Décès de l’éminent politologue et diplomate Shlomo Avineri à 90 ans
Connu pour ses recherches sur Marx, Hegelil aura été, entre autres, directeur-général du ministère des Affaires étrangères et a remporté le Prix d'Israël en 1996
Le politologue de renommée mondiale, diplomate chevronné et lauréat du prix Israël Shlomo Avineri est décédé vendredi, à l’âge de 90 ans.
Avineri était un éminent professeur de l’Université hébraïque de Jérusalem et un ancien directeur-général du ministère des Affaires étrangères d’Israël de 1975 à 1977, date à laquelle il avait démissionné suite à la victoire du parti Likud sous Menachem Begin.
Il était connu pour ses recherches sur Karl Marx et Georg Wilhelm Friedrich Hegel.
« Pendant six décennies, il a été un maître de conférences vénéré à l’Université hébraïque et un chercheur invité dans les institutions de recherche les plus respectées au monde », a déclaré l’Université hébraïque dans un communiqué.
« Le monde universitaire israélien dit aujourd’hui au revoir à l’un des géants de la pensée politique en Israël et dans le monde. »
Né en Pologne en 1933, sa famille avait immigré en Israël en 1939.
Il avait étudié à l’Université hébraïque et y avait obtenu son doctorat. Il avait également fréquenté la London School of Economics.
Avineri a occupé plusieurs postes universitaires de haut niveau au cours de sa vie, notamment celui de chef du Département des sciences politiques de l’Université hébraïque, de directeur de l’Institut Levi Eshkol de l’université, de diacre de la Faculté des sciences sociales et de directeur du Centre d’études européennes, en plus de nominations dans des universités à l’étranger.
Il a publié 10 livres au cours de sa carrière. En 2013, il avait écrit la première biographie depuis plusieurs décennies sur le fondateur du sionisme politique, Theodore Herzl, intitulée Theodor Herzl and the Foundation of the Jewish State (« Theodor Herzl et la fondation de l’État juif »).
Le livre soutient que Herzl n’a pas été incité à diriger le mouvement national en raison de la montée de l’antisémitisme et de l’affaire Dreyfus, mais par des luttes politiques internes entre les mouvements nationaux au sein de son pays natal, l’Autriche.
Avineri a également écrit des essais et a souvent contribué au quotidien Haaretz.
Après la chute de l’Union soviétique, Avineri a été membre de la délégation internationale qui a supervisé les élections démocratiques et surveillé la transition vers la démocratie en Europe de l’Est, de 1991 à 1994.
En 1996, il a remporté le prestigieux Prix Israël en sciences politiques.
Avineri avait déclaré faire partie des Israéliens qui ne savaient pas comment résoudre le conflit israélo-palestinien et a critiqué les deux parties pour les échecs du processus de paix.
« Je fais partie de ceux qui ont beaucoup de critiques sur la politique israélienne dans les Territoires », avait déclaré Avineri lors d’un entretien avec l’Institut Hartman.
« Mais il est impossible d’ignorer que de l’autre côté, les Palestiniens, n’ont pas de voix sérieuse qui dise : ‘Nous avons fait une erreur en 1948 ; nous devions présenter le plan de partage au peuple, que les Juifs avaient accepté' », avait-il déclaré, faisant référence au rejet par les Arabes du plan de partage de l’ONU.
Il avait ajouté qu’Israël devrait prendre en considération le récit de la Nakba – un mot arabe signifiant catastrophe, utilisé pour décrire la fondation de l’État d’Israël ainsi que la fuite et l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens pendant la Guerre d’Indépendance de 1948.
« Mais (…), je demande aussi que la partie palestinienne dise que cette erreur n’était pas seulement qu’ils n’ont pas gagné, mais le fait même qu’ils avaient entrepris d’éliminer l’État d’Israël », avait-il déclaré.
Avineri était marié à Me Deborah Nadler, décédée l’année dernière, et était le père de Maayan Avineri-Rebhun, secrétaire académique au Centre Zalman Shazar pour l’Histoire juive.