important d’avocats palestiniens ainsi que par plusieurs groupes de défense des droits de l’homme israéliens. Ces audiences avaient été reportées au mois d’août de l’année dernière en raison des élections répétées. Deux sessions ont été tenues, mais une dernière, prévue pour janvier, avait été annulée. L’ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, avait révélé en mars qu’il avait exercé de fortes pressions sur le gouvernement israélien pour qu’il retire le plan.
« On ne peut pas tout empêcher » et il faut « choisir ses batailles », mais « E1 est un désastre. J’ai mis le paquet sur E1 », a-t-il déclaré lors d’un webinaire au groupe pacifiste La Paix maintenant.
Jérusalem avait assuré à Washington qu’elle empêcherait la construction du projet E1, selon les dires de deux responsables israéliens et américains au Times of Israel au mois de février.
Si les objections juridiques contre le plan E1 sont levées, comme c’est souvent le cas, le projet requerra encore plusieurs approbations supplémentaires avant que les travaux puissent commencer – un processus qui prend souvent des mois, voire des années.
Néanmoins, La paix maintenant a publié une déclaration critiquant le dernier développement, affirmant que le gouvernement d’unité « promeut les politiques dangereuses de Netanyahu ».
« Le plan E1 constitue une menace réelle pour les chances de paix et a suscité une vive opposition en Israël et au niveau international », a ajouté le groupe de gauche.
Le ministère de la Défense n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Le Bureau du Procureur de l’État a toutefois confirmé cette décision plus tard dans la journée de mardi, dans sa réponse à une pétition de l’implantation de Maale Adumim demandant que le Tribunal de district de Jérusalem oblige l’État à terminer les audiences d’objection sur le plan E1.
L’agenda du ministère de la Défense a été publié quelques semaines avant que Joe Biden ne fasse sa première visite en Israël en tant que président des Etats-Unis et quelques semaines après qu’Israël a présenté des plans pour près de 4 500 maisons dans des implantation en Cisjordanie, suscitant l’ire de Washington. Un responsable américain a affirmé au Times of Israel que cette annonce ne devrait pas changer les plans de visite de Joe Biden, qui n’ont pas encore été finalisés.
La dernière visite de Biden en Israël remonte à 2010, alors qu’il était vice-président. Ce voyage avait été terni par l’annonce d’un projet israélien dans le quartier de Ramat Shlomo à Jérusalem-Est. Biden s’était emporté à l’époque, déclarant dans un communiqué que cela « ébranlait la confiance dont nous avons besoin en ce moment et allait à l’encontre des discussions constructives que j’ai eues ici en Israël ».