Le voile intégral est désormais interdit dans l’espace public en Suisse
La décision prise par 51,21 % de la population par référendum en 2021 d'interdire tout vêtement recouvrant le visage s'applique à partir du 1er janvier 2025 à l'ensemble du territoire
Une loi interdisant le port de tout vêtement couvrant le visage dans l’espace public – dont la burqa ou tout voile islamique intégral – est officiellement entrée en application en Suisse le 1er janvier 2025.
Auparavant, cette mesure n’était appliquée que dans deux cantons de la Confédération helvétique : le canton germanophone de Saint-Gall et le Tessin italophone.
La décision concerne également les masques portés par les supporters de football susceptibles de recouvrir l’ensemble du visage. La violation de l’interdiction est passible d’une amende de 100 à 1 000 francs suisses, selon le journal tunisien La Presse.
Cette nouvelle loi fait suite à un référendum de 2021 qui a donné une courte majorité en faveur de l’interdiction de se dissimuler le visage. À l’époque, il s’agissait pour les partisans de la législation d’un signal contre l’islam radical, et d’une initiative xénophobe et sexiste pour les autres.
Le texte, initialement proposé par le parti populiste de droite Union Démocratique du Centre (UDC), avait obtenu 51,21 % des voix et une majorité de cantons, selon les résultats officiels publiés par le gouvernement fédéral.
Il avait été soutenu par des féministes et une partie des électeurs de la gauche laïque.
« Nous nous réjouissons. Nous ne voulons pas qu’il y ait un islam radical dans notre pays », avait lancé le président de l’UDC Suisse, Marco Chiesa, sur la chaîne Blick.tv.
Le texte n’évoque de façon explicite ni la burqa – une large pièce de tissu qui couvre de la tête aux pieds et munie d’une fente grillagée à hauteur des yeux – ni le niqab, qui couvre entièrement le corps et le visage à l’exception des yeux, mais les affiches de campagne ne laissaient pas de doute sur l’objet du referendum.
En votant contre le port du voile intégral dans l’espace public, la Suisse avait rejoint la France, l’Autriche, la Bulgarie, la Belgique et le Danemark, après des années de débat.
Selon les opposants au texte en 2021, le port du voile intégral n’était pas un sujet en Suisse, où on estime à quelques dizaines les femmes ainsi vêtues, en général des converties. Ce sont surtout des riches touristes que l’on voit ainsi vêtues fréquenter les boutiques chics de Genève ou Zürich.
Ce résultat, « c’est un immense soulagement », avait déclaré Mohamed Hamdaoui, député au Grand Conseil bernois et fondateur de la campagne « À visage découvert » à l’agence ATS. « Ce vote est révélateur d’une prise de conscience », selon ce membre du PS, qui se revendique musulman laïc. C’était « l’occasion de dire stop à l’islamisme » et pas « aux musulmans, qui ont évidemment toute leur place dans ce pays », avait-il souligné.
« L’interdiction du voile intégral n’est pas une mesure visant la libération des femmes. Il s’agit au contraire d’une dangereuse politique symbolique qui viole la liberté d’expression et de religion », accuse Cyrielle Huguenot, responsable des droits des femmes à Amnesty International Suisse, citée dans un communiqué.
Selon les chiffres de l’Office fédéral des statistiques de 2022, environ 5,9 % de la population suisse est musulmane, essentiellement avec des racines en ex-Yougoslavie, où cette tradition vestimentaire est absente.