L’Église roumaine propose la canonisation de trois figures antisémites
Le patriarcat de Bucarest maintient sa position malgré la protestation des spécialistes de la Shoah
L’Église de Roumanie vient d’approuver la canonisation d’une liste de seize personnalités contemporaines. Parmi elles se trouvent trois théologiens au passé trouble : Dumitru Stăniloae, Ilarion Felea et Ilie Lăcătușu. Selon les spécialistes de l’Institut national Elie Wiesel des études sur la Shoah en Roumanie, ces trois hommes d’église ont soutenu les légions fascistes au pouvoir dans le pays entre 1940 et 1941.
La décision de canonisation est ainsi contestée, alors que les responsables et décisions de l’Église orthodoxe servent de modèles et de normes pour les populations chrétiennes.
Le régime du dictateur fasciste Ion Antonescu, avec l’aide du parti nationaliste de la Garde de fer, a mené une politique particulièrement antisémite. Mais, en janvier 1941, les « légionnaires » de la Garde de fer se sont révoltés, jugeant le régime trop modéré, menant alors le pogrom de Bucarest, qui a fait 125 victimes juives.
L’Institut national Elie Wiesel relève ainsi les liens entre ces théologiens et les « légionnaires » de la Garde de fer. Ilarion Felea était à la tête d’un « Nid », nom des filiales locales du parti, à l’Académie théologique d’Arad dans l’ouest de la Roumanie. Ilie Lăcătușu a lui participé au pogrom de Bucarest. Quant à Dumitru Stăniloae, il était un propagandiste antisémite au service des légionnaires et de l’Allemagne nazie.
Selon le site Othodoxie.com, les reliques de ce dernier, Dumitru Stăniloae, ont été exhumées au cimetière du monastère de Cernica, dans la banlieue de Bucarest de Pantelimon, lundi.
Pour justifier sa décision de canonisation, le Patriarcat de Bucarest explique prendre en compte « le changement de vie du pécheur et surtout le comportement de l’individu à la fin ». Pourtant, aucune étude historique ne démontre un quelconque repentir de leur part pour leur comportement pendant la Shoah.
Le clergé bénéficie d’une grande popularité dans le pays, chrétien à 90 %, en raison de la persécution subie sous le régime communiste de Ceaușescu après la guerre, et ce, malgré sa proximité avec des mouvements extrémistes.