Le taux d’intérêt de la Banque d’Israël élevé à 1,25 % pour freiner l’inflation
La banque centrale déclare que l'inflation a atteint les 4,1% au cours des 12 derniers mois ; elle devrait monter à 4,5%, selon les estimations
La banque d’Israël a rehaussé son taux directeur d’un demi point mardi en le fixant à 1,25 %, alors que les économistes du pays renforcent leur lutte contre une inflation endémique et des coûts du logement qui ne cessent de grimper au sein de l’État juif.
Cette hausse du taux d’intérêt survient quelques mois après une première augmentation – il était alors passé de 0,35 % à 0,75 %, un pourcentage plus élevé que cela n’avait été prévu initialement. De nombreux observateurs s’attendent dorénavant à le voir atteindre les 2 %.
Cette initiative va encore faire augmenter les versements relatifs aux prêts hypothécaires à taux variable, et tout particulièrement les prix du logement déjà élevés qui ont connu une hausse d’environ 15 % dans l’année qui vient de s’écouler – l’augmentation la plus importante en une décennie.
Cette hausse suit une autre qui avait été décidée au mois d’avril et qui avait fait passer le taux d’intérêt qui était alors historiquement bas, à 0,1 %, à 0,35 % après l’initiative prise par la Banque de maintenir un taux minimal pendant toute la pandémie de COVID-19. Cela avait été la toute première augmentation du taux depuis le mois de novembre 2018.
Au mois de février, la Banque centrale avait indiqué qu’elle recommencerait à augmenter graduellement son taux d’intérêt, citant les performances économiques fortes du pays parallèlement à la pandémie et des indications laissant entrevoir « une activité forte continue » – dans un contexte marqué par une crise énergétique croissante entraînée par la guerre menée par la Russie en Ukraine, par un ralentissement des activités économiques en Chine en raison de l’essor du taux de morbidité entraîné par un rebond de l’épidémie de coronavirus et marqué aussi par les perturbations de la chaîne de production globale.
Ces taux plus élevés visent à restreindre les flux d’argent en rendant l’emprunt moins attractif, en amortissant les demandes des consommateurs et en allégeant les pressions exercées par l’inflation qui sont causées par une pénurie de produits ou une surabondance de liquidités.
Selon la Banque centrale, l’inflation au sein de l’État juif, au cours des deux derniers mois, a atteint les 4,1 % et les estimations laissent penser qu’elle pourrait s’élever à 4,5 % en 2022 avant de retomber à 2,4 %, l’année prochaine. Ces chiffres sont plus élevés que les fourchettes supérieures de 3 % en 2022 et de 2 % en 2023 qui avaient été envisagés par la Banque au mois de janvier.
La Banque a remarqué, malgré tout, que les autres économies développées affichaient des taux encore plus importants. Aux États-Unis, l’inflation est de 8,6 %, selon des chiffres qui ont été rendus publics au mois de mai.
Selon des chiffres qui ont été publiés au mois de juin, l’Indice des prix à la consommation, qui mesure l’inflation en suivant le prix moyen des produits utilisés dans les foyers, a augmenté de 0,6 % au mois de mai – se trouvant légèrement en-dessous des prédictions faites par les économistes qui étaient de 0,7-0,8 %. Les prix ont augmenté de 2,8 % depuis le début de l’année 2022.
« Nous sommes dans une période complexe où des processus importants sont en train de se dérouler, que ce soit dans l’économie locale ou dans l’économie mondiale », a commenté lors d’une conférence de presse organisée mardi le chef de la Banque d’Israël, Amir Yaron.
« Notre rôle principal est de ramener l’inflation dans la fourchette que nous avions visée tout en conservant au niveau le plus optimal possible les activités économiques », a-t-il ajouté.
Sur le marché de l’emploi israélien, la Banque a fait savoir que le taux de chômage était revenu à son niveau antérieur à la pandémie, tout en soulignant une pénurie continue d’employés, ce qui restreint le bon fonctionnement des entreprises dans la majorité des industries du pays.
« Le marché du travail continue à être serré », a expliqué Yaron, « en particulier dans les industries où la demande d’employés est forte » – comme c’est le cas, par exemple, du secteur high-tech. Un facteur qui a également un impact sur l’inflation, a-t-il noté.
Tandis que des manifestations sur le prix du logement ont fait une nouvelle fois descendre les Israéliens dans les rues, la Banque centrale a confirmé que les prix du logement avaient grimpé en flèche au cours de l’année passée, avec une hausse de plus de 15%, « un taux qui est significativement plus élevé que ces dernières années ». Il a néanmoins ajouté que les chiffres montraient dorénavant des signes de baisse.
Si la Banque a estimé que l’économie israélienne continuait sa croissance, elle a mis en garde contre « un possible ralentissement des activités économiques mondiales face aux effets de la guerre en Ukraine, du ralentissement des activités de fabrication en Chine et de l’incertitude politique en Israël, qui pourrait avoir un impact négatif sur les activités de l’économie ».
La Banque a prévu que le PIB croîtrait à un taux de 5 % en 2022 et de 3,5 % en 2023 – ce qui est plus bas que les projections faites au mois de février qui étaient de 5,5% en 2022 et de 5 % en 2023. L’État juif avait connu une croissance vertigineuse de 8,1 % en 2021 – cela avait été la plus forte depuis l’an 2000, où elle avait été de 8,4 %.
Même si ce taux de croissance pour 2022 est « légèrement plus lent » que prévu, Yaron a indiqué qu’il correspond « absolument » à « une croissance reflétant un fort niveau d’activités économiques ».
L’économie israélienne, a ajouté le haut-responsable, « a une position forte à de nombreux égards. La croissance est élevée, le marché de l’emploi est serré, le déficit gouvernemental est bas, les revenus fiscaux s’élèvent et les entreprises continuent à faire part d’une amélioration de leur situation ».
Sur une note moins positive, le nouveau vote national – qui doit avoir lieu en date du 1er novembre – marque « un environnement marqué par l’incertitude politique » qui n’est « pas favorable à l’économie ».
Mais l’économie israélienne « a démontré sa capacité impressionnante à continuer sa croissance et à prospérer à court-terme, même dans des conditions d’incertitude », a-t-il noté.
Yaron a déclaré que pour garantir sa croissance économique future, Israël devait faire preuve de responsabilité au niveau fiscal et que la prochaine Knesset devrait finaliser un budget de l’État « dès son arrivée à ses fonctions, tout en faisant avancer les réformes et les investissements nécessaires ».
Ces propos ont fait écho à un discours qu’il avait prononcé lors d’une conférence économique à Jérusalem, le mois dernier, au cours duquel il avait déclaré que le budget national « est une tâche économique de premier ordre pour un gouvernement, quel qu’il soit – et il est vital pour la mise en place continue des réformes économiques qui sont déterminantes pour accélérer la croissance et rehausser le niveau de vie ».