L’Eglise de France ne choisit pas entre les vainqueurs du 1er tour
A l'instar de l'Eglise, le groupe Sens commun et le patron du Parti chrétien démocrate ne choisissent ni Macron, ni Le Pen
La Conférence des évêques de France a appelé dimanche soir à « construire une société plus juste, plus fraternelle dans ses diversités et plus respectueuse de chacun », après la qualification pour le second tour de la présidentielle d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
L’Eglise de France « n’appelle pas à voter pour l’un ou l’autre candidat mais, en rappelant les enjeux de l’élection, elle souhaite donner à chacun des éléments pour son discernement propre ».
Dans un communiqué, Mgr Olivier Ribadeau Dumas, porte-parole de la Conférence des évêques, appelle à « un véritable pacte éducatif ». Il estime que c’est « en soutenant la famille, tissu nourricier de la société, en respectant les liens de filiation, que l’on fera progresser la cohésion sociale ».
L’Eglise de France soutient également « la mise en oeuvre de moyens de solidarité efficaces » et appelle à « mettre en oeuvre concrètement sa préoccupation des plus pauvres, des personnes âgées, des personnes handicapées, des chômeurs ».
A propos des migrants, elle déclare que « l’accroissement du phénomène migratoire, dû à de nombreux facteurs, est un constat, pas un combat ». « Quand certains pays accueillent des millions de réfugiés, comment notre pays pourrait-il reculer devant la perspective d’accueillir et d’intégrer quelques dizaines de milliers de ces victimes ? »
Estimant qu' »aujourd’hui, le risque principal serait de renoncer à lutter pour l’avenir et de céder à la tentation », elle estime que « notre foi chrétienne nous appelle à l’espérance ».
Sens commun refuse de choisir pour le second tour entre Macron et Le Pen
Sens commun, le mouvement lié à la « Manif pour tous » qui avait apporté son soutien au candidat de la droite François Fillon, ne donne pas de consigne de vote pour le second tour de l’élection présidentielle qui opposera Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
« Comment choisir entre le chaos porté par Marine Le Pen et le pourrissement politique d’Emmanuel Macron? » a estimé dimanche le président de Sens commun, Christophe Billan, dans un entretien à l’hebdomadaire Famille chrétienne sur internet.
« Nous mesurons pleinement le danger que comportent ces deux dernières options », mais elles « m’apparaissent délétères », a-t-il souligné, évoquant « d’un côté, le régime étatiste de Marine Le Pen, de l’autre, la déconstruction irréaliste d’Emmanuel Macron ».
Issu de la ‘Manif pour tous’, qui a contesté la loi autorisant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe en 2013, Sens commun laissera « à chacun sa liberté de conscience ».
Pour les législatives, le mouvement qui revendique actuellement quelque 10.000 adhérents, exhorte la droite à ne « pas participer pas à une pseudo majorité présidentielle, qui serait un piège » à ses yeux. « Nous avons 7 candidats Sens Commun. Il faut un maximum d’élus pour former une opposition qui pourrait devenir majoritaire », selon M. Billan.
Soutenu par Sens Commun, François Fillon a, lui, annoncé qu’il voterait pour Emmanuel Macron au motif qu’il n’y a « pas d’autre choix face à l’extrême droite », immédiatement après avoir reconnu sa défaite.
Poisson ne soutient ni Macron ni Le Pen
Le patron du Parti chrétien démocrate (PCD), Jean-Frédéric Poisson, battu lors de la primaire de la droite, a dit dimanche soir ne soutenir ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen, en vue du second tour de l’élection présidentielle.
Le PCD considère que « l’alternative entre la France bloquée de Marine Le Pen et la France dérégulée d’Emmanuel Macron n’est pas un choix », selon un communiqué du parti, estimant qu’il s’agit de « deux reniements égaux du modèle et de la tradition de la France ».
Le parti de M. Poisson « ne peut se résoudre à confier le pouvoir ni à ceux qui veulent prendre le risque insensé de couper la France du monde, ni à ceux qui veulent la voir désintégrée dans un grand tout uniformisé, régi pas les seules lois du marché ».
« Le PCD ne peut soutenir ni l’un ni l’autre de ces candidats et invite les Français à choisir en conscience, sans se soumettre à aucune pression ou chantage moral », a ajouté le PCD.
Dans son communiqué, le parti du candidat défait dès le premier tour de la primaire de la droite en novembre, est particulièrement dur pour Emmanuel Macron, qualifié de « héraut du libéralisme libertaire et (de) fils spirituel de François Hollande, avec l’expérience et la majorité parlementaire en moins ».